HOMELIE
ASCENSION B. Mc 16,15-20
10 Mai 2018
« Allez dans le
monde entier. Proclamez la
Bonne Nouvelle
à toute la
Création »
Étonnante
que cette finale de l’Evangile de St Marc. Une Bonne Nouvelle proclamée, au
terme de laquelle la réponse doit être claire et sans appel : « Celui
qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui refusera de croire sera
condamné ». Paroles abruptes : comment les comprendre ?
La première partie exprime bien ce qu’apporte le Baptême à qui le reçoit dans
la foi : il fait entrer dans la même communion d’amour du Père, du
Fils et de l’Esprit Saint et ainsi sauve de la mort spirituelle. Il
reste que personne n’est obligé d’y adhérer ; chacun a la possibilité de
refuser de croire et de se détourner du salut offert par Jésus. St Marc
n’envoie pas en enfer celui qui ne croit pas mais il rappelle que le Seigneur
ne peut forcer personne à croire en Lui et que seuls ceux qui ne veulent pas
entrer dans son Royaume n’y entreront pas. Le Concile Vatican II dit très
clairement : « Ceux qui sans qu’il y ait faute de leur part,
ignorent l‘Évangile du Christ et de son Eglise, mais cherchent Dieu d’un cœur
sincère et s’efforcent, sous l’influence de la grâce, d’agir de façon à
accomplir sa volonté telle que leur conscience la leur révèle et la leur dicte,
ceux-là peuvent arriver au salut éternel » (Lumen Gentium §16).
Avez-vous
remarqué que, à la différence des autres évangélistes, St Marc n’écrit
pas : « Allez proclamer la Bonne Nouvelle “à toutes les nations” ou
“à toute l’humanité”. Il écrit : "A toute la création ".
Ce mot n’a pas été choisi au hasard. Le Nouveau Testament nous montre
l’incarnation du Christ comme une nouvelle création, comme le début du
retour à l’harmonie initiale de la Création annoncée pour la fin des temps. Is
11,6-8 “ Le loup habitera avec l'agneau, la panthère se couchera avec le chevreau.
Le veau, le lionceau et la bête grasse iront ensemble, conduits par un petit
garçon. La vache et l'ourse paîtront,
ensemble se coucheront leurs petits. Le lion comme le bœuf mangera de la paille. Le nourrisson
jouera sur le repaire de l'aspic, sur le trou de la vipère le jeune enfant
mettra la main.”. C’est bien le sens des miracles qu’accomplit le Christ et
que ses envoyés feront à leur tour: ils ne sont pas tant pour épater ou
convaincre mais pour manifester le rétablissement de l’harmonie initiale telle
que le Créateur l’a voulu. Gn 1-2.
Mais cette réalisation est
encore à venir. St Paul, dans l’épître aux Romains constate cet inachèvement de
la création: Rm 8,19
“ Car la création en attente aspire à la révélation des
fils de Dieu...v.22. Nous le savons en effet, toute
la création jusqu'à ce jour gémit en travail d'enfantement”. Elle sera totale lorsque le
Christ reviendra. En attendant, le Christ confie à ses Apôtres de continuer
cette œuvre de restauration. C’est à nous disciples de « travailler »
avec l’Esprit-Saint du Seigneur, non pas en “restant à regarder le ciel”
mais en étant présents et actifs dans les réalités de ce monde et de notre
société. N’y a-t-il pas des enjeux considérables, notamment à partir des toutes
les questions de justice, de paix, de respect de la vie et de toutes les
données de la Création ?
Plus que jamais la réflexion
et le discernement sont à exercer devant des situations nouvelles qui engagent
l’avenir et le bien-être et bien-vivre de nos contemporains et successeurs. Une
prise de conscience se fait de plus en plus vive et une écologie de la nature
doit être accompagnée d’une écologie humaine : Benoît XVI l’avait rappelé
aux « écologistes verts » du Bundestag lors d’un voyage en Allemagne.
Et le pape François, avec son encyclique « Laudato si… », a
repris le flambeau et ses propositions font actuellement l’objet de débats
universels.
C’est dire que la Bonne
Nouvelle a ceci d’universel : elle touche à l’intime du cœur humain et de
sa conscience qui le rend responsable. Mais surtout, elle nous met en relation
avec notre Créateur qui veut notre bonheur: Il l’a montré en son Fils qui est « assis à
la droite de Dieu» mais qui continue de « travailler avec
nous en confirmant la Parole par les signes qui l’accompagnaient » (finale
de l’Évangile).
Ces signes ne seraient-ils pas faits
aujourd’hui par toute forme de construction fraternelle qui harmonise la
création qui nous est confiée ?
AMEN
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