HOMELIE 7ème
Dimanche de Pâques– Année A– Jn 17, 1b-11a
28 Mai 2017
« Ce n’est pas pour le monde que je prie, mais pour ceux que
tu m’as donné… ».
Voilà des paroles de Jésus qui, au premier
abord, peuvent paraître étranges, voire même sectaires !
Il faut les
replacer dans leur contexte. Jésus est à la veille de sa mort. Il a célébré la Sainte Cène avec les
disciples et Il se rend aux Jardin des Oliviers où Il sera arrêté dans la nuit. Le lendemain, le
Vendredi-Saint, Il aura donné sa vie sur la croix. Il aura donc
quitté ce monde, mais les disciples, eux, resteront dans ce monde.
Quant Jésus
parle du monde, de
quoi parle-t-Il ?
St Jean emploi le mot “Cosmos” qui vient du verbe grec “Kosmeo” : orner (d’où vient le mot “cosmétique”) et ordonner,
agencer]. Il désigne non seulement l’univers, ensemble organisé, comme dans
notre langue française, mais le lieu où vivent les humains.
Dans l’usage qu’en fait l’évangéliste, “le
monde” est d’abord synonyme de toutes les forces
hostiles à Dieu et à Jésus. En effet, le lieu où les hommes vivent est devenu
le théâtre des méfaits du “prince de ce monde” (Jn 12,31 ;14,31 ; 16.12) le malin ; plus
encore, le monde est tombé en son pouvoir et de ce fait, ne connaît ni Dieu, ni
Jésus, ni ses disciples et, même, il les a pris en haine : « Si le monde vous hait, sachez
qu’il m’a haï avant vous ; si vous étiez du monde, le monde aimerait ce
qui lui appartiendrait ; c’est moi qui vous ai mis à part du monde et
voilà pourquoi le monde vous hait » Jn 15,
18-19. De plus, il ne
connaît même pas l’être humain en tant que tel : il ne cesse de le
défigurer et de le réduire à toutes formes d’esclavages. En ce sens, Jésus n’a
pas pu prier pour ce monde, celui du malin.
Paroles irréelles ?
L’actualité n’illustre-telle pas ce constat d’un
monde déshumanisé qui conduit aux pires monstruosités dans bien des pays du
monde ? Des forces de libérations se lèvent, mais à quel prix ! Et la
suppression de ces maux n’est pas encore achevée : on peut légitimement
penser que le cœur de l’homme se laissera encore longtemps saisir par l’esprit
de toute puissance et de domination, de convoitise et de perversion du prince
de ce monde
Mais de ce monde, ne nous arrive-t-il pas
parfois d’en être ?
Voilà pourquoi l’évangéliste présente aussi le
monde comme l’objet de toute la sollicitude de Dieu Lui-même, qui vient le
visiter dans sa profonde détresse. « Dieu a tant aimé le monde qu’Il
a donné son Fils, son unique, afin que quiconque croit, ait la vie éternelle.
Car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour
que, par Lui, le monde soit sauvé » (Jn 3,16).
Croire en Lui, c’est partager ses valeurs de respect de tout être humain,
depuis sa conception, jusqu’à sa mort en passant par les conditions
matérielles, sociales, psychologiques, morales et spirituelles décentes de sa
vie humaine.
Quant à la “vie
éternelle” qu’Il promet, ce n’est ni un lieu, ni un moment
qui se situerait après la mort : c’est un état dans lequel il nous est possible, dès à présent, de
demeurer, de vivre et d’aimer Celui qui nous sauve de l’esprit du monde et rend
notre vie libre, joyeuse, en communion avec les autres. A cette vie éternelle,
Jésus associe la gloire, car la gloire, qui en hébreu se dit “kavod”, désigne dans la Bible ce qui est dense, qui a de la
consistance, qui est lourd [“kaved” en
hébreu], ce qui a du sens et rayonne. Comme ceux qui généreusement vont
jusqu’au don d’eux-mêmes, contrairement à l’esprit du monde.
Il n’est pas si facile de vivre ainsi et c’est
pourquoi Jésus prie pour ceux qui ont à « rester
dans le monde sans être du monde », gardant fidèlement sa Parole. Sa Parole nous permettra
d’éclairer et de donner sens à nos existences et à notre Histoire. Il recrute
toujours des ouvriers pour, avec Lui, continuer de transformer le monde qu’Il
aime tellement.
Alors, qui que nous soyons, ne crayons pas de le
suivre !
AMEN !
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