HOMELIE 30ème
Dimanche du Temps Ordinaire B.
28 Octobre 2018. Mc 10, 46-52
Bartimée, l’aveugle de Jéricho.
Josué
[Jésus et Josué se disent dans la Bible grecque des LXX de la même façon :
Yeoshua, « Dieu sauve »] sort de Jéricho : il a traversé la
ville et il ne s’est rien passé ! Et
pourtant, Jéricho représente le moment fort de l’entrée en Terre Promise, la
première ville conquise par les hébreux arrivant d’Égypte après 40 ans de
désert. Regardons de plus près.
Tandis que les disciples et une foule
nombreuse accompagnent « Jésus de Nazareth », assis au bord du
chemin, se tient un homme qui a perdu la vue, Bartimée. En tant qu’aveugle,
comme s’il avait péché, il est exclu de la vie ordinaire, laissé sur la touche.
Cependant, s’il ne voit pas, il écoute,
en vrai fils d’Israël : « Écoute
Israël… » « Shema Israël… » Deutéronome 6, 4, profession de
foi de base de tout israélite, répétée trois fois par jour. Dans sa nuit,
n’éprouve-t-il pas un manque profond de communication ? Il est de ceux que
désigne la béatitude : « Heureux
ceux qui pleurent, ils seront consolés » (Matthieu 5, 5) que l’on peut
traduire mot à mot : « En marche (levez-vous !)
ceux
qui sont en deuil (et qui donc vivent un manque profond) : ils
auront la Consolation, (c'est-à-dire, le Messie Lui-même) », comme
le vieillard Siméon qui attendait la “Consolation d’Israël” : Luc 2, 25.
Un cri jaillit alors de sa
poitrine : « Jésus, Fils de David, aie pitié de moi ! »
N’est-ce pas là une vraie profession de foi messianique? La foule ne voit en Jésus que le rabbi
guérisseur de Nazareth à qui elle fait honneur. Elle est gênée par les cris de
détresse et d’espoir de cet aveugle. Mais lui, de plus en plus fort, clame sa
profession de foi et son espoir : « Fils de David, aie pitié de
moi ! ». Malgré le brouhaha, Jésus s’arrête : lui aussi
sait écouter. Alors la foule change d’attitude : « Bon ! Courage !
Lève-toi, Il t’appelle ! » Et lui rejetant son manteau, se
libérant du peu qu’il avait, bondit vers Jésus.
« Que veux-tu que je fasse pour
toi ? ». Quelle drôle de
question ! Mais ne traduit-elle pas toute la délicatesse de Jésus qui
demande que nous disions clairement ce que nous désirons, même quand la demande
est on ne peut plus naturelle et humaine ?
« Que je recouvre la vue ! » A comprendre au
premier comme au second degré : voir, jouir de sa vue, et voir le vrai
sens des choses telles que Dieu les voit. « Va, ta foi (cette autre
manière de voir à la façon de Dieu) t’a sauvé ». Elle t’a fait
entrer dans toute la lumière, Bartimée, à tel point qu’à présent, tu veux
suivre ton Sauveur. « Il recouvra la vue et le suivait sur le chemin ».
Jésus quitte Jéricho pour monter à
Jérusalem, cœur de la foi. Il
va y être acclamée par la foule aux cris de : « Hosanna au Fils de David ! »
(Marc 11, 8-10) et les gens jetteront leurs manteaux sur son passage.
Le chemin de
libération du Sauveur commence à Jéricho pour s’achever à Jérusalem, avec,
comme pour héraut et premier sauvé, Bartimée. Ce chemin fait appel à la foi qui
fait entrer dans la Vie.
ü
“Voir” au-delà des apparences, comme Bartimée qui devint son disciple (acolyte
dans le texte) et non comme cette foule « suiveuse » qui
accompagnait Jésus.
ü
Eprouver nos manques pour lui demander de les combler, Lui le Messie, la Consolation
d’Israël, le Fils de David.
ü
Suivre le nouveau Josué, suivre le libérateur, sur la route alors qu’Il monte à Jérusalem
pour passer de ce monde à son Père, de cette terre à la terre promise définitive.
Bartimée : le fils de Timée, dit l’Évangile, mais cela ne nous renseigne pas
beaucoup. Et pourtant, Timée, en araméen, désigne l’impur ; celui qui a péché : Bartimée, le “fils de
l’impur” ; mais en grec, cela signifie : “Le fils très précieux” !
Ne nous invite-t-il pas à une magnifique conversion ?
AMEN !
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