HOMELIE 29ème
Dimanche Ordinaire B. Mc 10,35-45
21.10.2018
Demande
des fils de Zébédée
L’Évangile de ce Dimanche est à la fois pittoresque et bien
révélateur. Pittoresque car il met en scène deux disciples qui composaient,
avec deux autres frères, Pierre et André, le noyau dur des Apôtres de Jésus. Il
les a appelés à être témoins de la résurrection de la fille de Jaïre : Mc
5,37 ; de sa Transfiguration : Mc 9,2 ; de ses pleurs sur
Jérusalem « qui n’a pas connu le
temps où elle a été visité » : Mc 13,3 enfin de son Agonie :
Mc 14,33.
« Fils de Zébédée », quelle belle
appellation ! Elle vient de l’hébreu « Ze-badyahu » qui signifie
« Cadeau de Dieu » ! Ne
croyons pas trop vite qu’ils aient été plus ambitieux que les autres apôtres
qui s’indignèrent de leur démarche. N’ont-ils pas tout quitté pour suivre Jésus ? Ils
avaient pourtant une belle place auprès de leur père Zébédée, patron d’une
pêcherie florissante. S’ils demandent à être l’un à droite, l’autre à gauche de
Jésus, n’est-ce pas pour rester tout près de Lui ? D’ailleurs, Jésus ne
les blâme pas, ni ne se fâche : à aucun instant il ne conteste leur désir
d’être auprès de Lui : mais Il les invite à Le suivre sur le chemin
difficile et étroit de Sa Passion et de Sa Mort où « Il boira Lui-même la coupe jusqu’à la lie ».
Jésus livre alors son
message essentiel, celui qui nous révèle Dieu tel qu’Il est. « Le
Fils de l’Homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa
vie en rançon pour la multitude ». Le mot « rançon » est souvent mal compris. J’emprunte à
Marie-Noëlle THABUT le commentaire suivant : « Aujourd'hui, quand nous entendons le mot rançon, c'est dans le
contexte d'une prise d'otage, il s'agit de payer la somme exigée par les
ravisseurs, seul moyen d'obtenir la libération du prisonnier. Le mot "rançon"
désigne le montant de la somme à verser... Tandis qu'à l'époque du Christ, au
contraire, le mot rançon signifiait la libération, c'est-à-dire la seule
chose importante en définitive. Le mot grec qui a été traduit par rançon (Lutron) est dérivé du verbe Luo) qui
signifie « délier, détacher, délivrer…Dieu est libérateur »
Rester près de Jésus et porter son message comme l’ont fait Jacques
et Jean, c’est devenir « serviteur » comme le maître, donné à
fond, "jusqu’au bout". (L’Evangile utilise également le mot "esclave").
Seuls ceux qui ont vécu et vivent aujourd’hui cela ont été ou deviennent
vraiment "missionnaires". Tels sont les sept nouveaux saints que le pape François
vient de canoniser. Chacun à leurs manières, ils ont été serviteurs.
Exercer un pouvoir dans l’Église, à la suite du
Christ, c’est être au clair avec nos motivations et repérer toutes celles
centrées sur nos propres désirs et intérêts qui auraient pour conséquences
d’écraser les autres. Être à sa place, souvent appelé par une autorité
responsable dans l’Église ou par la Communauté, et avoir une vie intérieure
humble et qui a de l’espace pour Dieu et les autres.
C’est bien ce à quoi le
Christ nous appelle tous et chacun d’entre nous, dans des situations très
diverses : parents, éducateurs, enseignants, catéchistes, animateurs
d’Aumônerie de Club St Quentin, de mouvements scouts, membres de Communauté
Nouvelle, mais aussi engagés et bénévoles dans un service caritatif ou auprès
de malades ou personnes âgées : le champ est large et il y a de la place
pour tout le monde. Vivons en serviteurs avec ce "cocktail missionnaire"
fait de respect, bienveillance, accueil, patience, vigilance et courage, priant
sans cesse l’Esprit Saint.
Prions-Le les uns
pour les autres ; pour les missionnaires au loin ou tout près de nous,
AMEN !
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