HOMELIE 2ème Dimanche de PÂQUES. B – Jn 20,19-31
11 Avril 2021. - Dimanche de la divine miséricorde.
“Il répandit sur eux son souffle ” Jn 20, 22
Étonnant ce geste de Jésus que de souffler sur ses Apôtres ! Cela ne vous rappelle-t-il pas quelqu’un qui, dès les origines, souffle sur un homme ? Dieu, bien sûr, lorsqu’Il souffle sur la face d’Adam pour lui donner vie et lui permettre d’entrer en relation avec Lui : Gn 2,7. [enefuseshn].
Dans l’ancien rituel du Baptême, le célébrant soufflait trois fois sur l’enfant pour chasser le démon et demander la venue du souffle de l’Esprit Saint. Le Baptême, en effet, fait entrer le baptisé dans une ère nouvelle et même une identité nouvelle, enfant de Dieu, sœur ou frère du Christ. De même, au premier jour de la semaine, Jésus inaugure à son tour une nouvelle ère pour la Création : celle où la créature peut se réconcilier avec son Créateur. Puisqu’elle a été blessée et dégradée par toute forme de mal et de refus du Créateur, Jésus, par son amour et sa fidélité envers Lui, par sa miséricorde envers nous et par sa victoire sur les puissances de mort, communique l’Esprit-Saint à ceux qui veulent bien Le recevoir : grâce au Baptême, Dieu s’y engage en Père miséricordieux vis-à-vis de son enfant qui revient vers Lui.
Ce don est précédé de Sa Paix : Shalom ! La Paix qu’il donne n’est pas tant le calme, la tranquillité provenant d’une absence de conflit, mais un état achevé, une perfection, un bien-être, mais aussi une sûreté, une solidité du corps : la santé ; ou aussi une prospérité, une quiétude, ou encore, la réussite d’un projet bienfaisant ou encore les bonnes relations avec l’entourage. La Paix est l’expression d’un climat harmonieux entre Dieu et les hommes, une Alliance qui se vit bien et qui rejaillit sur le climat des hommes entre eux.
Cette Paix que Dieu nous offre, nous la perdons lorsque nous nous détournons de Lui, lorsque notre cœur se ferme à l’écoute, à la compréhension bienveillante et à la souffrance de l’autre. Mais Dieu ne se décourage pas de changer nos cœurs de pierre et en cœurs de chair ! (Ez 36,26). En son Fils, Il a montré sa grande miséricorde qui appelle, relève et réconforte le pécheur. Plus encore, par ce Fils, Il délègue ce pouvoir à des hommes pécheurs pour qu’ils continuent de façon visible, tangible, à manifester son infinie miséricorde par le sacrement de Pénitence et Réconciliation.
Miséricorde : quel mot magnifique ! Il vient du latin : “Misericordia” : “être de cœur avec la misère d’un semblable”. En grec, miséricorde se dit “Eléèmôn” ,dérivant du mot “éléèmôsunè”, l’aumône, don que l’on fait à un nécessiteux ou aide que l’on apporte à quelqu’un d’affligé. Il a donné en français le nom d’ “aumônier”, prêtre au service des malades, des galériens (comme St Vincent de Paul) ou des militaires…, puis des jeunes d’établissements scolaires ou de mouvements éducatifs comme le scoutisme.
En hébreu, miséricorde se dit : “Hèsed” n’ayant pas tout à fait d’équivalent dans les langues occidentales, car ce mot signifie la bonté avec le sens d’être attaché à une personne, de lui être fidèle, de vivre une alliance bienveillante avec elle, bref, comme dans le mariage ; ce que Dieu a voulu conclure avec son peuple et qu’Il nous propose aujourd’hui encore, s’y engageant dans le Baptême et le restaurant dans le sacrement de Pénitence et Réconciliation. En recevant la grâce de ce sacrement, premier don du Ressuscité, non seulement nous sommes pardonnés, régénérés dans la grâce de notre Baptême, mais, réconciliés avec Dieu, avec nos frères et avec nous-mêmes ; nous recevons le souffle qui jaillit de son cœur passionnément attaché à ce que nous devenions ses enfants bien-aimés et que nous soyons liés à Lui par une alliance indestructible, , ne formant qu’une seule famille, une seule communauté, un seul peuple.
Si telle est sa miséricorde envers nous, ne pouvons-nous pas à notre tour vivre et témoigner de la miséricorde envers nos proches ? Faisons venir à la lumière de notre conscience les situations où notre cœur se montre dur, fermé, se permettant de juger des situations de souffrants sans les avoir accueillis quels qu’ils soient, comme l’aurait fait notre Sauveur.
Ainsi nous manifesterons son immense miséricorde. AMEN !
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