mercredi 27 août 2025

HOMÉLIE 22ème Dimanche Ordinaire Année C. “Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé” Lc 14,1a.7-14 – 31 Août 2025.

 

HOMÉLIE 22ème Dimanche Ordinaire Année C. Lc 14,1a.7-14  – 31 Août 2025.

Quand tu es invité à des noces ne va pas t’installer à la première place… » Certes, il y a une habileté dans ces conseils mais ils ont quelque chose d’un peu calculateur ! Quelle est donc l’intention réelle de Jésus ? C’est de nous mettre en garde contre une trop grande estime de soi : « La racine du mal est dans le cœur de l’orgueilleux » nous rappelait Ben Sira le Sage (Si 3, 28) dans la première Lecture de ce dimanche. Ce n’est vraiment pas la manière de Dieu : Il voit autrement, Lui “qui renverse les puissants de leur trône et élève les humbles” Lc.1, 52 "Magnificat"

Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé” Lc 14,11. Alors, faut-il occuper la dernière place ? Mais « La dernière place, ce n’est pas la place où l’on cesse d’être soi-même, mais où l’on est humblement soi-même devant Dieu. Ce n’est pas une place où l’on se déprécie, mais où l’on apprécie toutes choses selon Dieu. A la dernière place, on n’est pas au-dessous de tout, mais au service de tous ». (Jean Lévêque, 1930-2024, carme)

Comment y arriver ? Ben Sira  nous donne encore une réponse : « L’idéal du sage, c’est une oreille qui écoute » (Si 3,29). Encore une fois, être à l’écoute, n’est-ce pas se vider, au moins partiellement, de soi-même, de ses préoccupations immédiates pour être attentifs aux autres, les regarder avec reconnaissance et même admiration. Cela nous invite même à aller plus loin, à faire une place à la Parole de Dieu qui peut éclairer notre vie et les projets que nous avons pour les mener avec Lui.

Dans la seconde partie de l’Évangile, Jésus critiquerait-il nos repas conviviaux ? Telle n’est certainement pas son intention ! Le Seigneur sait bien qu’ils entretiennent nos relations familiales et amicales, si nécessaires au bonheur que nous pouvons construire ici-bas, fondé sur des rencontres et des marques d’affection. Qui plus est, j’en suis sûr, Il se réjouit de tous ces moments de bonheur entre nous. Lui-même n’a-t-Il pas été reçu chez ce pharisien ou chez Marthe et Marie ?  

Cependant, comme Il nous aime et voudrait nous faire partager sa façon d’aimer, Il nous alerte sur un risque bien naturel qui porte à "rester avec les mêmes", à ne vivre qu’en réseaux, avec une propension à faire des “grumeaux” ! Parfois même, le retour d’ascenseur est attendu ! Alors, Il nous éveille à l’attention aux pauvres, car avec eux, il n’en est pas ainsi : “Quand tu donnes un festin, invite les pauvres, les estropiés, les boiteux, les aveugles…” 

Les pauvres : qui sont-ils ? Pauvre,  ptokoïptwcoi: “celui qui se blottit, se replie”, parce qu’il lui manque quelque chose pour pouvoir vivre décemment. Ainsi dans la Bible sont considérés comme pauvres “l’étranger, la veuve, l’orphelin”. Sont encore pauvres aujourd’hui ceux qui vivent un handicap, une situation précaire ou de souffrance physique, morale, psychique ou enfin économique… Pauvre au sens spirituel, c’est aussi très proche de “humble”, ne se gonflant pas d’orgueil, ne se mettant pas en avant : il y a de la place pour les autres dans leur cœur et ils attendent des autres et de Dieu ce qui leur manque.

De nombreuses occasions nous sont données d’ouvrir notre table, mais aussi notre cœur, de donner de l’écoute, du temps, comme le font déjà bien des familles ou des associations. Aux appels qui vous seront bientôt adressés en cette reprise d’année, répondez, selon vos possibilités, en particulier, à l’occasion des Forums d’Associations qui se tiennent un peu partout.

