HOMELIE 2ème
Dimanche Ordinaire A. Jn 1, 29-34.
19 Janvier 2014
« Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde »
Nous avons l’habitude d’entendre cette “invitation à croire”
que le célébrant prononce lorsqu’il présente l’Hostie, Pain de vie, avant la Communion. Mais
avons-nous bien réalisé ce qu’elle veut dire ?
N’est-ce pas
étonnant d’ailleurs que Jean-Baptiste désigne son cousin, qui vient vers lui, comme
un agneau ? Que pouvait bien comprendre les gens à
qui il s’adressait ?
Ils comprenaient très bien, mais à mon avis, ils
ne comprenaient pas forcément ce que nous pouvons comprendre aujourd’hui et
pourquoi ?
En araméen,
la langue dans laquelle il s’exprimait, qui est proche de l’hébreu, agneau se
dit : “talya”, “hyflf=” mais il signifie : “jeune homme” (et soit dit en passant, au féminin, “jeune fille” se dit
“talitha” ! Cela ne vous rappelle rien ? Dans l’Evangile de Marc,
c’est ainsi que Jésus s’adresse tel quel à la fille, morte, de Jaïre, chef de
la synagogue de Capharnaüm en lui prenant la main et en lui disant : « Talitha koum » Fille, lève-toi ! (Mc 5, 41).
Une autre
traduction peut être donnée au mot “talya” : celle de “serviteur”. Si bien que les auditeurs de Jean-Baptiste ont très bien
pu comprendre qu’il désignait Jésus comme le Serviteur de Dieu qui était annoncé par les prophètes. Mais alors pourquoi
l’Evangile, qui est écrit en grec, a choisi le mot “Agneau” “amnoϛ” ?
A
quoi l’Agneau nous fait-il penser ?
A Abraham, lorsque Dieu lui demande de sacrifier son fils unique
Isaac et que celui-ci, lui obéissant, lui demande : « “Voici le feu et les
bûches ; où est l’agneau pour l’holocauste ?” Abraham
répondit : “Dieu saura voir l’agneau pour l’holocauste, mon fils“ Tous
deux continuèrent à aller ensemble. » (Gn
22, 7-8)
Sans doute, pensez-vous à l’Agneau
pascal, symbole de la rédemption d’Israël, consommé “la ceinture aux reins, les sandales aux
pieds et le bâton à la main”, (Ex 12,11) prêts à
partir pour l’Exode (Ex 12,1-28 ; 1 Co 5,7) !
Peut-être aussi au “Serviteur
souffrant” présenté par Isaïe, dans la 1ère
lecture et dont la vocation est “de
relever les tribus de Jacob et ramener les rescapés d’Israël… d’être la lumière
des nations pour que le salut parvienne aux extrémités de la terre” : c’est lui, dont dira plus loin Isaïe, qui qui assume les
péchés de la multitude (Is 53,12) et qui, innocent, s’offre comme un agneau (Is
53,7).
Enfin, on peut penser à
l’Apocalypse, qui présente un Agneau immolé et
vainqueur devant lequel se prosternent les 24 vieillards
(Ap 5,6.12).
L’évangéliste a sans doute relu l’évènement de
la rencontre de Jésus avec Jean-Baptiste à la lumière de Pâques. Ce Jésus
serviteur, c’est bien le même qui s’offrira à Pâques comme l’Agneau
en holocauste pour les péchés du monde et se lèvera, vainqueur du mal et de la
mort, au matin de Pâques, entraînant avec Lui tous ceux qui veulent vivre comme
lui.
Et comment aujourd’hui, ne pas penser aussi à ces agneaux innocents qui, à cause de leur fidélité au Christ, sont égorgés dans
le monde ?
Quand à la messe, au moment d’aller communier,
le prêtre présentera l’Hostie, Pain de vie et le Calice, sang du Christ, et
dira : « Voici
l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » faites mémoire de toutes ces images qui nous disent à quel
point nous sommes aimés, sauvés par Celui qui, comme un agneau, a donné sa vie et
qui nous invite à le suivre pour devenir, communions après communions, de
vraies filles et fils de Dieu.
AMEN !
Bonjour Père, une toute petite remarque de forme dans votre homélie, au paragraphe du serviteur souffrant. Une coquille s'est glissée en fin de paragraphe : "qui qui assume".
RépondreSupprimerAvec toutes nos fidèles amitiés,
J-Loup