HOMELIE 2ème
Dimanche de Carême B. La Transfiguration - Mc 9, 2-10
25 Février 2018
La
Transfiguration.
Le récit de la Transfiguration de Jésus selon St Marc se termine
par une question qui va habiter les Apôtres jusqu’à la fin de la mission de
Jésus : « Ils observèrent l’ordre de Jésus, tout en se
demandant ce qu’il entendait par « ressusciter d’entre les morts ».
Qui d’entre nous aurait pu leur répondre ? Serons-nous comme eux, “qui
ne savaient que dire ?”
Pour mieux comprendre ce magnifique
récit, il faut le resituer dans ce qui précède ce passage de l’Evangile d’où il
est extrait. Dans le texte original, le récit commence par : « Six
jours après… ». Que s’est-il donc passé six jours avant ?
Alors que Pierre venait de reconnaître Jésus comme le Messie, Jésus
annonce pour la première fois qu’Il doit souffrir sa Passion, mourir à
Jérusalem puis ressusciter trois jours après. Pas facile à comprendre et
accepter et d’ailleurs Pierre aussitôt réprimande Jésus et se fait traiter de Satan (mot hébreu qui signifie “adversaire”
et qui désigne l’ennemi du genre humain).
Ce n’est pas l’idée ou le fait de la
résurrection qui questionne les disciples : à l’époque, beaucoup de juifs y croyaient, mais c’est la
manière dont Jésus en parle. Il l’annonce comme prochaine, alors qu’on
l’attendait pour la fin des temps. De plus, l’idée que le Fils de l’homme
glorieux, transfiguré, comme ils en avaient été témoins, doive passer par la
mort puis la résurrection les dérangeaient : le Messie qui venait d’être
révélé à leurs yeux par son aspect rayonnant et par la voix céleste, ne
devait-il pas se manifester dans toute sa gloire devant son peuple et le
monde ?
Jésus avait donc pris avec lui les
trois disciples qu’Il avait déjà choisis pour être témoins de la résurrection de
la fillette du chef de la synagogue de Capharnaüm (Mc 5, 37). Mais il leur
demandera de nouveau de l’accompagner à Gethsémani pour veiller avec lui avant
d’être arrêté : là il ne s’agira plus d’une “transfiguration” glorieuse,
mais d’une “défiguration”, tant
Jésus sera traversé par la frayeur et l’angoisse. Encore une fois, les
disciples “ ne sauront que dire” lorsque Jésus viendra chercher un peu de
réconfort. Mais comment comprendre ce destin de Jésus avant la pleine
révélation de ce qu’Il est en vérité ?
Ce récit est rempli d’allusions aux
grandes pages de la Bible.
La haute montagne
où tous les grands hommes de Dieu se sont rendu pour Le rencontrer :
Abraham, Moïse, Elie ; la nuée,
présence de Dieu qui, dans le désert,
reposait sur la tente de la Réunion où se trouvait l’Arche
d’Alliance ; Moïse, qui reçut la Torah ; Elie le prophète qui la rappela à son peuple dévoyé ; les deux
“enlevés au ciel”. Jésus
s’entretient avec eux : il apparaît comme le nouveau Moïse, législateur
de la Loi nouvelle et comme le prophète des temps nouveaux. Pierre propose de
dresser trois tentes : il ne s’agit pas de camping, mais du geste rituel
de la fête des Tentes, Soukkot, à
l’automne, qui célèbre l’espérance d’Israël attendant le Messie pour
l’accueillir. C’est la voix du Ciel qui va authentifier le Messie comme Fils
bien aimé du Père et qui invite les disciples à se ranger sous son
autorité, comme le faisait la Torah : « Ecoutez-le ! »
Jésus n’est-il pas la Torah définitive, qui n’est plus un livre, si précieux
soit-il, mais le Fils du Père, vivant, nous parlant, venant planter sa tente
parmi nous dira St Jean au début de son Evangile et nous introduisant comme
enfants adoptés de ce Père : ne
nous a-t-il pas demandé de s’adresser à Lui comme “Notre Père” ?
Oui,
Jésus sera bien broyé par la souffrance du mal et de la violence d’une
humanité loin de son Dieu, comme hélas nous en sommes encore témoins
aujourd’hui. Son message d’amour était alors trop fort pour les disciples. Mais
Dieu, en leur envoyant son Esprit Saint, à la lumière de Pâque, leur fera
comprendre que le mal et la mort n’auront pas le dernier mot. Alors, ils la
réponse à leur interrogation.
Voilà ce qui nous est
confié encore aujourd’hui :
ü
Ecouter Jésus vivant, ressuscité, pour témoigner de Lui aujourd’hui, Lui qui
est venu pour faire de toute personne,
et en particulier nos catéchumènes, un enfant bien-aimé du Père.
ü
Porter l’immense
espérance, particulièrement à ceux qui traversent des épreuves, que l’amour est plus fort que le mal et la
mort.
A
nous de prendre le relais, non sans prier
chaque jour l’Esprit Saint de nous
remplir de sa lumière et de sa force : sinon, “nous ne saurions quoi dire !”
AMEN !
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