Enfin, dans la parabole qu’il raconte, Jésus  parle d’un repas de noces. Or dans la Bible, le festin de noces désigne le Royaume de Dieu. Dans ce Royaume, il n’appartient à personne de s’attribuer les meilleures places : c’est Dieu qui les donne. Plus encore, ce sont les pauvres, les estropiés, les boiteux, les aveugles qui sont les invités prioritaires comme nous le rappelle Jésus à travers les conseils qu'Il donne à son hôte.

En ce temps de reprise d’activités, adoptons dès maintenant les mœurs nouvelles du Royaume par notre humilité envers tous pour manifester l’amour que Dieu porte à tous ses enfants. Approchons-nous avec reconnaissance de ce festin de l’Eucharistie, qui annonce Celui du Royaume, et où nous goûtons déjà la présence de Celui qui nous y accueilleras à la place qu’Il nous a préparée. Jn 14,3.         

 AMEN !

jeudi 21 août 2025

HOMÉLIE 21ème Dimanche Ordinaire, « Seigneur, n’y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ? » Lc 13,22-30 - 24 Août 2025

 

HOMÉLIE  21ème Dimanche Ordinaire, 24 Août 2025

Lc 13,22-30

« Seigneur, n’y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ? »

Celui qui pose cette question à Jésus (Peut-être nous-mêmes !) ne s’imagine-t-il pas faire partie lui-même du petit nombre des sauvés, excluant tous les autres ? Quelle est en effet la vraie question ? N’est-ce pas : « Est-ce que moi je serai sauvé ? Et comment ? Qui peut me le dire ? »

Comme d’habitude, Jésus ne répond pas à la question ou plutôt, il entraîne plus loin. Il ouvre un chemin à tous ceux qui l’écoutent en leur proposant de « s’efforcer d’entrer par la porte étroite » pour prendre place au festin du Royaume.

Où se trouve cette porte étroite ? Elle est dans ma vie de tous les jours. Mais, tout d’abord, une remarque de bon sens : plus je suis chargé, encombré, plus une porte me paraît étroite ! Il me faut m’alléger, me détacher de certaines choses non nécessaires, futiles, et aussi, de mon ego prédominant et possessif.

Jésus parle de l’effort qu’il faut faire pour entrer dans le Royaume de Dieu. Il se montre même dur ; Il ignore ces gens qui frappent à la porte en insistant. Il leur déclare : « Je ne sais pas d’où vous êtes ; Éloignez-vous de moi, vous qui commettez l’injustice ». De fait, ils n’agissent pas à la manière du Christ Lui-même, ne pratiquant pas le droit, la justice, la miséricorde et ne marchant pas humblement avec Lui. Et pourtant, toutes ces occasions se présentent à nous le plus naturellement du monde. Ainsi, le moindre geste d’attention aux autres, la moindre parole bienveillante, chaque tentative que je fais pour me dominer, pour ne pas céder à mon propre plaisir ou à ma mauvaise humeur, mais au contraire pour aller vers quelqu’un qui a besoin de moi, est toujours un pas qui me fait avancer et même passer par la porte étroite. Chaque fois que je ne rends pas le coup injuste que l’on m’a infligé, chaque fois que je dis « oui » à une croix que j’ai à porter, je fais un bout de chemin par la porte étroite qui mène au Royaume. Par cette image de la porte étroite, Jésus nous redit le sérieux et même les difficultés de la condition humaine et en même temps, la nécessité absolue de se convertir sans cesse aux valeurs de l’Évangile ; ce qui ne va pas, bien sûr, sans certains efforts mais surtout de dispositions d’accueil et d’humble demande de ces dons de conversion.

Jésus continue avec l’image de la porte qui cette fois-ci est fermée. Il y a un véritable risque de rester dehors, à l’extérieur du Royaume, parce que notre vie serait incompatible avec celle du Royaume de l’Amour. Mais n’est-ce pas nous qui aurions fermés la porte à l’Amour de Dieu et du frère ?

« Jésus est la porte » écrit St Jean (Jn 10,9) S’Il est la porte, alors c’est qu’il est possible d’accéder au Royaume à travers Lui.

    D’autres, venant des quatre vents, qui ne l’ont pas connu ni fréquenté, se verront ouvrir la porte car leur vie sera faite de tous ces passages de portes étroites que nous avons évoqués et qui les ont fait connaître du « maître de maison », parce qu’ils ont vécu selon son Esprit.

