HOMELIE 3ème Dimanche Ordinaire. Année A. Mt
4, 12-23
26 Janvier 2014
« Je vous ferai pêcheurs d’hommes …» Mt
4,19
Cette
parole de Jésus nous est tellement familière que nous ne voyons pas ce qu’elle
peut avoir de choquant : un
pêcheur, çà tue ! Il donne la mort au poisson qu’il a pêché pour s’en
nourrir ou le vendre et gagner sa vie. C’est évident que Jésus n’a pas voulu
dire cela. On pourrait penser aussi, qu’en suivant Jésus, il s’agirait d’attraper des hommes, mais dans quel but ?
C’est bien là qu’il nous est utile de
connaître le milieu culturel et le contexte symbolique de la Bible dans lequel
ces récits sont écrits. Il faudrait également pour cela que les textes
liturgiques soient plus exacts dans leur traduction de l’original. La nouvelle
traduction de la Bible Liturgique a corrigé. Il est dit, en effet, juste avant
l’appel de Jésus que celui-ci marchait au « bord
de la mer » et que les pêcheurs « jetaient
leurs filets dans la mer » (Thalassan
qalassan :) et non, comme dans l’Evangile de Saint Luc (Lc 5,1-11), dans le lac (Limnen : limnen). D’ailleurs,
Jésus n’invite pas les apôtres à devenir des pêcheurs d’hommes, mais « à partir de maintenant, tu [Pierre] prendras des humains vivants » zwgrwn, il
y a le mot zwh qui signifie la « Vie ».
Pourquoi cette précision ? La mer, dans la pensée biblique a une signification toute
particulière. Depuis les eaux
primordiales et anarchiques de la Genèse, sur lesquelles tournoyaient le
souffle de Dieu ; puis, les eaux du
déluge qui anéantirent toute vie devenue corrompue par la violence, où seul
le juste Noé trouva grâce auprès du créateur; et bien sûr, la Mer
Rouge, qui faillit engloutir Moïse, conduisant le peuple
de Dieu vers la Terre
Promise et qui se retourna contre ses agresseurs, les faisant
périr ; Jonas, encore, préservé
de la noyade par un monstre marin le gardant trois jours en son ventre ;
sans compter les nombreuses mentions de la mer et des eaux redoutables dans les psaumes… toutes ces évocations des
eaux ou de la mer montrent qu’elles
symbolisaient les forces du mal et de la mort qui menacent sans cesse la vie de
l’homme. Ce n’est pas sans raison que Jésus commence son ministère au bord de la mer. Ne vient-Il pas pour sauver, tirer les hommes de tout
ce qui les conduit à la mort physique, psychologique, morale et
spirituelle ?
Parmi ces tendances mortifères, Paul en signalait une qui
détruisait déjà la jeune communauté chrétienne de Corinthe par la division et
les disputes de ceux qui se réclamaient de Paul, d’Apollos, de Pierre ou du Christ :
comme si le Christ était divisé !
Ne croyait pas que cela soit de l’histoire ancienne. Nous venons
d’achever la semaine de prière pour l’Unité des chrétiens. Elle a fait de gros
progrès depuis 100 ans, date de la première semaine, mais elle est loin d’être
acquise. Encore faut-il la demander, la chercher : le Christ, à la veille
de mourir, a tant prié pour nous et pour que le Père nous la donne.
L’esprit de division peut se
manifester encore dans notre pays, à l’intérieur de nos Communes, de nos
écoles, de notre communauté paroissiale, de nos familles. Le manque d’ouverture
et de respect de certains affaiblissent l’annonce de l’Evangile au milieu de
nous, auprès des générations qui montent et autour de nous.
Mais heureusement, il y a des paroles et des gestes réconfortant
aujourd’hui. Dimanche dernier, j’étais invité par la paroisse réformée unie de France,
à Montigny, pour prêcher, ce qui est le moment le plus important dans le culte protestant.
A suivi un repas œcuménique au Mesnil St Denis réunissant une centaine de
chrétiens de toutes origines. La Veillée de prière pour l’Unité des chrétiens,
préparée par des couples de confessions différentes, a également rassemblé dans
notre église St Pierre du Lac un bon nombre de personnes de toutes les
Communautés chrétiennes protestantes, évangéliques, orthodoxes et catholiques. (Vous en aurez un témoignage dans le Lien de
cette semaine).
« Je vous ferai
pêcheurs d’hommes » pour apporter l’Esprit d’amour, de patience, de
bienveillance, d’humilité, de maîtrise de soi et de foi envers le Père.
Voilà la Bonne Nouvelle,
l’Evangile que Dieu nous confie et qu’Il nous appelle à proclamer.
Profitons tous, au long de l‘année, de saisir toutes les occasions,
là où nous sommes, de construire l’unité telle que Jésus la souhaite autour de
Lui en vivant son Evangile. AMEN !
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