HOMELIE de Pentecôte. Année B Jn 15, 26-27 ; 16, 12-15
23 Mai 2021
“Quand viendra le Défenseur, que je vous enverrai d’auprès du Père...” Jn 15, 26
Qui est ce “Défenseur, l’Esprit de vérité qui procède du Père” ? En grec, il s’appelle “Paraclet” de “para” (para) [qui signifie “à côté”, comme parabole, un récit que l’on jette, “ballo”, à côté de notre vie pour en découvrir le sens] et de “clètos” qui signifie “appelé, convoqué” et qui vient du verbe “kaléo” [kalew) appeler, convoquer, comme dans “ekklésia”, l’assemblée de ceux appelés par le Christ qui constituent l’Église]. Le Paraclet est donc celui qui est appelé à côté de nous [en latin, “ad-vocatus”] pour souffler notre défense.
Mais de qui va-t-il nous défendre ?
De trois ennemis.
D’abord, le monde.
Dimanche dernier, Jésus disait aux disciples qu’ils n’étaient pas du monde, mais qu’ils étaient dans le monde. Pour définir le monde tel que Jésus le désigne dans ce passage (car il est aussi aimé par Dieu : Jn 3,16), on peut reprendre l’énumération de St Paul dans la lettre aux Galates (Ga 5, 16-25) que nous venons d’entendre (excellent pour un bon examen de conscience…) : ce qui est débauche, impureté, obscénité, idolâtrie, magie, haines, jalousie, divisions, sectarisme, rivalités, beuveries, gloutonnerie et autres choses du même genre : bref tout ce qui déshumanise. Le Paraclet nous en défend et produit en nous des fruits : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, humilité et maîtrise de soi… L’esprit du monde agresse continuellement bien des aspects de la vie que les chrétiens proposent : par la dérision, le mensonge, l’hostilité, la haine et la violence, ce sont ses armes. Mais les saints, comme Jésus face à ses adversaires, ont souvent désarmés leurs accusateurs par une sagesse inspirée. Ainsi la petite Jeanne d’Arc à qui ses juges ecclésiastiques demandaient si elle était en état de grâce répondit : « Si j’y suis, Dieu m’y garde, si je n’y suis pas, Dieu m’y mette ! »
Le deuxième ennemi, c’est nous-même : lorsque nous nous laissons aller à nos pulsions et à notre égocentrisme, mais aussi, au mépris ou rejet de nous-mêmes, parce que nous n’acceptons pas nos limites, nos imperfections ; parce que nous nous sommes fait une trop haute idée de nous-même, qui ne correspond malheureusement pas à la réalité de ce que nous sommes. Là encore, le Défenseur produit en nous les fruits de douceur, d’humilité et de maîtrise de soi.
Enfin, le troisième ennemi, c’est Dieu, ou plutôt, l’image que nous nous en faisons : tantôt juge sévère et exigeant, empêcheur de “vivre sa vie” ; tantôt “bon-papa gâteau”, fermant les yeux sur nos bêtises et nous laissant un peu tout faire. Le Paraclet nous guidera vers la vérité toute entière sur Dieu. Il nous permettra d’entrer dans l’intelligence profonde de la mission de Son Fils, qui est sa parfaite image ; dans la profonde compréhension du don qu’Il nous a fait à tous, manifestant l’amour du Père qui surpasse tout ce que l’on peut imaginer.
Plus encore : il nous fait comprendre la place que nous avons chacun dans la communauté à laquelle nous appartenons : notre famille, notre société, notre pays, notre monde, et bien sûr, notre paroisse : « Chacun a reçu le don de manifester l’Esprit en vue du bien de tous » (1 Co 12,7).
Dans le même souffle, il nous fait les dons adaptés à la mission que nous avons reçue de Lui et ceux nécessaires à une vie de chrétien authentique, qui est dans le monde, mais non pas du monde. Voilà pourquoi il est bon de l’appeler tous les jours et en particulier lorsque nous avons des choix et des décisions importantes à prendre ou des échanges délicats à mener à bien. Ne l’avons-nous pas reçu au Baptême et pour beaucoup à la Confirmation ? Dans la foi, n’hésitons pas à le solliciter : Il n’attend que cela !
AMEN !
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