HOMÉLIE 31ème Dimanche Ordinaire C – Lc 19,1-10
30.10.2022
Zachée
Montant à Jérusalem, Jésus passe par Jéricho. A propos, Jéricho, quelle est cette ville ? Tout le monde en a entendu parler à cause des fameuses trompettes qui firent, raconte la Bible, effondrer ses murailles et devint ainsi la première conquête des hébreux sur la Terre Sainte, promise à Abraham, sous la conduite de Jésus… (Ah ! Vous attendiez Josué !), mais figurez-vous que c’est exactement le même mot : Ieshoua ! ). Jéricho est la “porte d’entrée” en Terre Sainte. Jéricho est également, vous le savez sans doute, la ville la plus basse du globe, à moins 300 m. en-dessous du niveau de la mer et c’est enfin, dans l’état actuel des connaissances archéologiques, la ville la plus ancienne du monde après Catal Huyuk en Turquie.
Jésus traverse la ville et s’arrête au pied d’un sycomore sur lequel est grimpé un homme de petite taille. En fait, il est monté non pas sur un sycomore (genre de platane tel que nous les rencontrons dans notre pays) mais sur un “un figuier sauvage”, sycomore étant la transposition du mot grec: sucomorea (de sicus : la figue ; morus : sauvage, comme les mûres de nos haies sauvages). Il donne de petites figues destinées au bétail. Pourquoi cet insistance sur ces données botaniques ? Vous allez bientôt le comprendre.
Et voici que Zachée, interpelé par Jésus qui a levé son visage vers lui, dégringole en hâte et tout joyeux accueille Jésus dans sa maison. Quel contraste avec les murmures de tous qui s’élèvent contre “celui qui est entré faire halte chez un pécheur ! ”.
Mais c’est encore Zachée le plus à l’aise : de riche qu’il était, il rejoint les pauvres en se dépouillant de la moitié de ses biens : vous vous rendez compte ! Et il ajoute dans la traduction mot à mot : “ Si j’ai imaginé des machinations contre quelqu’un…je lui rends quatre fois plus” comme le droit romain et non pas juif l’exigeait. Alors dit Jésus : “aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison, car lui aussi est un fils d’Abraham”.
Vous souvenez-vous d’un autre fils d’Abraham, que St Luc mettait en scène il y a quelques dimanches ? (le dernier de Septembre, 26ème Ordinaire…). Lazare, qui signifie : “Dieu a secouru” ; et bien Zachée aussi est secouru, sauvé, parce que, contrairement au riche de la parabole, sa richesse ne l’a pas rendu insensible aux pauvres. Par la présence et l’attention bienveillante de Jésus et sa soif de Le connaître, il est transformé. Et Jésus de conclure : “ En effet, le Fils de l’Homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu” Ce Fils de l’homme, c’est Jésus/Josué = Dieu sauve.
Mais au-delà de l’histoire personnelle et touchante de Zachée, qui à la différence de celle de Lazare, n’est pas une parabole, n’est-ce pas toute l’histoire de l’humanité qui est ainsi actualisée en la personne de ce collecteur d’impôt ?
Vous souvient-il, dans la Bible, d’un homme et d’une femme qui se cachent dans un figuier et de quelqu’un qui vient les chercher? Adam et Eve : ils se cachent, car ils n’ont pas fait confiance à Dieu : ils Lui ont désobéi et ils ont peur de sa réaction. Et pourtant, qui est-il donc, ce Dieu dont ils ont si peur ? Nous l’entendions dans la première Lecture, du livre de la Sagesse : Sg 11,23-12,2). « Il est Celui qui peut tout et qui a pitié de tous les hommes…Ceux qui tombent, Il les reprend peu à peu, les avertis, leur rappelle en quoi ils pèchent, pour qu’ils se détournent du mal, et qu’ils puissent croire en Lui »
Adam et Ève sont chassés de sa présence, “à l’Orient du jardin d’Éden”, or Jéricho se trouve à l’Orient de Jérusalem, ville sainte, lieu de la présence divine au Temple. Jéricho, porte d’entrée, mais aussi porte de sortie de la Terre Sainte…Ville vieille comme l’humanité qui est au plus bas du globe, pourrait-on ajouter encore. Bien sûr que Jésus connaissait Zachée depuis les origines, car Zachée c’est un peu le symbole de l’humanité, comme Adam et Eve : et Jésus vient chercher cette humanité pour lui faire retrouver l’amitié divine perdue aux origines.
Que ce petit homme dont le nom de signifie : « le pur » ou « le méritant » nous rappelle notre vocation à considérer toute personne comme susceptible d’être “fils d’Abraham” et de nous préparer à la Fête de Tous les Saints que l’Église célèbre comme tels. Rendons grâce au Seigneur qui vient aujourd’hui encore nous sauver.
AMEN !
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