HOMELIE TOUSSAINT.
Jeudi 1er Novembre 2018.
Les Béatitudes (Mt 5, 1-12a)
Quel paradoxe entre l’attrait suscité par l’invitation joyeuse de
Jésus à être heureux et le défi que lance au bon sens commun de l’homme chaque
béatitude ! Vous avez entendu : « Heureux les pauvres, les doux,
ceux qui pleurent, les affamés de justice, les miséricordieux… » Mais c’est tout le contraire ! Tous ces
gens-là n’intéressent personne et même on les fuirait comme des rabat-joie ou
des gêneurs.
Et pourtant, ceux-là même qui les critiquent et s’en moquent sont-ils vraiment heureux ?
Il convient bien sûr de ne pas faire de fausse interprétation sur
ces béatitudes et tout d’abord, de les traduire correctement. Pauvre n’est pas
opposé à riche, mais à orgueilleux (Pauvre
de cœur, mot à mot : « petit de souffle » c'est-à-dire non
rempli de soi-même, et donc il y a de la place pour les autres… et pour
Dieu ! Toutes les autres béatitudes en découlent mais elles peuvent
nous effrayer par leurs exigences.
C’est là que les saints nous sont d’un grand secours à condition de
ne pas les prendre d’abord comme des
héros, mais comme des femmes et des hommes de foi qui ont fait confiance en
écoutant et suivant leur maître et Seigneur Jésus.
Croyez-vous
que les François d’Assise, les Vincent de Paul, les mères Teresa, les Charles
de Foucault, les Jeanne Jugan ou les curés d’Ars bref tous les bienheureux et
les saints aient été au départ des champions de l’Évangile ? Je ne crois
pas, mais un jour ou petit à petit, ils ont été touchés par une parole du
Christ et ils ont découvert qui était le Père dont parlait si souvent Jésus. Un
Père passionnément amoureux des hommes et qui désire que chacun devienne son
enfant comme nous le rappelait St Jean dans la deuxième lecture de cette fête.
Bien sûr, Le Père compte sur notre concours et ne fait rien sans nous :
c’est une question d’amour respectueux. La multitude de ces hommes et de ces
femmes que nous dévoilait l’Apocalypse a
donc écouté le Fils et mis en œuvre une des béatitudes en l’accomplissant
jusqu’au bout.
L’humilité pour
Saint François,
le curé d’Ars, Sainte Bernadette, la petite Thérèse ; la douceur et la sagesse
spirituelle pour Saint
François de Salles ; la soif de justice pour Jeanne d’Arc, Marcel Calot, Mgr. Oscar Romero
ou l’aumônier allemand Franz Stock ; la miséricorde pour mère Teresa, Jeanne Jugan ou Sr Faustine ; la fidélité dans la persécution pour
sr. Edith Stein et sa solidarité avec son peuple d’origine… Vous en nommeriez
bien d’autres, canonisés, béatifiés ou en voie de l’être ; peut-être aussi
parmi un proche de votre famille ou de vos connaissances qui ont illuminé leur
vie par l’humilité, la douceur, la patience, la compassion, la droiture et le
pardon. Vous en trouveriez même parmi les membres d’autres confessions
chrétiennes (comme Martin Luther King ou Bonhöffer) ou même encore s’inspirant
de l’esprit évangélique, sans être chrétien, comme Gandhi. En chaque témoin, nous
pouvons retrouver l’une ou l’autre des Béatitudes proposées par Jésus. Chacune
conduit au vrai bonheur, celui d’aimer en vérité et de rencontrer Dieu, source de cet amour. Et
enfin, de devenir son enfant bien-aimé.
C’est
en nous engageant sur ce chemin de bonheur que l’Esprit de Dieu transforme
notre cœur en venant l’habiter et en combattant contre les forces du mal, comme
encore cette multitude de gens vêtus de blanc dont parlait l’Apocalypse et qui était
sauvée par Jésus, l’Agneau. Jésus n’a-t-Il pas illustré Lui-même ces Béatitudes
tout au long de sa vie ?
En
Communion avec Lui et avec tous les saints et bienheureux, choisissons l’une des béatitudes et familiarisons-nous avec l’un ou l’autre de ces aînés dans le
Royaume qui l’ont particulièrement bien illustrée en le prenant comme “parrain”
ou “marraine”, non seulement comme notre modèle, mais également comme
intercesseur, actif auprès du Père dans cette immense Communion des Saints que
nous proclamons chaque Dimanche dans notre Credo.
Rendons
grâce au Seigneur pour le Trésor spirituel qu’Il nous offre et Bonne Fête à
Tous !
AMEN !