jeudi 30 avril 2015

HOMELIE 5ème Dimanche de Pâques 3 Mai 2015. Jn 15, 1-8



HOMELIE 5ème Dimanche de Pâques 3 Mai 2015.
Jn 15, 1-8

«Moi je suis la vigne, et vous les sarments …car hors de moi, vous ne pouvez rien faire » Jn 15,5

Belle image que celle de la vigne et des sarments pour exprimer l’union du Corps entier avec chacun de ses membres, celle du Christ avec ses disciples.
         Une phrase cependant peut étonner par sa radicalité : « …car hors de moi, vous ne pouvez rien faire. » Un être humain ne pourrait-il pas par lui-même réaliser de belles choses ? Mais alors, le Christ ne serait-Il venu que pour certains privilégiés qui auraient pu le connaître ? Comme toute citation, elle ne se comprend et ne vaut que par le contexte dans lequel elle a été exprimée. Prenons un autre exemple avec une formule bien connue : « Hors de l’Eglise point de salut ! » Combien de fois n’avons-nous pas entendu utiliser cette formule pour exprimer l’exclusion de tous ceux qui ne feraient pas partie de l’Eglise ? Mais d’où vient cette formule ? Elle provient d’un Père de l’Eglise, Origène, théologien et bibliste à Alexandrie en Egypte, qui vers 240 de notre ère s’adressait aux chrétiens qui s’étaient séparés de l’Eglise. Voici la citation entière : « Que personne ne se fasse illusion, que personne ne se méprenne, hors de cette maison, c'est-à-dire hors de l’Eglise, personne n’est sauvé. Si quelqu’un en sort, il se rend responsable de sa propre mort » et quelques années après, vers 250, l’évêque de Carthage, St Cyprien écrivait : « Quiconque se sépare de l’Eglise se frustre des promesses de l’Eglise ; s’il abandonne l’Eglise du Christ, il n’aura pas accès aux récompenses du Christ… » Dans les deux cas, ces propos concernent un conflit interne à l’Eglise qui conduit à une séparation. Origène comme St Cyprien mettent en garde les chrétiens qui quittent l’Eglise pour former une secte à part et qui se situent en rupture avec l’ensemble de la Communauté chrétienne. En aucun cas, elle ne s’adresse à ceux qui, pour des raisons diverses, ne font pas membre de l’Eglise.
         Il en est de même pour la formule de St Jean. Resituons-la dans le passage d’Evangile que nous avons entendu. Il commence par : « A l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à SES DISCIPLES… » Et il se termine par : « …ainsi vous serez pour moi des DISCIPLES. » Jésus s’adresse donc à SES DISCIPLES et non à tous les humains. Ces derniers, en toute innocence, n’auront peut-être jamais entendu parler de Lui. Et pourtant, Jésus est venu pour tous. Lui-même en surprendra plus d’un lorsqu’ils paraîtront devant Lui à la fin des temps et qu’ils s’entendront dire, tout étonnés : « Venez les bénis de mon Père, car j’avais faim, soif, j’étais malade, prisonnier, étranger et vous êtes venus à moi …Tout ce que vous avez fait à l’un de ces petits d’entre mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » Mt 25, 40.
         C’est Dieu qui sauve et non l’Eglise, même si celle-ci a reçu les moyens d’accueillir et de transmettre le don du salut. Jésus, le Fils du Père, s’est donné à Tous. Il ne faut donc pas réduire l’action salutaire de Dieu aux frontières de l’Eglise, frontières qu’il n’est d’ailleurs pas aisé de tracer. Notre pape François, en nous invitant à aller aux périphéries, rappelle ce souci qu’avait le Christ d’envoyer ses disciples jusqu’aux extrémités du monde. Ces démarches  illustrent l’attention et le respect que porte le Saint Père, au nom de toute l’Eglise, envers tous ceux qui partagent les mêmes valeurs que le Christ a promues pour leur en faire découvrir la source.
         Que les disciples du Christ restent bien unis à leur Seigneur comme le sarment recevant la sève du Cep sans lequel ils ne pourraient porter beaucoup de fruits et encore moins le faire connaître. Et que ceux qui ne le connaissent pas encore (ou qui n’en connaissent qu’une image déformée) suivent la conscience que le Créateur leur a donné, comme l’écrivait St Paul aux chrétiens de Rome (Rm 2,14-16). Dieu n’aime-t-Il pas tous ses enfants et ne veut-Il pas qu’ils portent du fruit et soient un jour auprès de Lui, eux aussi ?
AMEN !

vendredi 24 avril 2015

HOMELIE 4 ème Dimanche de PÂQUES. Année B 26 Avril 2015 – Jn 10,11-18 Journée universelle de prière pour les vocations



HOMELIE 4 ème Dimanche de PÂQUES. Année B
26 Avril 2015 – Jn 10,11-18
Journée universelle de prière pour les vocations

   “Je suis le bon pasteur;
    Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis.”

