HOMELIE 32ème Dimanche Ordinaire Année C, Luc
20, 27-38.
10 Novembre 2019
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Pour
prendre en défaut Jésus sur son enseignement, des Sadducéens, qui prétendent
qu’il n’y a pas de résurrection, viennent Lui présenter un scénario pittoresque
et sournois, ressemblant à un cas d’école destiné à montrer les aberrations de
la croyance en la résurrection.
“Qu’y a-t-il après la mort ?” Ce n’est
pas une question anodine puisque tout le monde se la pose depuis les débuts de
l’humanité : Que reste-t-il de nos amours, de nos liens d’affections, de
ce que chacun a vécu d’unique ? Question
qui est revenue en ce temps où nous avons évoqué nos défunts.
De
tout temps, on a recherché les mots et les images capables de représenter la
vie après la mort. Toutes
les civilisations de l’Antiquité l’on fait : égyptiens, babyloniens,
grecs, romains, sans compter celles d’Extrême Orient, et aujourd’hui encore, se
font jour régulièrement des doctrines sur la réincarnation, bien différentes de
celles du Bouddhisme. Aucune n’a évité
la tentation d’imaginer une vie après la mort à l’identique de la nôtre.
Les Sadducéens n’y échappent pas non plus.
Jésus
va présenter sa propre conception de la résurrection. Tout
d’abord, Il affirme la différence
radicale entre la vie terrestre et la vie nouvelle dont on hérite en
ressuscitant. Dans ce monde-ci, les humains engendrent et meurent. La
sexualité assure la survie de l’espèce. En ressuscitant, on ne connaît plus la
mort : plus besoin de procréer : “Ils sont semblables aux
anges ”. Cette expression signifie que la résurrection des morts n’est pas
un retour à la vie terrestre, mais une
nouvelle création. On ne peut l’imaginer puisque nous n’avons pas de modèle,
si ce n’est le Christ. Notre résurrection sera donc une transformation radicale
de notre être humain qui nous fait naître à la condition céleste, celle des
anges et met les êtres humains en présence du Dieu vivant, comme le sont
eux-mêmes les anges.
Est-ce à dire que les liens qui nous
ont unis dans cette vie terrestre n’existeront plus ?
Tout l’Evangile dit le contraire puisque ce que nous faisons, et donc toutes
les relations d’amour que nous vivons maintenant, nous accompagne dans le
Royaume où triomphe l’amour, comme Jésus nous l’a montré en ressuscitant. Et
donc, bien sûr, les relations d’amour conjugal, parental, filial ou amical. Mais elles seront vécues autrement.
Jésus ajoute à cette présentation de la résurrection un recours
au texte de la Loi, que ses adversaires ne contestent pas. Si vous dites que
Dieu ne s’intéresse qu’aux vivants et qu’il se désintéresse des morts, comment
se fait-il que Moïse lui-même, au buisson ardent, dans le Sinaï, appelle le
Seigneur le “Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob” ? C’est
qu’à ses yeux, ils sont vivants !
Ils sont, bien que morts, appelés à une vie éternelle auprès de Lui. Moïse fait
référence à l’Alliance que Dieu a faite avec ces patriarches ainsi qu’aux
promesses qu’Il leur a données de veiller sur leur descendance. Dieu est fidèle
à sa Parole et rien, pas même la mort, ne peut empêcher cette fidélité. Il en
va de sa crédibilité : oui ou non, est-il un Dieu juste qui rend
justice ? “Il n’est pas le Dieu des morts
mais bien des vivants : tous vivent en effet pour Lui”.
Jésus confirme donc la foi profonde et héroïque des
sept frères Martyrs d’Israël qui a été
exprimée dans la première lecture de ce jour. Elle n’est pas qu’une idée. Jésus
Lui-même en sa personne a vécu la mort et la résurrection. Celle-ci a été constatée par nombre de témoins,
des Apôtres jusqu’aux cinq cent frères réunis, comme le rapporte St Paul dans
sa 1ère Lettre aux Corinthiens, ch.15.
Ainsi,
les hommes qui aiment vraiment et se donnent au service de leurs frères, se conduisent,
consciemment ou inconsciemment, selon la loi divine de l’amour fraternel. Ils portent en eux le germe de la vie
nouvelle.
Préparons-nous,
comme eux, à “ne pas mourir” mais à marcher
vers cette joie merveilleuse des vivants : leur gloire est d’avoir,
comme Jésus et avec Lui, triomphé de la mort par le don d’eux-mêmes. C’est ce
que nous allons célébrer maintenant dans cette Eucharistie, mémorial de Sa mort
et de Sa résurrection, qu’Il a inauguré pour tous.
AMEN !
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