HOMELIE 17ème
Dimanche Ordinaire C –
Lc 11,1-13
24 Juillet 2016
« Quand vous priez… » Lc 11,2
Qui n’a pas
ressenti un jour ou l’autre la difficulté de la prière et n’a pas été tenter de
se dire : « A quoi çà sert de
prier ? Est-ce que Dieu m’entends ? Je ne sais pas prier »
Les disciples de Jésus ont eu le même sentiment et c’est en voyant leur maître
et Seigneur prier qu’ils lui ont exprimé leur grand désir de l’imiter.
Il y a
certes bien des genres de prières : louanges, action de grâces, pardon,
demande, offrande, écoute de la Parole, que nous retrouvons d’ailleurs tout au
long la Messe. Des
textes, des formules, des chants peuvent
nous aider à prier. Mais ce qui compte le plus, n’est-ce pas notre disposition de cœur et d’esprit, accompagnée
par le corps ?
Suivons en
cela la prière d’Abraham que la liturgie d’aujourd’hui nous présente en
préparation à “l’Evangile de la prière” selon St Luc.
Le Seigneur
a rendu visite à Abraham au chêne de Mambré. Il lui a annoncé qu’il aurait
enfin un fils, Isaac, selon la promesse qu’Il lui avait faite à l’origine de sa
rencontre avec lui. Il allait partir vers Sodome et Gomorrhe, dont les
conduites épouvantables l’avaient alerté, se préparant à sévir, quand Abraham,
se tenant devant Lui, s’avance et se lance dans un véritable plaidoyer.
Il commence
par une question très orientée, accompagnée d’une objection : « Vas-tu
vraiment faire périr le juste avec le pécheur ? Peut-être y a-t-il
cinquante justes dans la ville ? » Elle est suivie d’un blâme indigné : « Quelle
horreur, si tu faisais une chose pareille ! » Puis elle est renforcée par une considération sur le
traitement de ce qui est juste et injuste, avec référence respectueuse à la
qualité éminente du Seigneur “juge de la terre”. Quelle magnifique audace, pleine de liberté,
de bon sens, de confiance
et de respect !
Le Seigneur écoute et il exauce le
plaidant une première fois à la hauteur de ce qu’il demande. Mais il semble que
cela ne suffise pas à Abraham et ce
dernier continue sa plaidoirie, exprimant bien la distance qu’il y a entre lui
et son Seigneur. Une deuxième fois donc, Il s’adresse à Lui : « Oserais-je
parler encore à mon Seigneur, moi qui ne suis que poussière et
cendre ? ». Même réponse du Seigneur. Une troisième fois,
Abraham s’accroche, il insiste. Même réponse du Seigneur. Une quatrième fois, Il
prévient avec respect la colère du Seigneur. Mais le Seigneur lui fait la même
réponse. Il ose encore pour la cinquième fois : même réponse du Seigneur.
A la sixième fois, il conclut, s’arrêtant au chiffre dix. Pourquoi ne continue-t-il pas sa plaidoirie qui marche si bien ?
Dix, c’est aujourd’hui le nombre minimum d’hommes qui permet aux juifs de
célébrer le culte synagogal (miniam) : ce sont comme les représentants du
peuple juif qui intercèdent pour leurs frères. Un jour, il y aura un seul Juste
qui intercèdera pour tous les hommes et Dieu l’écoutera comme Il a exaucé
Abraham.
Si Abraham
est le père des croyants, c’est bien en raison de son attitude sans complexe et
confiante envers son Seigneur.
Jésus, dans
l’Evangile d’aujourd’hui, confirme cette
attitude et la
recommande. La vraie prière ne serait-elle pas d’entrer dans les
desseins de Dieu qui sont toujours bons et bienveillants, même s’ils incluent
des épreuves : Que ton Nom
soit reconnu, que ta volonté soit faite… Ne pas avoir peur de demander, même les choses les plus
élémentaires, pourvu qu’elles soient dans le sens de la volonté de Dieu. En
même temps, chercher quelle est cette volonté. Si nous sommes sincères et
déterminés, Jésus nous promet le suprême don du Père, l’Esprit-Saint qui
conduira à termes toutes nos demandes et nous
établira dans une relation filiale avec Dieu, Trinité Sainte :
n’est-ce pas le but ultime de toute prière ? Elle est déjà présence à Celui que nous rencontrerons pour notre plus
grand bonheur dans l’au-delà ? Voilà
“à quoi sert de prier” ! AMEN !
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