vendredi 3 avril 2015

HOMELIE Dimanche de Pâques. 5 Avril 2015 Résurrection de Jésus Jn 20,1-9



HOMELIE  Dimanche de Pâques. 5 Avril 2015
Résurrection de Jésus Jn 20,1-9

La Résurrection du Christ : il y a voir et voir !

D'après certains sondages, il y a des gens qui se disent chrétiens et ne croient pas à la résurrection ; ils seraient près de 25%. Ce n'est pas rien et croire en la Résurrection de Jésus n’est pas chose facile ! Ce matin de Pâques pourtant, l’Evangile de St Jean nous conduit de façon toute progressive à la découvrir en quelques étapes telles que l’Apôtre lui-même l’a fait : suivons-le dans son récit.

Tout d’abord, Marie de Magdala se rend au tombeau et voit que la pierre a été enlevée du tombeau. Le verbe utilisé ici est blèpo, (blepw) qui signifie voir-constater, qui donnerait lieu à un procès-verbal décrivant ce que l’on voit de nos yeux de chair. Elle ne va pas plus loin ; elle n’entre pas pour chercher d’autres indices. Sur ce constat, elle en déduit qu’on a enlevé du tombeau le Seigneur et s’engage sur une fausse piste. Ayant alerté les Apôtres, Simon-Pierre et “le disciple que Jésus aimait” sortent à leur tour et se mettent à courir vers le tombeau, eux-mêmes intrigués.
 v.5 - Le disciple arrive le premier, se penche et voit (même verbe blepw) “les linges qui sont là, à plat” *. Nouveau constat, avec un nouvel indice : les linges, retombés à plat. Mais il n’entre pas.
v.6 - Simon-Pierre arrive à son tour: “Il entre dans le tombeau et voit les linges, à plat et le tissu qui était sur sa tête n’est pas à plat avec les linges, mais enroulé, lui, en place”*.
Le verbe ici est théorao,  qewraw (qui a donné en français : théorie, théoriser, théorème...) Il signifie : observer, regarder attentivement, examiner, inspecter et même contempler. Simon-Pierre se met donc à tenter de comprendre ce qu’il voit, d’en chercher le sens.
v.8 - Entre alors l’autre disciple : “Il vit et il crut”. Un troisième verbe est utilisé : Oraooraw [qui, sous une autre forme conjugale, a donné en français : ophtalmo]. Ce verbe signifie de façon courante : voir, mais il a aussi le sens imagé de « voir avec les yeux de l’esprit, de l’intelligence » c’est à dire comprendre.  D’ailleurs au verset suivant, v.9, l’évangéliste commente : “ En effet, ils n’avaient pas encore vu l’Ecriture selon laquelle Jésus devait se relever d’entre les morts”. Or c’est le même verbe voir/oraw qui est traduit habituellement par comprendre.

Voilà donc le chemin de la foi en la Résurrection de Jésus parcouru par « le disciple que Jésus aimait » Il nous invite à le faire à notre tour. On ne peut croire en la Résurrection s’il n’y a pas d’abord  le constat (blèpo) de la mort de Jésus selon la chair. Suit notre recherche du sens (théorao) pourquoi n’est-il plus là ? N’y aurait-il pas une vie après la mort ? Mais ces questions toutes bien normales ne suffisent pas pour croire : il faut voir (orao) au-delà du visible.
A tous ceux qui chercheraient des preuves de la Résurrection, il leur est demandé de changer leur manière de voir. “Moïse...en homme qui voit (orao) l’invisible (a-oraton), tint ferme” He 11, 27
A tous ceux qui veulent croire en la Résurrection, il leur est demandé de partir de la réalité visible de l’existence pour accéder à la réalité invisible, grâce aux signes que Dieu nous donne, grâce aux Apôtres, témoins de cette Résurrection, et grâce à l’Ecriture, qui nous aide à voir/comprendre.
Croire, c’est passer du voir-avec-nos-yeux-de-chair Celui qui s’est fait chair pour nous, au voir Celui qui est le Christ, le Fils de Dieu, non sans chercher à comprendre, comme Simon-Pierre.
                   Ce désir de voir n’est pas méprisable. N’est-ce pas pour cela que Jésus a dit à l’apôtre Philippe à la veille de sa mort: “Qui me voit, voit le Père” (Jn 14, 9); c’est pour cela encore qu’après sa Résurrection, il se donnera à voir aux Apôtres pendant 40 jours et à Thomas en particulier, afin qu’ils disent ce qu’ils ont vu. Ce qui n’empêchera pas Jésus de féliciter ceux qui ne pourront être les témoins privilégiés, comme les apôtres, de ce voir : « Parce que tu m’as vu, tu as cru ;  bienheureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru » (Jn 20, 28).
                  
                   Qu’en cette Fête Pascale, le Seigneur nous donne cette vue, merveilleux don de la foi reçue à notre Baptême et qu’il nous faut sans cesse actualiser.
AMEN !

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