HOMELIE 13ème
Dimanche Ordinaire C. Lc 9,51-62
30 Juin 2019
L’évangile
de ce 13° dimanche peut paraître un peu
déconcertant pour célébrer les ordinations de 9prêtres et d1 diacre. Voyons de
plus près.
Jésus monte résolument à Jérusalem avec ses disciples :
il est même écrit qu’Il "durcit sa face". C’est dire sa
détermination. Ses jours sont comptés. Les samaritains, en rivalité avec les
juifs de Jérusalem, leur refusent l’hospitalité. Les disciples, Jacques et
Jean, en appellent à une terrible sanction inspirée par un épisode de la vie du
prophète Élie (2 R 1,9) qui justifie le surnom que Jésus leur avait
donné : "fils du tonnerre" (Mc 3,17). Jésus les réprimande vivement.
Alors
se déroule une rencontre sympathique avec un homme déterminé à suivre
Jésus : réponse de Jésus, qui a de quoi le refroidir sur les conditions de
vie concrète : « Il n’a pas où reposer la tête »
Suit
un appel que Jésus adresse à un autre homme : mais devant sa demande
légitime et filiale d’aller enterrer son père, la réponse de Jésus est
cinglante; “Laisse les morts enterrer leurs morts. Toi, va annoncer le Règne de
Dieu”.
Enfin,
le dernier homme qui veut le suivre, bien disposé, mais attaché aux siens, se
voit appelé à une autre disposition
nécessaire : « Ne pas regarder en arrière ! »
De
quoi décourager des vocations !
Pourquoi
ce comportement si exigeant de Jésus ?
Il annonce le Royaume de Dieu qui est
proche et ce Royaume fait entrer dans une vie nouvelle. Certes elle ne
va pas sans lutte et c’est pourquoi, c’est un combat à mort qu’Il va livrer à
Jérusalem d’où surgira la vie nouvelle de la résurrection. C’est une tellement
bonne nouvelle que plus rien d’autre ne l’emporte désormais, pas même le bien
précieux qu’est l’amour d’un fils pour son père. « Laisse les morts enterrer
leurs morts » devient alors une façon d’exprimer cette
conviction : il n’est plus temps de s’occuper des morts puisque Dieu vient
offrir une vie nouvelle. Il y a
urgence absolue à mettre ses forces pour qu’advienne le Règne de Dieu. Les
propos de Jésus n’ont pas pour but d’empêcher le disciple d’aller enterrer son
père, mais de lui annoncer, par une image forte, que le Règne de Dieu vient
balayer la mort. Etre son disciple,
c’est croire en cette vie nouvelle et ne pas se laisser enfermer par la mort.
Mais
Jésus également donne un double sens au mot « les morts ». Le mot désigne d’abord ceux qui sont morts
physiquement.
Puis il désigne ceux qui sont morts spirituellement, ceux qui n’ont pas trouvé la vie du
Règne de Dieu ou la refusent. Suivre
Jésus qui est la Vie, c’est appartenir à la vie véritable et renoncer à
s’attacher aux choses périssables. « Pour toi, semble dire Jésus à
cet homme qu’il a appelé, va-t’en annoncer le Règne de Dieu »
Va-t’en dispenser la Vie et « ne cherche pas parmi les morts Celui qui est
Vivant » Lc 24,5 et qui donne la Vie.
Les
deux autres conditions pour suivre Jésus (ne
pas avoir d’endroit où reposer sa tête…Faire ses adieux aux gens de sa maison…)
vont dans le sens de cette annonce
du Règne de Dieu et des ruptures nécessaires avec le passé, les ancêtres, les
racines, le confort bien naturel d’une vie même simple.
Cependant,
la vie chrétienne n’est pas à côté de la
vie. Jésus nous laisse redéfinir
notre relation à nos parents, à notre passé, à tout ce qui fait notre vie.
Seulement ce nouveau réseau de relations ne sera plus déterminé par des
comportements inconscients et stéréotypés, des hérédités contraignantes ou des
nécessités sociales, mais deviendra l’expression de notre liberté, de notre
affection pour Jésus et de notre responsabilité, animées par la présence de
Dieu Lui-même. Être disciple de Jésus, c’est
finalement aimer autrement mieux, en particulier sa famille.
Très sincèrement, avec le
recul,
je peux
témoigner que l’appel du Seigneur auquel j’ai
répondu m’a permis d’apprendre à aimer de mon mieux les personnes qui m’ont été
confiées sans perdre l’affection de ma famille qui m’a compris et soutenu tout
du long. En ces jours où plusieurs
jeunes seront ordonnés prêtres au service de leurs frères, (123 en France, 9 pour le diocèse), remercions le Seigneur de
les avoir appelés et prions pour eux qui ont répondu à cet appel : que
d’autres jeunes ne craignent pas de se mettre en route : eux et leurs
familles ne seront pas déçus: ils en seront profondément heureux !
AMEN !
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