mercredi 30 novembre 2016

HOMELIE 2ème Dimanche de l’Avent. Année A. - Mt 3,1-12 4 Déc. 2016



HOMELIE  2ème Dimanche de l’Avent. Année A. - Mt 3,1-12
4 Déc. 2016
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 « Dans l’espérance, nous avons été sauvé » Rm 8,24

La liturgie, depuis Vatican II, propose chaque dimanche trois textes de la Sainte Ecriture : le premier est le plus souvent tiré de l’Ancien Testament ; le second du Nouveau Testament et le troisième est un Evangile.
Paul, dans la lecture d’aujourd’hui, n’a-t-il pas écrit aux Romains : « Tout ce que les livres saints ont dit avant nous est écrit pour nous instruire, afin que nous possédions l’espérance grâce à la persévérance et au courage que donne l’Ecriture ». Rm 15,4.
         C’est vrai ! Ces textes ont pour but de nourrir notre foi en nous ouvrant au merveilleux dessein de Dieu. Ce dessein est de se faire connaître à nous, pour que notre confiance et notre amour en Lui grandissent dans un bonheur profond tout au long de notre vie jusqu’à la rencontre définitive. Voilà notre espérance. Elle se fera dans la joie, si nous la préparons maintenant.
         Aujourd’hui, en écoutant cette Parole de Dieu, n’avez-vous pas été frappé par le contraste étonnant entre la prophétie d’Isaïe, pleine d’espérance, et les appels musclés à la conversion d’un Jean-Baptiste ? Le premier annonçant une paix qui peut nous paraître irréelle, tant nous sommes abreuvés d’informations et d’images de conflits et de violences : « Le loup habitera avec l’agneau, le léopard se couchera près du chevreau, le veau et le lionceau seront nourris ensemble…Il ne se fera plus rien de mauvais ni de corrompu sur ma montagne sainte ; car la connaissance du Seigneur remplira le pays comme les eaux recouvrent la fond des mers » ! Quel lyrisme ! Un rêve que tant attendent !
         Jean-Baptiste tient un tout autre langage. Il s’en prend avec vigueur aux pharisiens (hommes religieux et dévots par excellence) et aux sadducéens (responsables du culte sacrificiel du Temple et liés au pouvoir en place). C’est que Jean-Baptiste prépare les chemins du Seigneur : et il faut en déblayer des obstacles ! Egoïsme du confort, volonté de puissance, recherche de garanties et de sécurités à outrance, paralysant tout effort de générosité et d’audace pour sortir ceux qui sont dans des situations écrasantes et aliénantes !
         Il s’agit bien de deux manières d’approcher le dessein de Dieu. Celle pleine de douceur du prophète Isaïe qui annonce que Dieu est fidèle et tient ses promesses : n’annonce-t-il pas  la venue d’un rejeton qui jaillira de la souche de Jessé, père de David. Isaïe en fait son portrait. « Il ne jugera pas d’après les apparences, il ne tranchera pas d’après ce qu’il entend dire. Il jugera las petits avec justices, il tranchera avec droiture en faveur des pauvres du pays… » Vous l’avez reconnu, c’est le portrait de Jésus. C’est Lui dont l’étendard de l’amour fraternel se dressera pour tous les peuples et nations qui vont le chercher, car c’est le seul, en fin de compte, qui donne la vie.
Si Jean-Baptiste est plus énergique, c’est qu’il propose un baptême de conversion : metanoia :(metanoia) de “meta” : changer et “nouss” : la mentalité. Ce baptême de conversion est nécessaire pour renoncer à tout ce qui est en contradiction avec l’amour fraternel et l’amour de Dieu. Mais ce baptême d’eau est lui-même inclus dans un Baptême plus grand et plus définitif, "baptême dans l’Esprit Saint et le feu", le feu d’amour que Jésus est venu répandre sur les hommes par sa mort et sa résurrection.
         Voilà l’espérance qui sauve.
    Merci au Seigneur de nous parler aujourd’hui par ces textes bibliques !
    Merci à l’Eglise de nous les présenter pour nous guider.
Merci à l’Esprit de nous les faire comprendre en nous comblant de ses dons : sagesse, discernement, conseil, force, connaissance et crainte du Seigneur.
Ne nous ont-ils pas été donnés à notre Baptême ? Et rappelés à notre Confirmation ?

