HOMELIE
2ème Dimanche ordinaire. Année B - Jn 1,35-42
18.01.15
« Voici
l’Agneau de Dieu ! ». Comment
Jean-Baptiste pouvait-il désigner ainsi, à deux de ses disciples, ce cousin qu’était Jésus, fils de sa tante Marie de Nazareth ?
Et comment, tout célébrant, en vous invitant à
venir communier, peut-il vous présenter l’hostie consacrée en reprenant les
mêmes termes ? Certes, par le don de sa vie sur la Croix à la veille de la
Pâque, Jésus était vainqueur de la mort et accomplissait le dessein de
Dieu : nous sauver. Dès lors, il a été considéré par les premiers
chrétiens comme l’agneau pascal, non pas celui que
devaient sacrifier les hébreux avant d’être libérés de l’esclavage d’Egypte,
mais celui qui libère de la mort et de l’esclavage du péché.
Or il se trouve que dans la langue
parlée par Jésus et Jean-Baptiste, qui est l’araméen, proche de l’hébreu, le
mot qui désigne l’agneau, “talya”, signifie également “jeune
homme” et “serviteur”. Lorsque l’évangéliste rapporte, longtemps après, cette
première rencontre de Jésus avec ses deux premiers disciples, Jésus a vécu sa
Pâque et s’est bien montré le Serviteur
qu’annonçait Isaïe sur lequel pesait le péché du peuple et qui par son
sacrifice allait le racheter (Is 53,7 ;10-11) : « Maltraité,
il s'humiliait, il n'ouvrait pas la bouche, comme l'agneau qui se laisse mener
à l'abattoir, s'il offre sa vie en sacrifice expiatoire… il verra une
postérité, il prolongera ses jours, et par lui la volonté de Yahvé
s'accomplira. A la suite de l'épreuve endurée par son âme, il verra la lumière
et sera comblé. Par sa connaissance, le juste, mon serviteur, justifiera les
multitudes en s'accablant lui-même de leurs fautes ». En désignant
Jésus comme l’Agneau de Dieu, Jean-Baptiste, en prophète, prédit la destinée de
Jésus.
Ceci semble
confirmé par un petit détail qui à priori, semble sans intérêt. L’évangéliste se
rappelle l’heure de cette rencontre si importante. « C’était vers quatre heure
du soir ». En fait, il est écrit : « C’était environ la dixième
heure ». Pourquoi cette précision ? Elle a une valeur
hautement symbolique. Car d’après une tradition juive, la veille de la Pâque, il
fallait avoir terminé le sacrifice de l’agneau pascal avant la dixième heure pour avoir le temps de le rôtir et pouvoir
le consommer durant la nuit de Pâque. Après la résurrection du Christ, les
Apôtres comprendront qui est le véritable et définitif Agneau pascal et bien
sûr ils se souviendront de cette première rencontre avec leur Seigneur, qui
avait du être déterminante pour eux.
Ce qui est
d’ailleurs remarquable dans cette première rencontre, c’est la manière dont
Jésus aborde ses premiers futurs disciples (et pourquoi pas chacun de nous). Il
leur pose la question : « Que cherchez-vous ? ».
Il n’annonce rien, n’affirme rien : Il nous interroge sur notre recherche.
Le désir est la condition pour
avancer dans la foi. C’est
d’ailleurs la question que l’on pose aux catéchumènes à leur entrée en
catéchuménat. Cette question est une invitation à faire la lumière sur nous-mêmes,
nos désirs, nos projets, ce qui compte réellement pour nous, ce qui a le plus
de prix à nos yeux…
La réponse
des disciples à la question de Jésus est assez déconcertante : « Maître,
où demeures-tu ? » Mais si c’était la bonne, la seule et
unique question que l’on pouvait
faire à Dieu: savoir où Il demeure pour être avec Lui, tant Il nous a
montré qu’Il voulait être avec nous !
La réponse
de Jésus est non moins étonnante : « Venez et vous verrez ! »
N’exprime-t-elle pas l’infini respect que nous porte Dieu et qui en appelle à
notre pleine liberté ?
A Gethsémani, la question de Jésus à ceux qui viennent l’arrêter ne
sera plus : « Que cherchez-vous ? »
mais « Qui cherchez-vous ?». Au bout de notre recherche, de notre
désir, il n’y a pas des idées, des biens matériels, des réussites, la gloire…
que sais-je ! Il y a quelqu’un.
En
communiant, accueillons l’Agneau de Dieu qui “soulève” nos péchés pour les
extirper de notre cœur et de notre pauvre monde et nous invite à le connaître de
mieux en mieux et demeurer avec Lui.
AMEN !
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