HOMELIE 24ème Dimanche Ordinaire C, Lc
15,1-32
15 Septembre 2019.
« Toi mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est
à moi est à toi » Lc 15,31
Cette parole, pleine de tendresse et de générosité du Père,
convaincra-t-elle le fils aîné ? Finalement, qu’a-t-il décidé ?
Va-t-il rentrer à la maison, se joindre à la fête et se réjouir de retrouver
son frère « qui était mort et qui est revenu à la vie » ?
Ou bien rester dehors, seul avec son amertume ? Le récit ne le dit pas et
Jésus laisse ceux qui l’ont critiqué décider de ce qu’ils vont faire vis-à-vis
de Lui. Il est tellement dérangeant par sa miséricorde et son souci de ceux qui
sont perdus ! Mais ne révèle-t-Il pas l’amour inconditionnel du Père, cet
amour qu’on a tant de mal à comprendre et à imiter tant il ne se vit pas comme
un “donnant-donnant”, mais qu’il se donne sans retenue. Ne faudrait-il pas,
d’ailleurs, donner au père de ces enfants le surnom de « Père Prodigue » à l’image de Dieu, Père, au lieu de le
donner à son fils qui n’est prodigue que parce qu’il disperse les dons reçus de
son père ?
C’est justement ce que ne comprend pas le fils aîné. Ne le
méprisons pas trop vite : c’est quelqu’un de bien, qui peut dire à son
père : « Il y a tant d’année que je suis à ton service, sans avoir jamais
désobéi à tes ordres ». Qui peut en dire autant ? Pendant que
commence la fête, il est encore au travail ; il est le fidèle, qui ne
s’est jamais éloigné de son père. Mais voilà : il peine à découvrir qui est
vraiment ce père qui ne s’était jamais vraiment remis du départ de son frère
plus jeune. Il pense que l’amour de son
père lui est dû : « donnant-donnant » ! Plus encore,
replié sur lui-même, il n’a jamais osé lui demander un chevreau pour festoyer
avec ses amis. Il ne comprend ni son père, ni même son frère, qui, lui, s’est
souvenu de la générosité de son père vis-à-vis de ses ouvriers et a osé, sans
doute de façon calculée, revenir vers lui. Finalement, n’est-ce pas le fils aîné et non le fils prodigue qui est en plus grand
danger de se perdre ? Il en va ainsi, je crois, de nous-mêmes lorsque
trop satisfaits de nous et de nos efforts pour rester fidèles, nous risquons
d’oublier la folie de l’amour de Dieu. Il nous presse d’aller vers ceux qui
sont perdus, loin de nos communautés familiales, paroissiales, scolaires,
sociales ou politiques, parce que bien différents, étrangers à nos manières de
faire ou de penser, parfois prisonniers d’eux-mêmes ou des “veaux d’or” qu’ils
adorent. (cf. 1ère Lecture de ce dimanche : Ex 32, 7-14).
Notre pape François, (que certains voudraient traiter d’hérétique, car
son attitude évangélique envers ceux qui sont loin les dérangent), ne nous
invitent-il pas continuellement à aller
vers ceux que nous ne voyons pas dans nos assemblées et qui sont pourtant
baptisés ? N’ont-ils pas quelque chose à dire de leur absence ou de leurs
manques à l’égard de l’Église, de notre communauté paroissiale ? Ne
sont-ils pas en recherche eux-mêmes ? Laissons-nous interroger par ces
personnes dont les situations pourraient changer notre regard. N’est-ce pas
également la fonction « diaconale »,
de service de chaque baptisé et que les diacres, par leur présence et leurs ministères mettent en
lumière ?
Et puis, Seigneur, fais-nous ressentir, la souffrance de toute
séparation, division, rejet au sein de ta maison et dans le monde. La joie dont
parle l’évangile pourrait-elle naître sans la totalité rassemblée, l’unité
retrouvée ? C’est bien là ton souci Seigneur !
Alors, « tu laisses les quatre-vingt-dix-neuf autres
brebis dans le désert pour aller chercher celle qui était perdue, jusqu’à ce
que tu la trouves » ! Ça peut durer très longtemps, comme
l’attente du père à l’encontre de son fils cadet. Mais au terme, il y a la joie
et la fête.
Que le Seigneur que nous célébrons et accueillons en ce Dimanche
nous aide tous à être patients comme Il est patient, St Paul nous le
rappelle dans la 2ème lecture de ce dimanche ; à le comprendre
et le suivre en demandant à l’Esprit Saint le petit grain de folie de l’Évangile loin de toute sagesse humaine, mesurée et modérée, « car
ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes » dit St
Paul dans sa lettre aux Corinthiens. (1 Co 1,25). Qui sait s’il ne nous
permettra pas de retrouver beaucoup de brebis perdues pour sa plus grande joie
et la nôtre !
AMEN !
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