HOMELIE 21ème
Dimanche Ordinaire, 2 Août 2019 –
Lc
13,22-30
« Seigneur,
n’y aura-t-il que peu de gens
à être sauvés ? »
Question qui était bien d’actualité à l’époque puisque certains
rabbins affirmaient que tous les
Israélites auront part au monde futur (Mishna, Sanhédrin X, 1) ; mais d’autres
rabbins soutenaient que ceux qui
périssent sont plus nombreux que ceux qui seront sauvés (Quatrième Esdras IX,
15).
Comme d’habitude, Jésus ne répond pas à la question ou plutôt, il
entraîne plus loin. Quelle est en effet la vraie question ? N’est-ce
pas : « Est-ce que moi je
serai sauvé ? Et comment ? Qui peut me le dire ? »
Personne : mais voici les conditions. « Efforce-toi d’entrer par
la porte étroite ». Quelle est cette porte étroite et où se trouve-t-elle
? Elle est dans ma vie de tous les jours. Mais, tout d’abord, une remarque de
bon sens : plus je suis chargé, encombré, plus une porte me paraît
étroite ! Il me faut m’alléger, me détacher de certaines choses non
nécessaires, futiles et sans doute de “l’encombrante
personne qui est moi-même” disait avec humour St Thomas Moore: traduisez, de
mon ego prédominant.
Mais Jésus dit mot à mot: « Luttez pour entrer par la
porte étroite». Il parle de l’effort qu’il faut faire pour entrer dans
le Royaume de Dieu. Ces efforts se présentent à nous le plus naturellement du
monde. Ainsi, le moindre geste d’attention aux autres, la moindre parole
bienveillante, chaque tentative que je fais pour me dominer, pour ne pas céder
à mon propre plaisir ou à ma mauvaise humeur, mais au contraire pour aller vers
quelqu’un qui a besoin de moi, est toujours une façon de passer par la porte
étroite. Chaque fois que je ne rends pas le coup injuste que l’on m’a infligé,
chaque fois que je dis « oui » à une croix que j’ai à porter, je fais
un bout de chemin par la porte étroite qui mène au Royaume. Par cette image de la porte étroite, Jésus
nous redit le sérieux et même les difficultés de la condition humaine et en
même temps, la nécessité absolue de se convertir sans cesse aux valeurs de l’Évangile. Mais qu’écrit St Jean désignant Jésus ? « En
vérité, en vérité je vous le dis, je suis la porte des brebis…Si quelqu’un
entre par moi, il sera sauvé » (Jn 10,7.9). Voilà, d’une certaine
façon, la réponse qu’il donne à la question posée au début de notre Évangile. Si
la porte c’est bien Lui, alors il suffit, non sans luttes, de le suivre mais ne
nous accompagne-t-Il pas, comme une autre comparaison qu’Il fait de Lui-même dans
ce même passage d’Évangile de St Jean, où Il se présente comme le Beau Berger ?
(Jn 10)
Jésus continue avec l’image de la porte qui cette
fois-ci est fermée. Il y a un véritable risque de rester dehors, à
l’extérieur du Royaume, parce que nous aurions été mot à mot, "ouvriers
d’injustice" et que notre vie serait incompatible
avec celle du Royaume de l’Amour.
Jésus adresse à ceux qui le connaissent, à nous, un appel urgent et
insistant pour s’engager dans une vraie attitude de conversion. D’autres, « venant
du levant et du couchant, du nord et du sud, (qui ne l’ont pas connu ni
fréquenté), se verront ouvrir la porte et se mettront à table », car
leur vie sera faite de tous ces passages de portes étroites que nous avons
évoqués et qui les ont fait connaître du « maître de maison », parce qu’ils
ont vécu selon son Esprit.
Ne nous étonnons pas de voir le Christ annoncer pour le Royaume un
renversement de situations humaines : « Oui, il y a des derniers qui seront
premiers et des premiers qui seront derniers » comme dans le Magnificat.
Encore une fois, toute familiarité superficielle avec le Christ, toute piété sans
conversion ferait trouver la porte fermée. Nous sommes invités avec insistance par
le “maître de maison”,
Jésus Lui-même, à entrer par la porte étroite pour nous introduire dans la
compagnie “d’Abraham, Isaac et Jacob et
de tous les prophètes” et bien sûr, en sa compagnie plus qu’amicale,
divine ! N’hésitons pas ; avançons sans peur avec Lui en passant par ces portes
étroites qui se présentent à nous : n’est-Il pas toujours avec nous ?
AMEN !
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