HOMELIE de PENTECÔTE – Jn 14,15-16.23b-26
9 Juin 2019
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« Je
prierai le Père, et Il vous donnera un autre Défenseur qui sera toujours avec
vous : l’Esprit de Vérité» Jn 14, 16
Jésus va demander à son Père un autre Défenseur pour ses
disciples. C’est donc que Jésus a été le premier Défenseur de ses Apôtres.
Contre quoi les a-t-Il défendus ? Contre quoi nous
défend-t-Il aujourd’hui encore ? Contre de fausses représentations de
Dieu. Il leur a fait découvrir Dieu comme un Père et leur a enseigné la véritable relation à ce Père, pour
éviter qu’ils le soupçonnent de ne pas les aimer, de les laisser à la merci de
leurs tentations de possession, de
volonté de puissance, de leurs propres violences et de celles du monde ;
souvent de leurs peurs, de leurs angoisses même ; bref de les laisser
orphelins, livrés à eux-mêmes.
Mais pour rester fidèles à ces commandements (qu’on pourrait traduire
par « recommandations, prescriptions» comme celles d’un médecin) de quel autre Défenseur ont-ils
besoin ? D’un Défenseur qui assure la continuité de ce que Jésus faisait,
pour que, comme Paul l’exprimait dans sa lettre aux Romains, (qui nous a été
donnée en deuxième lecture), les disciples ne retournent pas « sous
l’emprise de la chair ».
Que signifie cette
expression ? Dans la Bible, la chair (sarki en grec) désigne
l’être humain tout entier, corps et âme, dans sa condition terrestre et
fragile, limité, par opposition à l’esprit qui indique l’origine divine ou
céleste. « Le Verbe s’est fait chair » Jn 1,14 signifie
que Dieu entre de façon sensible, "incarnée" dans notre humanité. Sous
l’influence grecque, Paul va opposer la chair à l’esprit : la chair va alors
désigner la pesanteur de l’homme, son attirance vers le mal et sa tendance à y
succomber. Un être sous l’emprise de la chair est un être dominé par ses
instincts désordonnés, ses pulsions, ses fantasmes, ses phobies, qui peuvent
conduire au péché en l’éloignant de la vie de l’Esprit selon Dieu. Esclave de
lui-même et de ses passions qui l’entraînent vers le bas, il ne se laisse pas
libérer par le Christ.
Si donc l’on veut suivre le Christ et rester avec Lui, Il nous
donne cet autre Défenseur qui sera
avec nous pour nous « inspirer »,
« nous souffler » ce qui est bon pour nous et pour les
autres, et nous donnera la force de le réaliser. Sous « l’emprise de l’Esprit », nous serons libres et non plus
esclaves des forces du mal que Jésus a vaincues dans sa chair sur la Croix.
Mais mieux encore, nous pourrons nous comporter
en enfants bien-aimés et nous adresser à Dieu avec les mots même de Jésus.
Nous pourrons lui dire : « Abba !
Père ! » (Et même, si l’on gardait la traduction exacte, on pourrait
dire : « Papa ! »).
A Pentecôte,
c’est toute l’Église qui reçoit l’autre Défenseur. En lisant les Écritures,
elle se souvient des paroles et des actes de Jésus. Elle reçoit la lumière et
le dynamisme symbolisé par les langues
de feu pour faire savoir au monde que Dieu aime tous les peuples ; qu’Il
veut être avec eux comme un Père et qu’Il nous invite à nous conduire comme des
frères, avec cette dignité incomparable
d’enfants bien-aimés.
Exprimons notre dignité par toute notre vie inspirée à tout
instant par l’Esprit du Père et du Fils qui nous a été donné : que nos
cœurs soient remplis de reconnaissance,
AMEN !
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