AMEN !

vendredi 25 novembre 2016

HOMELIE 1er Dimanche de l’Avent. Année A. Mt 24,37-44. 27 Novembre 2016



HOMELIE  1er Dimanche de l’Avent. Année A. Mt 24,37-44.
27 Novembre 2016

Avènement du Seigneur

Avec ce 1er dimanche de l’Avant,  nous inaugurons une nouvelle année liturgique. Ce rythme, annuel est destiné à revisiter l’ensemble de notre foi chrétienne et à progresser grâce aux nombreux textes de l’Ecriture, que nous entendrons, dimanche après dimanche, différents d’une année sur l’autre, de l’Ancien et du Nouveau Testament. Ce n’est pas entrer dans un perpétuel recommencement, tel une rengaine, mais c’est progresser telle une hélice qui, en tournant, propulse un engin vers l’avant. Nous quittons Saint Luc pour aborder Saint Matthieu.
Propulsé à l’avant, nous le sommes en effet par l’évangile de ce premier dimanche qui aborde la question de l’avènement du Fils de l’Homme, le Fils de l’Homme étant l’appellation  que Jésus utilise pour se désigner Lui-même. Le mot « avènement » est rarement utilisé dans notre langue, si ce n’est pour désigner l’accès au trône d’un roi. Le mot grec utilisé est : parousia . Il signifie d'abord : « présence ou action de se présenter » Il s’agit bien de la venue de quelqu’un et non pas tant d’un évènement, d’un fait  qui arrive. Ce mot a pris une valeur chrétienne pour désigner l’intervention du Seigneur Jésus à la fin des temps. Aux Apôtres qui Lui ont posé la question : « Quand aura lieu cet évènement ? » Jésus, au verset précédant le texte d’aujourd’hui, leur avait répondu : « Quant à la date de ce jour et à l’heure, personne ne les connaît, ni les anges des cieux, ni le Fils, personne : le Père seul » v. 36.
Jésus va orienter les Apôtres vers une autre préoccupation et celle-ci est bien à leur portée : « Comment allez-vous accueillir cet avènement ? » semble-t-Il leur dire.
Car cette venue sera soudaine, inattendue… Comme aux jours de Noé où les gens vaquaient à leurs activités habituelles et journalières. Ainsi, Jésus leur recommande d’être prêts, de veiller. Ce qui peut davantage choquer, c’est la manière dont Jésus parle de cette venue brutale et imprévue, pouvant laisser entendre que l’intervention de Dieu serait arbitraire : « L’un est pris, l’autre laissé… ». Il ne s’agit pas d’arbitraire mais de la grande liberté que Dieu donne à chacun, car pour une même annonce, l’un aura entendu, l’autre non, et la manière dont chacun, au cœur de ses activités habituelles, veille ou non, déterminera s’il est pris ou laissé, comme il en a été de Noé, qui écoutait et faisait ce que le Seigneur disait : il fut pris et sauvé du Déluge. « Noé était un homme juste, intègre parmi ses contemporains et il marchait avec Dieu » Gn 6,9.
Veiller, ce serait donc écouter le Seigneur et être fidèle à ce qu’Il nous dit.
ü  Garder une de ses paroles et la méditer en notre cœur pour qu’elle porte du fruit. Ses paroles sont actualisées par celles qui nous viennent de notre pape François, que ce soit « La joie de l’Evangile », « Loué sois-Tu » ou « La Joie de l’Amour ». Je vous recommande de les découvrir ou de les  redécouvrir : elles sont toniques !
ü  C’est aussi accueillir les personnes qui sont mises sur notre route ou même qui vivent à nos côtés et auxquelles nous avons à être plus attentifs pour les regarder, les écouter et les mieux aimer.
ü  Enfin, c’est chercher le sens d’un évènement qui nous touche, nous bouscule, nous dérange, voire nous heurte et en nous mettant sous le regard bienveillant de Dieu.

Le temps que nous consacrons au Seigneur pour nous mettre devant Lui est en cela très important et indispensable. Dans le temps qui sans cesse nous échappe, il est essentiel de prévoir ces pauses où l’on peut ressaisir le sens de ce que nous faisons, disons ou pensons et de l’ajuster constamment à la volonté de Dieu.
Que ce temps de l’Avent nous aide à mieux à discerner déjà sa venue pour accueillir son avènement !
AMEN !

vendredi 18 novembre 2016

HOMELIE CHRIST, roi de l’univers,"Le Bon Larron" -Luc 23, 33-45 20 Novembre 2016



HOMELIE  CHRIST, roi de l’univers, Luc 23, 33-45
20 Novembre 2016
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« Le Bon larron »

