HOMELIE
5ème Dimanche de Pâques 3 Mai 2015.
Jn 15, 1-8
«Moi
je suis la vigne, et vous les sarments …car hors de moi, vous ne pouvez
rien faire » Jn 15,5
Belle image que celle de la
vigne et des sarments pour exprimer l’union du Corps entier avec chacun de ses
membres, celle du Christ avec ses disciples.
Une phrase cependant peut étonner par sa radicalité : « …car
hors de moi, vous ne pouvez rien faire. » Un être humain ne
pourrait-il pas par lui-même réaliser de belles choses ? Mais alors, le
Christ ne serait-Il venu que pour certains privilégiés qui auraient pu le
connaître ? Comme toute citation, elle ne se comprend et ne vaut que par
le contexte dans lequel elle a été exprimée. Prenons un autre exemple avec une
formule bien connue : « Hors
de l’Eglise point de salut ! » Combien de fois n’avons-nous pas
entendu utiliser cette formule pour exprimer l’exclusion de tous ceux qui ne
feraient pas partie de l’Eglise ? Mais d’où vient cette formule ?
Elle provient d’un Père de l’Eglise, Origène, théologien et bibliste à
Alexandrie en Egypte, qui vers 240 de notre ère s’adressait aux chrétiens qui
s’étaient séparés de l’Eglise. Voici la citation entière : « Que personne ne se fasse illusion,
que personne ne se méprenne, hors de cette maison, c'est-à-dire hors de
l’Eglise, personne n’est sauvé. Si quelqu’un en sort, il se rend responsable de
sa propre mort » et quelques années après, vers 250, l’évêque de
Carthage, St Cyprien écrivait : « Quiconque
se sépare de l’Eglise se frustre des promesses de l’Eglise ; s’il
abandonne l’Eglise du Christ, il n’aura pas accès aux récompenses du
Christ… » Dans les deux cas, ces propos concernent un conflit interne
à l’Eglise qui conduit à une séparation. Origène comme St Cyprien mettent en
garde les chrétiens qui quittent l’Eglise pour former une secte à part et qui
se situent en rupture avec l’ensemble de la Communauté chrétienne. En aucun
cas, elle ne s’adresse à ceux qui, pour des raisons diverses, ne font pas
membre de l’Eglise.
Il en est de même pour la formule de St Jean. Resituons-la
dans le passage d’Evangile que nous avons entendu. Il commence par : « A
l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à SES
DISCIPLES… » Et il se termine par : « …ainsi vous serez pour moi
des DISCIPLES. » Jésus s’adresse donc à SES DISCIPLES et non à tous les humains. Ces derniers, en toute
innocence, n’auront peut-être jamais entendu parler de Lui. Et pourtant, Jésus
est venu pour tous. Lui-même en surprendra plus d’un lorsqu’ils paraîtront
devant Lui à la fin des temps et qu’ils s’entendront dire, tout étonnés : « Venez
les bénis de mon Père, car j’avais faim, soif, j’étais malade, prisonnier,
étranger et vous êtes venus à moi …Tout ce que vous avez fait à l’un de ces
petits d’entre mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » Mt
25, 40.
C’est Dieu qui sauve
et non l’Eglise, même si celle-ci a reçu les moyens d’accueillir et de
transmettre le don du salut. Jésus, le Fils du Père, s’est donné à Tous. Il ne
faut donc pas réduire l’action salutaire de Dieu aux frontières de l’Eglise,
frontières qu’il n’est d’ailleurs pas aisé de tracer. Notre pape François, en
nous invitant à aller aux périphéries, rappelle ce souci qu’avait le Christ
d’envoyer ses disciples jusqu’aux extrémités du monde. Ces démarches illustrent l’attention et le respect que porte
le Saint Père, au nom de toute l’Eglise, envers tous ceux qui partagent les
mêmes valeurs que le Christ a promues pour leur en faire découvrir la source.
Que les disciples du Christ restent bien unis à leur
Seigneur comme le sarment recevant la sève du Cep sans lequel ils ne pourraient
porter beaucoup de fruits et encore moins le faire connaître. Et que ceux qui
ne le connaissent pas encore (ou qui n’en connaissent qu’une image déformée)
suivent la conscience que le Créateur leur a donné, comme l’écrivait St Paul
aux chrétiens de Rome (Rm 2,14-16). Dieu n’aime-t-Il pas tous ses enfants et ne
veut-Il pas qu’ils portent du fruit et soient un jour auprès de Lui, eux aussi ?
AMEN !
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