HOMELIE 5ème Dimanche CARÊME. B – Jn
12,30-33
18 Mars 2018.
« Si
le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il
meurt, il porte beaucoup de fruit » Jn 12,24.
Nous
comprenons bien que la mort d’une graine en terre n’est pas une fin mais une
transformation, un passage vers un autre état. Mais quel rapport avec notre
propre vie ? Bien sûr, je peux
comprendre que nous ne faisons rien si nous ne donnons pas de nous-même :
alors Jésus poursuit : « Qui aime sa vie la perd ; qui s’en
détache (mot à mot : qui la hait) en ce monde la gardera pour la vie
éternelle » Jn 12,25. Mais ne pas aimer sa vie pour s’en détacher
en ce monde, il y a de quoi réfléchir et même peut-être de renoncer.
Est-ce vraiment ce que Jésus demande ?
Lorsque St Jean rapporte ces paroles de Jésus, pour désigner « sa
vie », il utilise le mot « psukè », (que l’on traduit aussi
par « âme ») : ce mot
nous fait évidemment penser au mot « psychologie », c’est-à-dire
à notre façon de regarder (et parfois juger) les gens et les choses ; à
notre manière de nous comporter ; à notre mentalité, qui bien souvent est
influencée et même déterminée par notre « moi », notre « ego »,
notre éducation, notre milieu, les choix que nous faisons, qui ne sont pas
toujours dans l’esprit de l’Évangile et nous laisse bien souvent seuls. Jésus
nous inviterait donc à quitter cette « vie », cette « psukè »
pour qu’en nous détachant d’elle en ce monde, nous la gardions pour la vie
éternelle.
Quelle est cette vie éternelle qui entre en
concurrence avec notre propre vie ? St Jean n’utilise pas le même mot pour
la désigner : ce mot c’est « Zoë ». Il comporte l’idée d’une
force qui se manifeste particulièrement à travers le souffle et le sang. Ce qui
bouge est dit vivant (l’eau de source qui coule est une « eau
vivante »). C’est le même mot que Jésus utilise lorsqu’Il répond à Thomas :
« Moi Je suis le Chemin et la Vérité et la Vie » Jn 14,6.
Il est en effet le « Vivant » par excellence et
vivre, c’est se laisser envahir par la foi en ce Vivant ; ne plus vivre
pour soi-même mais appartenir pour toujours au Seigneur.
N’est-ce pas ce que prophétisait Jérémie et que nous avons entendu
dans la première lecture de ce dimanche : « Je mettrai ma Loi
au plus profond d’eux-mêmes ; je l’inscrirai sur leur cœur. Je serai leur
Dieu, et ils seront mon peuple » Jr 31,33
Laissons-nous envahir
par le souffle de Son Esprit. Cela ne va pas sans bouleversements intérieurs
qui peuvent effrayer comme Jésus Lui-même l’a été. Mais en regardant Celui
qui a été élevé de terre, nous savons où nous allons et entrons
dès à présent dans la vie éternelle.
AMEN !
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