Ne nous étonnons pas de voir le Christ annoncer pour le Royaume un renversement de situations humaines : « Oui, il y a des derniers qui seront premiers et des premiers qui seront derniers » comme dans le Magnificat. Encore une fois, toute familiarité superficielle avec le Christ, toute piété sans conversion de notre part nous feraient trouver la porte fermée.

Nous sommes invités avec insistance par le “maître de maison”, Jésus Lui-même, à entrer par la porte étroite pour nous introduire dans la compagnie “d’Abraham, Isaac et Jacob et de tous les prophètes” et bien sûr, en sa compagnie plus qu’amicale, divine ! N’hésitons pas ; avançons sans peur avec Lui en passant par ces portes étroites qui se présentent à nous : ne nous accompagne-t-Il pas ?

Mais en cette Année Jubilaire, ne nous invite-t-Il pas à passer aussi par la "porte sainte", qui nous ouvre à l’espérance de vivre pour toujours avec tous nos frères et avec Lui.

AMEN !

jeudi 14 août 2025

HOMÉLIE 20ème Dimanche Ordinaire, C - « Pensez-vous que je sois venu mettre la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais bien plutôt la division». Lc 12,49-53 - 17 Août 2025

 

HOMÉLIE  20ème Dimanche Ordinaire, C - Lc 12,49-53

17 Août 2025

« Pensez-vous que je sois venu mettre la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais bien plutôt la division».

 

Voici des paroles qui peuvent nous laisser perplexes, tant elles vont à l’encontre de l’image que nous avons de Jésus, Prince de la Paix, pardonnant jusqu’à ses ennemis.

Mais Il dit encore : « Je suis venu apporter un feu sur la terre et comme je voudrais qu’il fut déjà allumé ! »  Après les tentatives pour faire la paix en Ukraine, en Palestine, au Soudan, au Cambodge… et, bien sûr, les terribles incendies de cette semaine, Jésus serait-il pyromane ?

Mais de quel feu veut-il enflammer la terre ?

Comme toutes les images symboliques, en particulier dans la Bible, elles peuvent avoir plusieurs significations : ainsi l’eau qui désaltère mais peut également dévaster ; le vent qui souffle et apporte la vie mais peut aussi apporter la tempête ; le feu qui purifie, réchauffe et révèle peut enfin détruire, lui aussi.

Il en va ainsi de la paix. Si elle est ardemment cherchée parce qu’elle permet une vie harmonieuse, elle peut, parce que mal établie, préparer de nouveaux conflits : pensez au Traité de Versailles, après la guerre de 1914-18 qui va faire naître un esprit de revanche chez un peuple allemand humilié par les conditions de ce traité de paix et puis, récemment, les 70 années de paix en Europe, rompue par un tyran, dictateur de son pays, avide de pouvoir et de domination.

Plus encore, dans ce passage d’Évangile, Jésus se présente comme un « diviseur », un « diabolos » ! La concorde familiale n’est-elle pas prise à partie ! Il ne fait pas allusion, bien sûr,  aux inévitables conflits traditionnels évoqués bien souvent par une culture populaire entre belle-mère et belle-fille : non ! C’est bien plus profond que cela. Il met en garde contre tout espace fusionnel qui exclue du groupe ceux qui sont différents. Il dénonce ainsi les unités factices faites du « politiquement », « médiatiquement », « culturellement » et « religieusement » corrects qui conduisent à des totalitarismes étatiques dont nous sommes encore témoins aujourd’hui, hélas.

Vous avez bien entendu : « Je suis venu apporter un feu… » C’est donc à Jésus qu’il faut demander de nous donner ce feu en nous. Et Il n’attend que cela ; Il l’a initialisé à notre Baptême : « Vous, c’est dans l’Esprit que vous serez baptisés sous peu de jours » (Ac 1,8) promet-Il à ses disciples au moment de les quitter à l’Ascension. Cet Esprit, n’est-il pas le feu de Pentecôte ?

