HOMELIE FÊTE de la TRINITE – 16 Juin 2019
Pourquoi les théologiens ont-ils inventé ce nom de "Trinité",
pour parler de Dieu ?
Depuis ses
débuts, l’Église a été amenée à préciser ce en quoi elle croit. Pour parler de
Dieu, il ne s’agissait pas de retomber dans la présentation d’une trilogie de
divinités païennes que la vie civile et religieuse romaine allaient abandonner
en même temps que l’empereur Constantin, vers 313, (Édit de Milan). Il
s’agissait d’abord de garder la fidélité à la Révélation, transmise dans la
Sainte Écriture : Dieu est Un,
grande affirmation de la foi juive que Jésus n’a pas démentie, mais au
contraire proclamée : “Écoute Israël ! Le Seigneur notre
Dieu est le Seigneur Un” Dt 6,4) Mais il fallait aussi tenir compte de la venue dans l’Histoire de
Jésus, Christ et Seigneur, et de l’Esprit Saint de Dieu, qui se répandait sur
toute la terre et tous les peuples. Oui Dieu est UN, mais s’Il est l’Amour,
comment peut-Il rester seul ? Si
Dieu est Amour, Il n’est pas solitaire mais Il n’est pas non plus divisé.
Au 3ème siècle, l’Église a dû forger un nouveau nom, pour rendre compte de
cette réalité révélée de Dieu. Et c’est la proposition faite par les Pères de l’Église d’introduire, au cœur même de l’intimité de Dieu, la notion de “personne”,
qui est un être unique, capable de relations, distinct des autres, de même
nature qu’eux: Une seule nature divine, en trois personnes distinctes, unies
par un Amour infini … Ils ont alors
créé un nouveau mot : Tri-Unitas, qui signifie “Unité de Trois”.
Elle fait partie d’un des trois grands mystères de notre foi :
Incarnation, Rédemption et Trinité. C’est à dire que nous n’aurons jamais fini de comprendre qui est Dieu.
Alors, pourquoi se casser la tête ?
Eh bien je pense que ça vaut le coup de s’arrêter un instant sur
cette proposition de foi en Dieu. L’idée que nous pouvons nous faire d’un dieu
seul peut être enfermée dans une définition, une conception, que nous pouvons
alors nous approprier et qui peut devenir vite oppressante, exclusive : "Dieu
de justice", "Dieu tout-puissant", "Dieu très grand" :
"Allah kbar" ! Ces définitions expriment souvent nos limites que
nous voudrions dépasser : elles en font un dieu, forcément “avec nous”, "de
notre côté". Avec Dieu Trinité, nous avons un "Dieu Trois
personnes" unies dans une relation d’amour incessante qui nous empêche de
l’enfermer dans une idéologie quelconque, car Il est un courant de Vie.
De plus, si nous prenons au sérieux les premières paroles de la
Bible qui présente la création de l’homme : « Dieu créa l’homme
à son image, à l’image de Dieu Il le créa, mâle et femelle Il les créa »
(Gn 1,27). Il existe en l’homme et la femme, inscrit dans leur nature, cette
nécessité de vivre en relation aux autres, différents mais semblables, dans
l’amour, sans lequel il ne peut y avoir de vrai bonheur. La Trinité Sainte,
loin d’être une simple notion théologique, est ce “Dieu tendre et miséricordieux” déjà
révélé à Moïse au Sinaï.
Les textes de notre Messe d’aujourd’hui rappellent les trois
caractéristiques trinitaires.
La Sagesse:
elle nous apprend à maîtriser
et soumettre autant qu’il est possible, l’univers pour le bien de tous. Nous
sommes coresponsables de la Création avec le Père, “Créateur
du ciel et de la terre”. Lire l’encyclique du pape François
« Laudato si… » « Loué
sois-Tu… »
L’Esprit Saint
nous guide par les Paroles du Fils et du Père pour nous conduire aux situations
vraies, aux échanges riches qui permettent la communion (Jn 16,12-15). Il nous
rend capables de vivre des relations d’amour désintéressées, des relations qui
ne soient ni dépendance, ni domination blessante. Il nous rend libres.
Enfin, “par le Seigneur Jésus-Christ, nous avons
accès au monde de la grâce” qui donne la force au travers des épreuves “nous
conduisant à la persévérance, la valeur éprouvée et l’espérance qui ne trompe
pas” (Rm 5, 5).
Oui, "Dieu Trinité" est toute entière puissance
d’amour créatrice et productrice. Les
trois personnes nous invitent à entrer dans leur intimité par la grâce du
“Baptême d’eau” en leurs Noms. Si bien que nous pouvons les prier l’une ou
l’autre, selon nos sensibilités, la nature de notre prière ou l’évolution de
notre foi. Il n’y a ni rivalité, ni jalousie entre elles. Elles nous apprennent
la communion entre nous. Comme chacune de ces personnes, il faut avoir un cœur
humble et accueillant, capable de “plonger” (sens du mot “baptême”) dans ce
courant d’amour infini. Ces dispositions de cœur et d’esprit, nous les demandons
pour nous-mêmes, pour nos proches, notre communauté paroissiale et toute l’Église et pour le monde entier. AMEN !
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