HOMELIE 6° Dimanche de Pâques.Année A. Jn 14,15-21
L’Esprit Saint, PARACLET – 17 Mai
2020
« Moi, je prierai le Père, et Il vous donnera un autre
Défenseur qui sera toujours avec vous… ».
Pourquoi
donc Jésus promet-il à ses Apôtres et à nous-même un « Défenseur » ? Et nous défendre de quoi et contre
qui ?
La première
idée à rejeter, c’est de penser qu’il faudrait nous défendre contre un dieu qui
nous accuserait de tous nos péchés. Même Jésus ne nous jugera pas : sa
Parole seule révèlera nos erreurs et notre méchanceté. Son Père ne l’a-t-Il pas
envoyé pour nous sauver ?
Dans la
Bible et en particulier les Évangiles, quel
est l’adversaire, l’ennemi de l’homme, celui qui veut le voir tomber ?
Il a de nombreuses appellations : le “Satan” (}=&): “l’adversaire”,
“l’ennemi”, “l’accusateur”… Jésus le désigne encore par le “prince de ce
monde”, car c’est bien l’esprit de ce monde qui met les disciples du Seigneur
en procès continuel.
Il est vrai
que suivre les commandements du Seigneur, “ses prescriptions ”, n’est pas chose
facile. Ils vont à rebrousse-poil, d’abord, de nos propres inclinations, désirs,
souvent légitimes, de tranquillité, de bonheur : pourquoi s’occuper des
autres ? Ça peut être bien dérangeant et décevant ! Pourquoi se
priver quand c’est à notre portée ? Et tant d’autres bonnes raisons… Qui
nous défendra contre nous-mêmes et nos pentes naturelles à protéger notre vie
au détriment d’appels à la justice, au partage, à la bonté et à l’amour du
frère ? Car “ Qui veut sauver sa vie la perdra ”. Qui nous aidera
à “trouver
notre vie” (Mt 16, 25) en n’ayant
pas peur et étant assez fort pour accepter de la perdre et donc de la sauver ?
De façon plus générale, qui nous
aidera à avancer à contre-courant des mentalités, souvent médiatisées, qui sous
couvert de compassion, veulent donner la mort ; sous couvert de liberté,
sont égoïstes et individualistes ; sous couvert d’efficacité, laisse
dans la misère tant de personnes au profit de quelques nantis ?
Alors, voyons quel
est ce “Défenseur” que Jésus a promis de nous envoyer.
Le texte liturgique a traduit le Défenseur par le grec “Paraclet” parakléton : ( de “para”
“à côté de” ; kléton : de “kaleo”
“appeler”) : “Celui qui est appelé à côté de quelqu’un”, un avocat (ad-vocatus,
en latin : appelé à) qui assiste un accusé lors de son procès en lui “soufflant”
des réponses pour sa défense. C’est aussi un conseiller, un interprète et
même un intercesseur et un consolateur. C’est donc un terme très riche en
significations que l’Évangile a choisi pour exprimer cette personne que Jésus
va envoyer. Cet Esprit de Vérité
apporte aux croyants la pleine lumière sur le Père et le Fils et nous révèle
leur regard et leur action bienveillante pour notre pauvre humanité.
Ainsi nous pouvons compter sur Lui
pour nous éclairer et nous aider en toute situation. C’est Lui, par exemple,
qui nous permettra une vraie compassion auprès de celui qui souffre, cherchant
à le soulager autant qu’il est possible, mais en restant une présence pleine
d’écoute, de respect, parfois de silence. C’est Lui qui nous aidera à exercer
notre liberté en même temps que notre responsabilité en étant solidaire de ceux
qui vivent des situations de précarité. C’est encore Lui qui nous fera renoncer
à une efficacité immédiate qui ne conduit qu’à un cumul de richesse et prépare
les révoltes de ceux qui n’en peuvent plus.
Pierre nous invitait “à
rendre compte de l’espérance qui était en nous”, évitant tout propos
triomphaliste ou totalitariste et sûr de lui-même mais “en le faisant avec douceur et
respect” comme le rappelait le Concile Vatican II et le fait sans
relâche le successeur de Pierre, le pape François, par exemple récemment, en s’adressant
à tous les pays pour annuler ou au moins réduire la dette des pays les plus
pauvres.
Il y a bien des chantiers où les
chrétiens peuvent apporter au monde une intelligence éclairée et une force
d’action : encore faut-il accueillir et même prier le Paraclet, l’Esprit
de vérité. En préparation à Pentecôte, faisons-le dès à présent.
AMEN !
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