HOMELIE de Pentecôte. Année B Jn
15, 26-27 ; 16, 12-15
20 Mai 2018
“Quand viendra le Défenseur, que je vous enverrai d’auprès du
Père...” Jn 15, 26
Qui est ce “Défenseur, l’Esprit de vérité qui procède du Père” ? En grec, il
s’appelle “Paraclet” de “para” [qui signifie “à côté”,
comme parabole, un récit que l’on
jette, “ballo”, à côté de notre vie pour en découvrir le sens] et de “clètos” qui signifie “appelé, convoqué”
et qui vient du verbe “kaléo”, appeler, convoquer, comme dans “ekklésia”, l’assemblée de ceux
appelés par le Christ qui constituent l’Eglise]. Le Paraclet est donc celui qui
est appelé à côté de nous [en latin, “ad-vocatus”] pour souffler notre
défense.
Mais de qui va-t-il nous
défendre ?
De trois ennemis.
D’abord, le monde. Dimanche dernier,
Jésus disait aux disciples qu’ils n’étaient pas du monde, mais qu’ils étaient dans
le monde. Pour définir le monde tel que Jésus le désigne dans ce passage
(car il est aussi aimé par Dieu : Jn 3,16), on peut reprendre l’énumération
de St Paul dans la
lettre aux Galates (Ga 5, 16-25) que nous venons
d’entendre (excellent pour un bon examen de conscience…) : ce qui est débauche,
impureté, obscénité, idolâtrie, magie, haines, jalousie, divisions, sectarisme,
rivalités, beuveries, gloutonnerie et autres choses du même genre :
bref tout ce qui déshumanise. Le Paraclet nous en défend et produit en nous des
fruits : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, humilité et
maîtrise de soi… L’esprit du monde agresse continuellement bien des
aspects de la vie que les chrétiens proposent ; la dérision, le mensonge l’hostilité,
la haine et la violence sont ses armes. Mais les saints, comme Jésus face à ses
adversaires, ont souvent désarmés leurs accusateurs par une sagesse inspirée.
Ainsi la petite Jeanne d’Arc à qui ses juges ecclésiastiques demandaient si
elle était en état de grâce répondit : « Si j’y suis, Dieu m’y garde, si je n’y suis pas, Dieu m’y
mette ! » Ou de Ste
Bernadette de Lourdes répondant à ceux qui l’interrogeaient sur ses récits d’apparition :
« Je ne suis pas chargée de vous le faire croire mais de vous le dire »
Le deuxième ennemi, c’est
nous-même, lorsque nous nous laissons aller à nos pulsions et notre
égocentrisme, mais aussi, au mépris ou rejet de nous-mêmes, parce que nous
n’acceptons pas nos limites, nos imperfections, parce que nous nous sommes
fait une trop haute idée de nous-même, qui ne correspond malheureusement pas à
la réalité de ce que nous sommes. Là encore, le Défenseur produit en nous les
fruits de douceur, d’humilité et de maîtrise de soi.
Enfin, le dernier ennemi, c’est Dieu ou plutôt,
l’image que nous nous en faisons : tantôt juge sévère et exigeant, empêcheur
de “vivre sa vie” ; tantôt
“bon-papa gâteau”, fermant les yeux sur nos bêtises et laissant un peu tout
faire. Le Paraclet nous guidera vers la
vérité toute entière sur Dieu. Il nous permettra d’entrer dans
l’intelligence profonde de la mission de Son Fils qui est sa parfaite
image ; du don qu’Il nous a fait à tous, manifestant l’amour du Père qui
surpasse tout ce que l’on peut imaginer.
Plus encore : il nous fait comprendre la place que nous avons
chacun dans la communauté à laquelle nous appartenons, notamment dans notre
paroisse : « Chacun a reçu le don de manifester l’Esprit en vue du bien de
tous » (1 Co 12,7).
Il en va ainsi pour les 150 adultes du diocèse, dont cinq de notre
paroisse, qui sont confirmés à la cathédrale St Louis en cette Vigile de
Pentecôte.
Que l’Esprit Saint nous fassent à tous les dons adaptés à la mission
que nous avons reçue de Lui et ceux nécessaires
à une vie de chrétien authentique, qui est dans le monde, mais non pas du
monde. Voilà pourquoi il est bon de l’appeler tous les jours et en
particulier lorsque nous avons des choix et des décisions importantes à prendre
ou des échanges délicats à mener à bien.
Qu’Il nous fasse vivre de manière plus résolue notre état d’homme
nouveau reçu à notre Baptême !
AMEN !
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