Ce feu de l’Esprit ouvre à une vie nouvelle, à une autre fraternité formée de « ceux qui écoutent la parole et la mettent en pratique » et autour d’un même Père. Mon père, ma mère, mon épouse… me deviennent frères et sœurs autrement, selon l’Esprit d’amour de Dieu.

N’est-ce pas l’œuvre de l’Esprit-Saint, qui se manifeste à Pentecôte comme un feu donné à ceux qui croient et « qui éclaire, purifie » (1 Co 3,13). N’appelle-il- pas à recevoir ce feu d’amour nous mettant en relation vraie les uns avec les autres, se respectant et accueillant leurs différences et particularités ?

Enfin, Inspirons-nous de l’attitude d’Ebed-Mélek, que nous présentait la première Lecture : cet étranger, Éthiopien, qui contre la décision unanime des princes de Jérusalem de jeter le prophète Jérémie dans une citerne jusqu’à ce qu’il meure de faim, vint trouver le roi Sédécias afin de le sauver. Discernons quelles sont les valeurs de nos relations humaines : corporatistes ? Suivistes ? Fusionnelles ? Ou bien ouvertes et bienveillantes, cherchant à comprendre et bâtir une véritable unité faite des richesses de chacun ?

Ne cessons pas de demander l’assistance de l’Esprit-Saint et sa présence en nous.

AMEN !

mercredi 13 août 2025

HOMÉLIE de la FÊTE DE L’ASSOMPTION de la VIERGE MARIE « Mon âme exalte le Seigneur, Exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur » (Lc 1,47)- 15 Août 2025

 

HOMÉLIE  de la FÊTE DE L’ASSOMPTION de la VIERGE MARIE

Lc 1,39-56, 15 Août 2025

 

« Mon âme exalte le Seigneur,

Exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur » (Lc 1,47)

 

Les évènements internationaux que les médias nous présentent aujourd’hui ne sont pas là pour nous inviter à la même louange de Marie envers le Seigneur. Et pourtant, le pape François et son successeur Léon XIV nous ont demandé d’entrer dans le "Jubilé de l’Espérance" auquel sans doute, plusieurs d’entre nous, ont répondu, comme ceux qui sont déjà venus en notre église jubilaire et comme l’ont fait, il y a 15 jours, les jeunes réunis à Rome.

La fête de l’Assomption de La Vierge Marie peut nous permettre de découvrir, à travers son "Magnificat", l’espérance qu’elle portait dans son cœur et qui l’a soutenue tout au long de sa vie au côté de son Fils.

Ce "Magnificat" éclate d’abord en reconnaissance joyeuse envers son Seigneur, son Sauveur, « car Il a fait des merveilles ».

Elle rejoint tous ceux qui le craignent, c’est-à-dire ceux qui le reconnaissent pour son infinie bonté et miséricorde.

La source de son espérance, c’est que son Seigneur renverse la puissance des orgueilleux, veille sur les affamés, fait prendre conscience aux riches qu’ils sont "vides".

Enfin, qu’Il se souvient de son peuple, des promesses qu’Il lui a faites dans son amour pour lui.

Évidemment, nous aimerions voir se réaliser aujourd’hui cette espérance qui permettait à Marie de chanter sa louange.

Sans espérance, ceux qui aujourd’hui vivent dans des situations de violences dues à la guerre, mais également aux injustices sociales ou raciales qui mettent des populations entières dans le dénuement et la révolte, leur faisant subir des souffrances odieuses ne leur permettent pas d’envisager un avenir heureux.

Alors pour nous chrétiens, quelle est donc la source de cette vertu d’espérance ?

Le pape François écrivait que l’espérance « faisant l’expérience du conflit, de la lutte quotidienne entre la vie et la mort, entre le bien et le mal, croit en la Résurrection du Christ en la victoire de l’Amour »

Avec tous les saintes et les saints, connus et inconnus qui ont affrontés la lutte de la vie en portant l’espérance des petits et des humbles et ceux qui, dans le présent (particulièrement les chrétiens d’Orient), mènent ces combats, « accueillons cette force qui est une grâce, un don de Dieu nous portant en avant en regardant le ciel » Pape François.

C’est bien celle-là qui habitait Marie et qui nous la fait rejoindre aujourd’hui en reprenant son "Magnificat"

AMEN !