HOMÉLIE 4ème Dimanche Carême C - Luc 15, 1-32.
6 Mars 2016
Le Père prodigue
Quel est ce père qui accepte de donner son héritage à un fils qui veut le quitter et qui sans doute ne reviendra jamais ? D’habitude, un héritage, çà se reçoit quand le père est mort ! Mais ici, il est bien vivant !
Ce père a deux fils, aux caractères diamétralement opposés mais qui ont un point commun : l’un comme l’autre n’ont guère de véritable amour pour lui. Le cadet est égoïste et jouisseur : s’il revient, c’est pour une motivation terre à terre : trouver à manger. L’aîné est l’enfant sage, fier de sa bonne conduite, jaloux : il n’a avec son père qu’une relation de « donnant- donnant ».
Que va faire ce père ?
Au cadet, il le laisse partir, faire son expérience mais l’attend. Lorsqu’il revient, il est saisi aux entrailles et le rétablit comme fils dans ses droits : ce pardon ouvre la porte de la vie, fait entrer dans le mystère de l’amour total. Le cadet devient libre, parce qu’il fait l’expérience de la gratuité de l’amour, le passage de la mort à la vie : « Mon fils que voila était mort et il est revenu à la vie ! »
Au fils ainé, le père manifeste tout autant sa tendresse : il sort à sa rencontre, il veut le délivrer de son attitude servile et utilitaire qui lui vaut de revendiquer des droits, mais aussi, d’être effroyablement jaloux, coléreux et enfermé sur lui-même : « Toi mon enfant, tu es toujours avec moi ! Et tout ce qui est à moi est à toi ! »
Ce père incroyable, c’est Dieu Lui-même. C’est Jésus, son Fils qui nous en parle parce que seul Lui Le connaît bien.
Il nous le présente ainsi parce que dans notre cœur ou dans notre tête, nous avons bien souvent des images de Dieu à la ressemblance de ce que nous voyons chez les hommes. Dieu nous “juge” ; Dieu nous “punit”. Ce sont des images fausses du Dieu de Jésus. Ce n’est pas compliqué : Dieu est comme Jésus. D’ailleurs, un jour, un des ses disciples, Philippe, lui demande : « Montre-nous le Père et cela nous serons suffit ! – Jésus lui dit : “Il y a si longtemps que Je suis avec vous et tu ne me connais pas, Philippe ? Celui qui m’a vu a vu le Père… » Jn 14, 8-9.
Ce Dieu, n’est-Il pas le Père "Prodigue" , qui rend à chacun dignité et liberté : par sa parole, par son regard, son émotion. Il nous l’a révélé par son Fils « qui est sorti » pour être « identifié au péché des hommes », donner sa vie et nous faire entrer dans sa maison, réconciliés avec Lui, avec nos frères et avec nous-mêmes.
Qui ne se retrouvera pas, peu ou prou, dans ces portraits des fils ? L’aîné apparemment vertueux, fidèle mais à l’étroit, aliéné. Le cadet, tout autant aliéné, égoïste, jouisseur, se perdant dans ses désirs jamais satisfaits. Mais Dieu ne leur en tient pas rigueur. Il veut retrouver ses enfants et qu’ils vivent ! Il ne cesse de leur ouvrir ses bras.
Oui, en cette période de scrutin qui achemine les catéchumènes vers le Baptême, nous pouvons en toute confiance professer notre foi en ce Dieu tout-puissant, mais de la seule toute-puissance de l’Amour et nous entendre dire chacun : « Toi mon enfant… ! ». Répondons à cet appel pressant et affectueux ; retrouvons la joie de Lui ouvrir nos cœurs pour entrer dans son amour gratuit et sans mesure pour « être toujours avec eux, Père, Fils et Esprit Saint ».
AMEN !
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