Etonnant ce roi de l’univers qui a pour trône une croix, pour couronne, des épines, et qui est mis au rang des malfaiteurs, méprisé et insulté par tous. « Mon Royaume n’est pas de ce monde » a-t-il déclaré à Pilate quelques heures avant. Quelle est donc son royaume ?
         Jésus manifeste un royaume où l’on ne pense qu’aux autres ; où régner, c’est servir ; aimer, toujours mieux, toujours plus. Face à la violence déchaînée qui s’abat sur lui, il se tait. Pourtant, Il demande à son Père d’excuser les soldats qui ne font qu’obéir aux ordres ; de pardonner aux chefs responsables de sa condamnation qui le tournent pourtant en dérision. Mais plus étonnant encore, et seul St Luc nous le rapporte, le salut auquel tous les assistants font allusion en se moquant de Jésus, il l’offre au malfaiteur qui reconnait sa faute. Lui semble comprendre l’amour de ce roi donné jusqu’au bout ; il sait que Jésus est innocent et il lui fait confiance. Il se tourne vers Lui et, chose unique dans tous les évangiles, il l’appelle par son petit nom : « Jésus ! ». D’habitude, on appelle Jésus : Maître, Seigneur, Fils de David… Jésus Lui-même se donne le nom de « Fils de l’Homme ». Mais jamais « Jésus » n’est mentionné seul. Or que signifie le nom de Jésus ? "Yeoshua" « Dieu sauve » Le bon larron confesse donc la messianité de Jésus faisant appel à sa capacité de sauver, non pas dans ce monde mais « quand tu viendras inaugurer ton Règne » v.42.
Alors, malgré ses souffrances, Jésus parle. Mais contre toute attente en ce moment tragique, Il annonce l’imminence de ce salut qui n’était attendu qu’à la fin des temps. Les temps vont être accomplis dans quelques instants, lorsque Jésus aura été jusqu’au bout du don de Lui-même. C’est un solennel « Amen, je te le déclare : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis ». C’est donc aujourd’hui que Jésus inaugure le salut messianique et le premier à en bénéficier, c’est un malfaiteur croyant et repenti, premier canonisé ! (Et par Dieu Lui-même !). Il pénètre avec Jésus au Paradis, ce lieu où se trouve l’arbre de vie (Gn2, 8) d’où l’homme et la femme avait été chassés. « Ainsi, Jésus a répondu au défi qui Lui a été lancé : il a sauvé un homme, non pas en le préservant de la mort physique, mais en faisant de cette mort un passage à la vraie vie et au bonheur » (J. Dupont).
Il est donc le Messie promis par le Père, annoncé par les prophètes : n’est-ce pas pour cela qu’Il est sorti d’auprès du Père ? N’a-t-Il pas confirmé cette mission tout au long de son ministère en Galilée puis à Jérusalem, manifestant que le « salut » était arrivé en guérissant nombre de malades, en libérant nombre de possédés, en remettant les péchés et même en ressuscitant les morts ? Ce Messie, qui manifeste de façon extrême la miséricorde du Père, est accueilli par les justes, dont ce malfaiteur.
 Tel est notre Roi : personne n’a pu l’inventer. Il nous surprend et nous emmène au-delà de notre univers, pour y révéler jusqu’où va l’amour de Dieu.  Cet Amour infini qui renonce à toute forme de puissance séductrice, menaçante ou contraignante pour se manifester par une attente, un appel,  une demande : « J’ai soif ! J’ai soif de toi, de ce que tu sois toi aussi un invitant à aimer en toute liberté et générosité.
        
Voulons-nous être disciple de ce Messie qui sauve par la puissance de son amour ? Il faut Lui demander de nous donner la force et l’intelligence de son Esprit-Saint pour le suivre et manifester avec Lui la miséricorde qu’Il désire tant répandre ; enfin, à l’heure de notre mort, puissions-nous invoquer « Jésus » « Dieu Sauve » afin qu’Il nous aide à passer de ce monde à son Règne qui est déjà là et pas encore tout à fait établi.
        

AMEN !

