HOMELIE 4ème Dimanche de Pâques Jn 10,
27-30 –
12 Mai 2019.
« Je suis le Bon Pasteur »
Dans les textes liturgiques de ce Dimanche, avez-vous remarqué deux
images qui parlent de Jésus-Christ ? L’apocalypse le présente comme l’Agneau qui a donné son sang ;
l’évangile de Jean révèle Jésus se présentant Lui-même comme le Bon Pasteur. Y aurait-il contradiction
entre ces deux images ?
L’Apocalypse nous donne déjà une réponse, puisque le texte que nous
venons d’entendre dit explicitement : « … L’Agneau qui se tient au milieu du
Trône sera leur Pasteur pour les conduire vers les eaux de la source de
vie ».
Les images bibliques, si elles peuvent apparaître déroutantes et
même opposées, sont là pour nous aider à approcher la riche réalité des
situations ou des personnes. Elles ne fonctionnent pas en : « Ou Jésus est l’Agneau, ou Il est le Pasteur » mais « Jésus est à la fois l’Agneau et le
Pasteur ».
Comment ? Le Christ est l’Agneau
Pascal qui, selon la foi juive, rachète les hommes au prix de son
sang ; Il est aussi le Serviteur de
Yahvé, agneau muet qui va au sacrifice, dans le livre d’Isaïe (Is 53).
Jésus n’a-t-Il pas vécu sa Passion comme ce Serviteur ? N’est-il pas mort au moment où l’on sacrifiait l’agneau pascal ?
Mais Il est aussi, comme l’écrit
l’évangile, “Beau Pasteur”, kalos,
en grec, au sens de noble,
honnête, vrai ; tout différent du mercenaire qui ne travaille que pour de
l’argent. Il est beau parce qu’Il
connaît chacune de ses brebis, chacun d’entre nous ; Il fait attention à
tous. Nous sommes tous uniques pour Lui ; nous Lui sommes très précieux à tel point qu’Il ne
veut pas se séparer de nous : Il nous donne la vie éternelle !
Le Beau/Bon, le vrai pasteur n’est pas pasteur pour lui-même, mais
pour son troupeau et, parce qu’Il est uni à Celui qui est à l’origine de toute
vie, Il donne vie, puisque tout son être dans son union au Père, guide le
troupeau vers ce qui le nourrit, le désaltère.
Ainsi doit-il en être de ceux que l’Église, au nom du Christ, a
appelés comme pasteurs. Tellement unis au Christ qu’ils sont aussi agneaux offerts. Ils donnent leur vie pour leur
troupeau ; Ils connaissent les membres de ce troupeau, en prennent soin,
le conduisent vers ce qui est vital. Ils restent toujours en union avec le seul
Pasteur, Jésus-Christ. C’est cela qui permet de discerner une vocation sacerdotale
parmi bien d’autres appels non moins nécessaires au peuple de Dieu, mais qui
n’est pas la prise en charge du troupeau, comme il est demandé au Pape, à
l’évêque ou au prêtre.
Mais comment discerner un
appel de Dieu à ce ministère comme, d’ailleurs, à toute autre mission qu’Il
voudrait nous confier ?
La première condition me semble la plus nécessaire : faire taire les bruits extérieurs,
images, idéologies ou modes qui nous rendent étrangers à nous-mêmes pour trouver un silence habité. Ce silence
nous fait voir l’essentiel, c'est-à-dire le dessein de Celui qui nous a fait
venir à la vie parce qu’Il nous aime et qu’Il est fidèle. Alors l’envie est
non seulement de ne plus Le quitter mais de Le faire connaître à
d’autres. C’est à mon sens le cœur de toute vocation : laïque,
sacerdotale ou religieuse, et en tout cas celle à laquelle j’ai répondu pour ma
part et à laquelle je réponds encore aujourd’hui.
C’est donc avec une immense humilité et la conscience aigüe de ne rien pouvoir faire sans Lui qu’une femme, un
homme peut envisager de s’engager à répondre et à vivre son appel.
Prions pour tous ceux qui y ont répondu.
Prions pour ceux qui pensent y répondre.
Prions aussi pour ceux qui ont du mal à tenir ou qui ont failli.
Prions pour favoriser l’accueil de tels appels dans nos familles et
autour de nous,
Remercions le Seigneur de nous adresser son appel et de nous en
avoir jugés dignes malgré nos limites et nos faiblesses.
Enfin, prenons des moments de silence où nous rentrons en
nous-mêmes pour entendre sa voix.
AMEN !
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