HOMELIE
6° Dimanche de PÂQUES. Année B
10 Mai 2015. - Jn 15, 9-17
“Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres”
Jésus a dit cette parole quelques
heures avant sa mort sur la Croix : c’est dire que c’est un peu comme son Testament. Mais n’y a-t-il pas quelque
chose d’un peu étonnant dans ce qu’Il demande ? Comment peut-on “commander” “d’aimer” ? N’est-ce pas un peu
contradictoire ?
Aimer ne suppose-t-il pas un élan, fait
de désir, qui entraîne et engage une personne dans sa liberté ? Peut-on aimer sur commande ? Que
veut donc dire Jésus ?
Et tout d’abord, qu’est-ce qu’aimer ? La plupart du
temps, nous n’utilisons en français qu’un mot pour exprimer plusieurs réalités
que d’autres langues ont su traduire. Pour ne rester qu’en Europe: en anglais,
“I like, I enjoy, I care for et I love” ; en allemand, “Ich habe Gern, Ich
habe Gefallen ou Ich liebe” ; en espagnol : “ Te quiero, me gustas ou
te amo” – 7 mots en hébreux, 28 en arabe, parait-il !
Aimer est un sujet si
important qu’il ne faut pas s’étonner que notre Pape Benoît
XVI en ait fait le thème de sa première Encyclique donnée le 25 Décembre 2005 en
la fête de Noël : « Deus
caritas est » qui est traduit par : « Dieu est amour »
Il
présente les trois mots qui désignent les trois réalités de l’amour dans la
Bible : éros, “eroV"” (désir : en français, ce mot a pris une connotation
sexuelle : mais il exprime le plaisir, la joie de la vraie rencontre), philia
“filia” (amitié,
relation gratuite, plurielle…) et agapè
“agaph” (don de soi et accueil de l’autre, ou l’on
cherche son bien, sa réussite, son épanouissement, son bonheur partagé). Benoît
XVI réconcilie ces trois réalités en les présentant comme bonnes puisque
voulues par le Créateur et en même temps invite à les purifier pour que nous ne
tombions pas dans les mirages de l’amour qui ne serait qu’égoïsme, narcissisme,
enfermement sur soi et destructeur de nous-mêmes et des autres ; un amour pour
lequel mes semblables ne compteraient
que dans la mesure où ils sont comme moi ou ont un intérêt pour moi. Tu ne
m’intéresse plus : je te jette ; c’est l’amour kleenex !
Quand Jésus parle d’aimer, Il parle de donner sa vie ou de sa vie : « Pas
de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis».
Mais Il commande d’aimer. Commander : cela n’a-t-il pas un
côté un peu obligatoire, autoritaire, contraignant et un rien
« volontariste » ?
Le texte grec dans lequel sont écrit
les Evangiles, autorise pour le mot commander la traduction : « prescrire » « en-tolè »
« entol » comme un
médecin « prescrit une
ordonnance ». Il y a bien la notion « d’ordre » mais
celui-ci est laissé au bon vouloir du malade pour lequel il ne dépend qu’à lui
de suivre l’ordonnance s’il veut guérir.
Dans le fond, Jésus est comme un
médecin qui veut nous garder en bonne santé et « que sa joie soit en nous
et que nous soyons comblés de joie ». Il nous prescrit: Allez à la rencontre les uns des
autres et créez entre vous des relations amicales, serviables, festives,
créatrices, dans lesquelles vous donnez de vos efforts, de votre talent, de votre
vie pour que tous vivent mieux et soient plus heureux : et vous le serez
vous aussi ! En particulier, soyez attentifs à ceux qui portent des
handicaps de tout genre : physiques, psychiques, affectifs, métaphysiques
et même spirituels. Toute personne doit compter pour vous et votre vie sera
dense pleine de sens. Et si cela peut vous paraître bien difficile dans
certains cas, Je vous ai promis mon aide.
L’occasion de mettre en application
cette « ordonnance de Jésus : aimez-vous
les uns les autres » n’est pas réservée qu’aux fiancés qui
préparent leur mariage (comme à notre session aujourd’hui) : elle est
adressée à tous et nous fait tous entrer dans l’amitié avec Jésus notre Dieu. N’ayons
pas peur de suivre Celui qui nous « prescrit »
de nous aimer : Il nous en a montré le chemin : il conduit au vrai
bonheur. Humblement mais avec confiance, « demandons-le au Père en son Nom :
Il nous l’accordera »
AMEN !
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