HOMELIE 6ème
Dimanche Ordinaire A. Mt 5, 17-37
16 Février 2020
S’il y a une question qui
fait difficulté dans l’Église et le monde d’aujourd’hui, c’est bien la question
de la fragilité de l’union conjugale. Nous connaissons tous et côtoyons des
personnes issues de couples séparés, divorcés ou divorcés-remariés : elles
souffrent bien souvent et nous souffrons avec elles. L’Évangile de ce jour,
entre autres recommandations de Jésus, y fait allusion : « Si
quelqu’un renvoie sa femme, qu’il lui donne un acte de répudiation »
(sous-entendu, pour que tous les deux soient libres, pouvant envisager une
nouvelle union). Et Jésus d’affirmer : « Eh bien moi je vous
dis : tout homme qui renvoie sa femme, sauf en cas d’union illégitime, la
pousse à l’adultère ; et si quelqu’un épouse une femme renvoyée, il est
adultère. »
Fort de
cette injonction du Christ, beaucoup de
gens et de chrétiens, soit se révoltent, soit adoptent une
attitude de distance, voire de rejet de ces personnes en situation de rupture
conjugale. Jean-Paul II, en 1981, dans son exhortation apostolique “Familiaris
consortio”, traitant des “tâches de la famille chrétienne
dans le monde d’aujourd’hui” aborde ces questions. Il distingue le cas des
personnes séparées ou simplement divorcées civilement, sans qu’il y ait une
nouvelle union contractée, d’avec les divorcés remariés. Voici ce qu’il
écrivait au sujet des premiers : « La
solitude et d'autres difficultés encore sont souvent le lot du conjoint séparé,
surtout s'il est innocent. Dans ce cas, il
revient à la communauté ecclésiale de le soutenir plus que jamais, de lui
apporter estime, solidarité, compréhension et aide concrète afin qu'il puisse
rester fidèle même dans la situation difficile qui est la sienne ; de
l'aider à cultiver le pardon qu'exige l'amour chrétien et à rester disponible à
une éventuelle reprise de la vie conjugale antérieure »
« Le
cas du conjoint qui a été contraint au divorce est semblable lorsque, bien
conscient de l'indissolubilité du lien du mariage valide, il ne se laisse pas
entraîner dans une nouvelle union, et s'emploie uniquement à remplir ses
devoirs familiaux et ses responsabilités de chrétien. Alors, son témoignage de
fidélité et de cohérence chrétienne est d'une valeur toute particulière pour le
monde et pour l'Église ; celle-ci doit plus que jamais lui apporter une aide
pleine de sollicitude affectueuse, sans
qu'il y ait aucun obstacle à son admission aux sacrements. » n°83
En ce qui concerne les divorcés remariés, voici ce qu’il
recommande : « Avec le Synode,
j'exhorte chaleureusement les pasteurs et la communauté des fidèles dans son
ensemble à aider les divorcés remariés. Avec une grande charité, tous feront en sorte qu'ils ne se sentent
pas séparés de l'Église, car ils peuvent et même ils doivent, comme baptisés, participer à sa vie. On
les invitera à écouter la Parole de Dieu, a assister au Sacrifice de la messe,
à persévérer dans la prière, a apporter leur contribution aux œuvres de charité
et aux initiatives de la communauté en faveur de la justice, à élever leurs enfants
dans la foi chrétienne, à cultiver l'esprit de pénitence et à en accomplir les
actes, afin d'implorer, jour après jour, la grâce de Dieu. Que l'Église prie
pour eux, qu'elle les encourage et se montre à leur égard une mère
miséricordieuse, et qu'ainsi elle les maintienne dans la foi et l'espérance ! » n°84
Les divorcés remariés ne sont donc pas excommuniés, c'est-à-dire en-dehors de la
communion ecclésiale. Cependant, l’Eucharistie étant le signe
par excellence de l’Alliance d’Amour du Christ avec l'Église, comme le
sacrement de mariage en est lui-même le signe, il est demandé à ceux qui ont
rompu leur alliance en contractant une nouvelle union de ne pas communier au
Corps du Christ.
La situation des divorcés
remariés est épineuse pour l'Église catholique qui veut à la fois manifester la miséricorde Jésus, en pleine
communion avec son Père, et défendre
le principe de l’indissolubilité du
mariage tel qu’Il l’a demandé. C’est une ligne de crête délicate à suivre
entre la compréhension et l’accueil des personnes dans leurs situations souvent
douloureuses et l’exigence de leur engagement pris devant Dieu, leurs témoins
et leurs familles en vue de la croissance de leur amour mutuel et de celui envers
leurs enfants. Seul l’Esprit Saint pourra nous faire trouver une réponse sans
doute différente pour chacun, mais qui respecte la Parole du Christ :
alors prions-le de nous éclairer et de nous rendre respectueux et accueillant à toutes ces personnes et prions
pour eux, leurs enfants. En abordant
cette question, le Synode de la Famille qui s’est réuni par trois fois depuis
2014 a donné ses conclusions au Pape François qui nous fera part de ses
réflexions et vraisemblablement décisions qui ne seront évidemment pas en
contradiction avec les paroles du Christ mais en accord avec sa miséricorde.
AMEN !
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