HOMELIE
30ème Dimanche Ordinaire – A.
Mt 22,34-40
29
Octobre 2017
“Quel est le plus grand
commandement ?”
“Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton
coeur, de toute ton âme (psuchè) et de toute ta pensée.” (Dt 6,5) et “Tu aimeras ton prochain comme toi-même
(Lv 19,18)
St Jean, dans sa 1ère lettre, l’exprime à
merveille: “Si quelqu’un dit j’aime Dieu et qu’il déteste son frère,
c’est un menteur: celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable
d’aimer Dieu qu’il ne voit pas !” (1Jn 4,20).
Or si l’on sait bien ce qu’est aimer son prochain, que
signifie “aimer Dieu” ? N’est-ce pas tout simplement faire ce que Dieu
voudrait que l’on fasse et que toute la Révélation et en particulier la
première lecture de ce dimanche, extraite du livre de l’Exode (Ex 22,20-26),
nous invite à faire ? Il y a aussi, bien sûr, tout l’enseignement de Jésus et
son exemple.
Mais, Dieu
peut-il nous “commander” d’aimer ? Alors que le
véritable amour ne peut s’exprimer que dans la plus grande liberté ! Aimer
ne se manifeste-t-il pas lors de la rencontre avec une personne qui donne à la
vie une nouvelle saveur, un nouvel horizon et dans la plupart des cas, de
nouvelles responsabilités envers ceux que l’on aime ? Le mot original, utilisé
par St Matthieu, que l’on a tradit par “commandement” se dit: entolè=entolh, qui signifie “prescription”
: comme la prescription d’une ordonnance pour un médicament, qu’il est vivement
conseillé de prendre si l’on veut guérir !), et donc ce terme souligne le caractère
personnel et invitant de l’amour que nous porte le Père.
Alors, qu’est-ce
qu’aimer ?
Dans son
Encyclique « Dieu est Amour”, §.3, Benoît XVI présente trois mots
qu’utilise la Bible pour parler de l’amour.
“Eros” que seul utilise deux fois l’Ancien Testament. Il désigne le désir qui
attire et donne le plaisir, avant goût du bonheur définitif auprès de Dieu. Il
convient de l’accueillir comme un don, mais aussi de le discipliner, de le
purifier pour le conduire à sa vraie grandeur qui est union harmonieuse entre
le corps et l’esprit, mais aussi communion avec l’autre, et non satisfaction de
ses instincts.
“Philia” qui concerne
l’amour d’amitié et qui est utilisé et approfondi dans l’Evangile de Jean pour exprimer le
rapport de Jésus avec ses disciples.
“Agapè” qui
est découverte de l’autre, dépassant le caractère égoïste et possessif,
cherchant son propre intérêt et non le soin et le bien de l’être aimé. Il
donne, au prix de renoncements, mais aussi sait recevoir de l’autre.
Il remplit de joie simple et conduit au bonheur paisible.
Aimer Dieu et aimer son prochain ne sont jamais en rivalité puisque tous deux
ont leur source en Dieu Lui-même. Il est Amour (1 Jn 4,7). C’est Lui qui
aime l’étranger, la veuve et l’orphelin et qui me demande de les aimer
et de les aimer comme Lui. Ou encore, les aimer comme moi-même, c'est-à-dire,
m’identifier à eux, les aimer comme si c’était moi : si je ne les aime
pas, je ne m’aime pas moi-même. Toute la Parole de Dieu contenue dans
l’Ecriture dépend de ces deux commandements. “A ces deux commandements,
toute la Loi est suspendue et les prophètes”
Ces deux
prescriptions, mises en pratique, sont pour ceux qui aiment en vérité, la signature
de la présence de Dieu.
AMEN !
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