HOMELIE Dimanche de Pâques. 5 Avril 2015
Résurrection de Jésus Jn 20,1-9
La Résurrection du Christ : il y a voir
et voir !
D'après certains sondages, il y a des gens qui se disent chrétiens
et ne croient pas à la résurrection ; ils seraient près de 25%. Ce n'est
pas rien et croire en la Résurrection de Jésus n’est pas chose facile ! Ce matin de
Pâques pourtant, l’Evangile de St Jean nous conduit de façon toute progressive à
la découvrir en quelques étapes telles que l’Apôtre lui-même l’a fait :
suivons-le dans son récit.
Tout
d’abord, Marie de Magdala se rend au tombeau et voit que la pierre a été enlevée du tombeau. Le verbe utilisé ici
est blèpo, (blepw) qui
signifie voir-constater, qui
donnerait lieu à un procès-verbal
décrivant ce que l’on voit de nos yeux de chair. Elle ne va pas plus
loin ; elle n’entre pas pour chercher d’autres indices. Sur ce constat,
elle en déduit qu’on a enlevé du tombeau le Seigneur et s’engage sur une fausse
piste. Ayant alerté les Apôtres, Simon-Pierre et “le disciple que Jésus aimait” sortent à leur tour et se mettent à
courir vers le tombeau, eux-mêmes intrigués.
v.5 - Le disciple arrive le premier, se penche
et voit (même verbe blepw) “les linges qui sont là, à plat” *.
Nouveau constat, avec un nouvel indice : les linges, retombés à plat. Mais
il n’entre pas.
v.6
- Simon-Pierre arrive à son tour: “Il
entre dans le tombeau et voit les linges, à plat et le tissu qui était sur sa
tête n’est pas à plat avec les linges, mais enroulé, lui, en place”*.
Le
verbe ici est théorao, qewraw (qui a donné en
français : théorie, théoriser, théorème...) Il signifie : observer,
regarder attentivement, examiner, inspecter et même contempler. Simon-Pierre se
met donc à tenter de comprendre ce qu’il voit, d’en chercher le sens.
v.8
- Entre alors l’autre disciple : “Il
vit et il crut”. Un troisième
verbe est utilisé : Orao – oraw [qui, sous une autre forme conjugale, a donné en français : ophtalmo]. Ce verbe signifie de façon
courante : voir, mais il a aussi le sens imagé de « voir avec les yeux de l’esprit, de
l’intelligence » c’est à dire comprendre.
D’ailleurs au verset suivant, v.9,
l’évangéliste commente : “ En
effet, ils n’avaient pas encore vu l’Ecriture selon laquelle Jésus
devait se relever d’entre les morts”. Or c’est le même verbe voir/oraw
qui est traduit habituellement par comprendre.
Voilà
donc le chemin de la foi en la Résurrection de Jésus parcouru par
« le disciple que Jésus aimait » Il nous invite à le faire à notre
tour. On ne peut croire en la Résurrection s’il n’y a pas d’abord le constat
(blèpo) de la mort de Jésus selon
la chair. Suit notre recherche du sens
(théorao)
pourquoi n’est-il plus là ? N’y aurait-il pas une vie après la mort ?
Mais ces questions toutes bien normales ne suffisent pas pour croire : il faut voir (orao) au-delà du
visible.
A
tous ceux qui chercheraient des preuves de
la Résurrection, il leur est demandé de changer
leur manière de voir. “Moïse...en
homme qui voit (orao) l’invisible (a-oraton), tint ferme”
He 11, 27
A tous ceux qui veulent
croire en la Résurrection, il leur est demandé de partir de la réalité visible de l’existence pour accéder à la réalité invisible, grâce aux
signes que Dieu nous donne, grâce aux Apôtres, témoins de cette Résurrection,
et grâce à l’Ecriture, qui nous aide
à voir/comprendre.
Croire,
c’est passer du voir-avec-nos-yeux-de-chair Celui qui s’est fait chair pour
nous, au voir Celui qui est le
Christ, le Fils de Dieu, non sans chercher à comprendre, comme Simon-Pierre.
Ce désir de
voir n’est pas méprisable. N’est-ce
pas pour cela que Jésus a dit à l’apôtre
Philippe à la veille de sa mort: “Qui
me voit, voit le Père” (Jn 14, 9); c’est pour cela encore qu’après sa Résurrection, il se donnera à
voir aux Apôtres pendant 40 jours et à Thomas en particulier, afin qu’ils disent
ce qu’ils ont vu. Ce qui n’empêchera pas Jésus de féliciter ceux qui ne
pourront être les témoins privilégiés, comme les apôtres, de ce voir : « Parce que tu m’as vu,
tu as cru ; bienheureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont
cru » (Jn 20, 28).
Qu’en cette
Fête Pascale, le Seigneur nous donne cette
vue, merveilleux don de la foi reçue à notre Baptême et qu’il nous faut sans
cesse actualiser.
AMEN !
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