HOMELIE 28ème
Dimanche Ordinaire B. Mc 10, 17-30
14.10.2018
L’Homme
riche
Voici donc la célèbre rencontre de Jésus avec un homme, jeune chez
St Matthieu, notable chez St Luc, les trois évangélistes s’accordant pour
remarquer qu’il était riche. A la question qui semble essentielle à ses yeux :
« Que
dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? » Jésus,
en bon rabbin, comme dimanche dernier, répond par une autre question : « Pourquoi
m’appelles-tu bon ? » Déroutant, n’est-ce pas ; d’autant
plus déroutant que nous savons qu’Il est Dieu et qu’Il semblerait faire
comprendre qu’il n’y a qu’un seul Dieu, et que celui-la seul est bon. Ceux qui
refusent de reconnaître la divinité de Jésus utilisent ce passage comme preuve
donnée par Jésus Lui-même. Eh bien
précisément, Jésus nous révèle quelle est la nature du vrai Dieu : non
pas Celui de nos rêves et de nos imaginations venant combler tous nos désirs ou
nos frustrations, mais Celui qui s’est voulu tellement aimant, proche et
respectueux de la liberté de sa créature, l’homme, qu’Il renonce à sa toute-puissance pour ne lui proposer que son amour
humble, qui accepte même le refus à son appel et n’en demeure pas moins aimant.
Ce faisant, dans ce même passage de l’Evangile, Jésus ne nous révèle-t-il pas
son amour infiniment puissant : « Tout est possible à Dieu »
A aucun moment Il ne
se comporte comme un gourou. En Lui, aucun désir de possession, et c’est
pourquoi, il répond quand même à son interlocuteur en le renvoyant au Décalogue
(les dix Paroles) qu’il connaît bien, en les limitant d’ailleurs à ce que l’on
pourrait qualifier de « loi naturelle ». [Marc ajoute même un
commandement qui n’est pas dans le Décalogue mais qui résume ceux énumérés: « Ne fais de tort à personne ».
Bien utile !]
L’homme riche déclare
les observer tous depuis sa jeunesse, sa Bar Barmitsva, l’âge où il est devenu
« fils d’Israël ».
Alors « Jésus,
après avoir posé son regard sur lui, l’aima » Étonnant !
Comme s’il ne l’aimait pas avant ! Voilà bien la manière de faire du Dieu
Vivant qui attend notre bonne volonté et notre détermination ; partant
d’elle, Il révèle ce qui manque pour accomplir en nous la plénitude de sa
présence. Il manifeste un amour plus personnel. « Une seule chose te
manque… » Que lui manque-t-il ? « Va ! »
(Ne reste pas dans l’état où tu es…) ; « Vends ce que tu as… »
(Dépossède-toi de ce que tu as : en fait, tu crois posséder toutes tes
richesses, mais n’oublie pas qu’elles sont à Dieu et que tu n’en es que le
gérant. Alors, imite ton Dieu : il s’est dépossédé de sa toute
puissance : tu viens d’en avoir un modèle sous tes yeux en la personne de
Jésus…). « Donne-le aux pauvres… » Puisque tu en as été le bon
gérant, puisque tu es riche, fais-en profiter les pauvres : tu donneras un
plus grand sens à ta gérance et tu seras déjà en communion avec le ciel,
c'est-à-dire Dieu Lui-même… : « Puis viens, suis-moi ! »
Suprême invitation à entrer dans la démarche et l’intimité non pas d’un gourou
mais d’un Sauveur, Dieu, qui s’est fait notre frère et nous apprend à l’être
avec tous.
Que retenir de tout
cela ?
- Cette belle affirmation du Père Varillon : « Dieu n’est tout-puissant que de la toute-puissance de l’amour ! ».
- Que toute relation aux autres doit être chaste, c'est-à-dire emprunte d’un infini respect pour ce qu’il est, ses projets, ses choix, et en particulier lorsque nous sommes en responsabilité dans une relation, notamment conjugale, parentale, éducative ou comme témoin du Christ, de son Évangile et de son Église.
- Que dans le rapport à nos biens et richesses de tous ordres, nous avons à nous situer en gérant et non en propriétaire. Cela a des répercussions en matière de partage avec de plus pauvres, en matière d’écologie, en matière d’équilibre de vie : nous voulons tellement tout faire, tout voir…
Mais ce que vous proposez
est impossible !
« Pour les hommes, cela est impossible, mais pas pour
Dieu ; car tout est possible à Dieu » J’ajoute :
« Parce qu’Il nous aime qu’Il ne
veut rien faire sans nous et… que nous voulons l’aimer »
AMEN !
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