HOMÉLIE 20ème Dimanche Ordinaire, C - Lc 12,49-53
17 Août 2025
« Pensez-vous que je sois venu mettre la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais bien plutôt la division».
Voici des paroles qui peuvent nous laisser perplexes, tant elles vont à l’encontre de l’image que nous avons de Jésus, Prince de la Paix, pardonnant jusqu’à ses ennemis.
Mais Il dit encore : « Je suis venu apporter un feu sur la terre et comme je voudrais qu’il fut déjà allumé ! » Après les tentatives pour faire la paix en Ukraine, en Palestine, au Soudan, au Cambodge… et, bien sûr, les terribles incendies de cette semaine, Jésus serait-il pyromane ?
Mais de quel feu veut-il enflammer la terre ?
Comme toutes les images symboliques, en particulier dans la Bible, elles peuvent avoir plusieurs significations : ainsi l’eau qui désaltère mais peut également dévaster ; le vent qui souffle et apporte la vie mais peut aussi apporter la tempête ; le feu qui purifie, réchauffe et révèle peut enfin détruire, lui aussi.
Il en va ainsi de la paix. Si elle est ardemment cherchée parce qu’elle permet une vie harmonieuse, elle peut, parce que mal établie, préparer de nouveaux conflits : pensez au Traité de Versailles, après la guerre de 1914-18 qui va faire naître un esprit de revanche chez un peuple allemand humilié par les conditions de ce traité de paix et puis, récemment, les 70 années de paix en Europe, rompue par un tyran, dictateur de son pays, avide de pouvoir et de domination.
Plus encore, dans ce passage d’Évangile, Jésus se présente comme un « diviseur », un « diabolos » ! La concorde familiale n’est-elle pas prise à partie ! Il ne fait pas allusion, bien sûr, aux inévitables conflits traditionnels évoqués bien souvent par une culture populaire entre belle-mère et belle-fille : non ! C’est bien plus profond que cela. Il met en garde contre tout espace fusionnel qui exclue du groupe ceux qui sont différents. Il dénonce ainsi les unités factices faites du « politiquement », « médiatiquement », « culturellement » et « religieusement » corrects qui conduisent à des totalitarismes étatiques dont nous sommes encore témoins aujourd’hui, hélas.
Vous avez bien entendu : « Je suis venu apporter un feu… » C’est donc à Jésus qu’il faut demander de nous donner ce feu en nous. Et Il n’attend que cela ; Il l’a initialisé à notre Baptême : « Vous, c’est dans l’Esprit que vous serez baptisés sous peu de jours » (Ac 1,8) promet-Il à ses disciples au moment de les quitter à l’Ascension. Cet Esprit, n’est-il pas le feu de Pentecôte ?
Ce feu de l’Esprit ouvre à une vie nouvelle, à une autre fraternité formée de « ceux qui écoutent la parole et la mettent en pratique » et autour d’un même Père. Mon père, ma mère, mon épouse… me deviennent frères et sœurs autrement, selon l’Esprit d’amour de Dieu.
N’est-ce pas l’œuvre de l’Esprit-Saint, qui se manifeste à Pentecôte comme un feu donné à ceux qui croient et « qui éclaire, purifie » (1 Co 3,13). N’appelle-il- pas à recevoir ce feu d’amour nous mettant en relation vraie les uns avec les autres, se respectant et accueillant leurs différences et particularités ?
Enfin, Inspirons-nous de l’attitude d’Ebed-Mélek, que nous présentait la première Lecture : cet étranger, Éthiopien, qui contre la décision unanime des princes de Jérusalem de jeter le prophète Jérémie dans une citerne jusqu’à ce qu’il meure de faim, vint trouver le roi Sédécias afin de le sauver. Discernons quelles sont les valeurs de nos relations humaines : corporatistes ? Suivistes ? Fusionnelles ? Ou bien ouvertes et bienveillantes, cherchant à comprendre et bâtir une véritable unité faite des richesses de chacun ?
Ne cessons pas de demander l’assistance de l’Esprit-Saint et sa présence en nous.
AMEN !
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