mardi 1 novembre 2016

HOMELIE TOUSSAINT Mt.5,1-12a – 1er Nov.2016 Les Béatitudes



HOMELIE TOUSSAINT Mt.5,1-12a – 1er Nov.2016
Les Béatitudes

Connaissez-vous dans la Bible quelqu’un, suivi d’une foule, qui gravit une montagne et reçoit les “Dix Paroles” ? Vous l’avez tous deviné : Moïse, au Sinaï, sur le Mont Horeb. Eh bien l’évangéliste Matthieu, au début du ministère de Jésus, va nous le présenter comme le nouveau Moïse. Mais cette fois-ci, les Dix Paroles [que l’on appelle habituellement les “Dix Commandements”, à cause de leur tournure impérative] prennent la forme de dix propositions de chemin de bonheur. Voyons lesquelles.
Heureux les pauvres de cœur ! Littéralement : “Heureux les humiliés du souffle”. Les pauvres, ce sont les “dos courbés”, ceux qui ont été humiliés et qui n’ont rien… Cœur : “pneuma”; Heureux ceux qui ont le souffle court, et donc qui ne se gonflent pas d’orgueil, qui ne sont pas remplis d’eux-mêmes : ils ont de la place pour Dieu et leurs frères ! Cette béatitude commande toutes les autres : elle est au présent, alors que la plupart des autres sont au futur : “Le Royaume des cieux est à eux”.  Le Royaume des cieux, c’est l’espace divin : ils sont donc dans cet espace-là et Dieu leur est présent de façon invisible encore, mais bien réelle.
Heureux les doux ! “praèi”  Non pas les mous, mais ceux qui ne cherchent pas à s’affirmer eux-mêmes et ne recherchent pas, encore moins, leur seul intérêt propre, mais font attention à Dieu et aux autres ; savent renoncer à leur droit, leur priorité ; cherchent à arrondir les angles, tant l’existence quotidienne peut être faite de contrariétés diverses. Ils ne sont pas stressés : ils obtiendront la Terre Promise, lieu du repos éternel.
Heureux ceux qui pleurent ! Littéralement : “…Ceux qui sont en deuil”. Car ils vivent un manque profond, et ce manque les rendent aptes à chercher et accueillir ce qui les comblera définitivement : “Ils seront consolés” Littéralement : Ils auront la Consolation “Paraclèthèsountaï” Vous reconnaissez le mot Paraclet qui désigne en Israël à la fois le Messie (“Le vieillard Siméon [qui venait tous les jours prier au Temple] attendait la Consolation d’Israël” Luc 2, 25) et chez les chrétiens, l’Esprit-Saint Lui-même, le Paraclet (Jn 14, 16.26). Il ne s’agit pas d’une promesse du genre : “Pleure pas, ça va passer ; après la pluie, le beau temps” mais d’une véritable promesse théologale, divine, où Dieu s’engage bien au-delà de ce que nous aurions pu attendre.
Heureux ceux qui ont faim et soif de justice ! Il ne s’agit pas tant de la justice au sens habituel du mot, (qui est régie par des lois pas toujours justes ou mal adaptées) mais d’être “ajusté à Dieu” ; ceux qui cherchent à comprendre et faire sa volonté, comme Jésus nous a invités à le demander dans le Notre Père.
Heureux les miséricordieux ! “Eléèmonès”  qui a donné en français : aumône ; aumônier des hôpitaux, des galères…bref les miséricordieux sont ceux qui, comme Dieu, compatissent à la détresse humaine ; En latin, c’est beau aussi : misericors :“être de cœur avec la misère des autres”
Heureux les cœurs purs ! Littéralement : “Purs [catharoï] de cœur” qui ne sont pas doubles ; qui n’ont qu’un seul comportement avec Dieu comme avec les autres. Nets. “Que votre parole soit oui, oui ! non, non ! Tout le reste vient du mauvais” dira Jésus, dans le discours sur la montagne qui va suivre en Mt 5, 37.
Heureux les artisans de paix ! Ils seront appelés Fils de Dieu. Lorsque Jésus envoie les disciples deux par deux, ils leur demandent de présenter à ceux  à qui ils vont s’adresser la Paix : Shalom ! Salam ! dit-on encore aujourd’hui en Terre Sainte, là où elle fait actuellement cruellement défaut ; mais il s’agit encore d’une autre paix, celle que Jésus présente aux Apôtres au soir de la Résurrection : “La Paix soit avec vous ! Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie  Nous sommes mis au rang du Fils pour achever sa mission jusqu’à la fin des temps : en cela, nous sommes vraiment Fils de Dieu. La encore, c’est théologal.
La dernière béatitude “Heureux serez-vous si l’on vous insulte…” et la finale : “Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse…” [ce qui, tout compte fait, donne bien Dix Paroles de Jésus] sont là pour parer à toute réaction naturelle face au scandale de ces Béatitudes : en effet, ne prennent-elles pas à contre pieds et à rebrousse poils les propositions de bonheur que le monde proclame sans cesse par toutes sortes de médias ? Eh bien Jésus, au début de sa prédication, veut nous éviter les fausses pistes du vrai bonheur.
Prendre conscience de nos manques ; savoir que nous ne pouvons être heureux tout seul ; que le Seigneur vient nous sauver, nous libérer de nos enfermements, péché d’origine, s’il en est un ! Alors, que ces béatitudes soient nos “Dix Paroles”, celles qui nous entraînent vers la vie et Celui qui est la Vie. Heureux, “Makarios” signifie aussi en grec, Bravo, ! Félicitations ! Vous avez tout compris ! Et en hébreu : “Ashréi” En marche !  Tous ensemble, à la suite de tous les Saints, qui Lui ont fait confiance et ont reçu en héritage la Terre Promise, AMEN !