HOMELIE 4° Dimanche de Pâques.Année A. Jn 10,1-10
Jésus, la Porte
Ce quatrième
Dimanche de Pâques est traditionnellement appelé le “Dimanche du Bon Pasteur”
et l’Eglise nous invite tout particulièrement à prier pour que Dieu suscite des
vocations de pasteurs.
Dans l’Evangile
d’aujourd’hui, voyant que les pharisiens ne comprenaient pas l’image du Bon
Pasteur, Jésus propose une autre image : celle de la
Porte. En effet, les
portes, dans l’espace du culte du Temple de Jérusalem, avaient une grande
importance. On accédait à la présence divine par une série de parvis gardés par
des portes. Il y avait le parvis des païens où tout le monde pouvait se rendre
pour prier ; puis, franchissant un mur qui ceinturait l’espace du Temple,
on entrait, au centre, par la “Belle Porte”, sur le parvis des femmes : une
inscription en hébreu, en grec et en latin prévenait que tout non-juif serait
mis à mort s’il franchissait cette porte. Puis, gravissant un
escalier, on entrait par la porte de Nikanor dans le parvis des hommes qui
entourait la cour des prêtres et des lévites, au-dessus duquel se trouvait
l’autel des sacrifices. Alors, les prêtres seuls accédaient à l’édifice par une
première salle, le vestibule puis le “Saint”, séparé par un double rideau du
“Saint des Saints”, où seul le grand
prêtre au jour de Kippour, pouvait entrer, car il était le lieu par excellence de la présence divine. Tout cela
certes, soulignait le caractère de
sainteté absolue de Dieu, mais en même temps le rendait inaccessible à bien
des catégories de gens et, d’une certaine manière, les excluait.
Jésus ne
l’entend pas ainsi. Avec nombre de prophètes, de patriarches et de matriarches,
Il vient révéler un Dieu qui libère
l’homme de tous ses enfermements et exclusions. Aux marchands qui se sont
installés sur le parvis des païens, Il s’adresse à eux avec virulence en leur
disant : "N'est-il pas écrit: Ma maison sera appelée une maison de prière
pour toutes les nations? Mais vous, vous en avez fait un repaire de brigands! »
(Mc 11,17). Lorsque Jésus meurt sur la croix, le double rideau du Temple se déchire : la présence de Dieu
est en effet dans Celui qui vient de donner sa vie et ouvre les portes à tous les hommes. Le livre de l’Apocalypse,
qui clôt la Bible, se termine par la vision de la Jérusalem céleste aux douze portes toujours ouvertes,
face aux quatre points cardinaux : l’invitation à rencontrer Dieu
s’adresse à tous les peuples.
C’est par Jésus qui est la porte que l’on
va vers Dieu.
Qui
aujourd’hui sera le signe de Jésus “porte” pour aller vers Dieu ?
Qui ouvrira pour “aller paître sur de verts pâturages” ? Le prêtre reçoit la
triple mission d’ouvrir les esprits et les cœurs à l’enseignement de Jésus, de donner
la vie de Jésus et de son Esprit par les signes qu’Il nous a laissés que
sont les sacrements et enfin d’être “pasteur”
connaissant ses brebis, guidant le troupeau qui lui est confié avec soin vers
de verts pâturages.
Pour ma
part, je suis certain que Dieu appelle, car Il veut sans aucun doute qu’Il y
ait des “pasteurs”, certes bien humains, comme St Pierre, mais qu’Il
envoie, comme Il a envoyé son propre Fils. Mais savons-nous l’entendre, ou
plutôt, donnons-nous aux jeunes et aux moins jeunes les moyens de Lui répondre,
tant d’autres appels nous paraissent plus naturels ? Ou plus sûrs ?
Mais qui est vraiment sûr aujourd’hui ? N’avons-nous pas tendance, sans
forcément en être conscient ou le vouloir, de fermer des portes à ces jeunes, qui ne peuvent qu’entendre un appel
trop faible et couvert par d’autres
propos : mise en garde devant la difficulté du sacerdoce, et en
particulier, allusions aux récents scandales qui ont été révélés chez quelques
prêtres; présentation d’un bonheur plus accessible dans l’amour humain et la
formation d’une famille qui apportera la joie d’une descendance ; préférence dans l’attrait des biens de ce
monde.
Notre amour de Dieu ne
serait-il pas tout simplement tiède ? Jésus est-il vraiment pour nous porte qui nous conduit au Père ?
Est-il si difficile de vivre avec Lui dans la force et la joie d’aimer comme
Lui ?
C’est plutôt une
chance et un grand bonheur, et que de frères et sœurs ne sont-ils pas
donnés à celui qui répond à son appel !
Alors, prions pour que les portes soient bien ouvertes afin que tous
ceux qui sont appelés puissent répondre pour le bien de tous et la plus grande
gloire de Dieu.
AMEN !
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