    Jésus est le Bon Berger [l’évangile a même écrit : le “beau berger”, kalos,  au sens de noble, honnête ; tout différent du mercenaire qui ne travaille que pour de l’argent]. Il est beau parce qu’Il donne sa vie pour ses brebis. Là encore, il faudrait dire comme cela est écrit dans le texte grec : Il dépose sa vie.  Il le redit à la fin de notre évangile d’aujourd’hui : « Personne ne m'enlève la vie; mais je la dépose de moi-même. J'ai pouvoir de la déposer et j'ai pouvoir de la reprendre; tel est le commandement que j'ai reçu de mon Père. »
    Déposer / reprendre, (ou se dessaisir/reprendre) comme Jésus, à la Sainte Cène, la veille de sa mort, déposera son vêtement pour le reprendre une fois lavés les pieds de ses disciples. Il est Maître et Seigneur. Il a fait ce geste en toute conscience et en toute liberté, comme Il déposera sa vie le Vendredi Saint pour la recevoir de son Père au matin de Pâques ; car sa vie même, en Fils, Il la reçoit du Père. C’est le cœur même de Jésus que cette union au Père, qui Lui-même ne cesse de donner.
Ce qui vaut pour le Père et le Fils vaut désormais pour chacun de nous : goûter à l’amour divin. C’est ce Jésus nous invite à faire : recevoir notre vie du Père et pouvoir la donner, recevoir le commandement du Père et exercer notre liberté en y adhérant.
Tous baptisés, nous sommes appelés d’une manière ou d’une autre à vivre cela.
ü  Pour certains, par notre présence active au service des hommes, de notre famille, dans un monde très préoccupé de lui-même et souvent inhumain et en détresse.
ü  Pour d’autres, par une vie consacrée, signe clair et généreux de la présence de Dieu au cœur de son humanité
ü  Pour d’autres encore, par une vie configurée à Jésus, beau pasteur, dans un ministère diaconal, presbytéral ou épiscopal.
                  
         Tous, complémentaires les uns des autres ; tous donnant de leur vie les uns aux autres ; tous habités par l’Esprit d’amour du Père et du Fils pour le monde qu’Ils veulent sauver.

Prière de Jean-Paul II pour les vocations (extraits)

Père saint, source intarissable de l’existence et de l’amour, qui dépose dans le cœur de l’homme la semence de ton appel, fais que personne n’ignore ou ne perde ce don.
Seigneur Jésus, Toi qui as choisi et appelé les Apôtres et leur as confié le tâche de prêcher l’Evangile, de guider les fidèles, de célébrer le culte divin, fais qu’aujourd’hui ton Eglise ne manque pas de nombreux prêtres saints.
Esprit Saint, insuffle dans le cœur de ceux qui sont appelés à la vie consacrée une intime et forte passion pour le Royaume, afin qu’ils mettent leur existence au service de l’Evangile.
AMEN !

vendredi 17 avril 2015

HOMELIE 3ème Dimanche de PÂQUES. Année B. Lc 24,35-48 19 Avril 2015



HOMELIE 3ème Dimanche de PÂQUES. Année B.   Lc 24,35-48
19 Avril 2015

Cet Evangile est la suite immédiate du passage dit « des disciples d’Emmaüs ». On aurait pu penser que le cœur brûlant avec lequel les deux disciples ont témoigné du Ressuscité aurait stimulé la foi et l’espérance des autres disciples qui leur disaient : « C’est bien vrai ! Le Seigneur est ressuscité et il est apparu à Simon. » Lc 24,34. Avant cela, il y avait eu le témoignage des femmes venues au tombeau le matin de Pâques mais cela reste sans effet.
Un évènement va les surprendre. Alors qu’ils sont en train de parler ensemble de Jésus, celui-ci se tient au milieu d’eux et leur dit tout simplement : « La Paix soit avec vous. » Cela suffit pour qu’ils soient saisis de stupeur et de crainte. Etrange ! Car ils venaient d’apprendre que Jésus était bel et bien ressuscité.
Quelle est la raison de cette crainte ? « Ils croyaient voir un esprit ! » Et de fait, ce n’est pas si fréquent et il y a de quoi être déstabilisé !  Mais n’est-ce pas plutôt le fait que Jésus, qui se rend présent au milieu d’eux, est différent de l’image qu’ils se sont fait de Lui, et dont ils continuaient à parler entre eux quelques instants auparavant ?
Cela nous conduit à chercher qui est pour nous Jésus Ressuscité ? Pour les premiers disciples, comme pour nous aujourd’hui, cela fait appel à notre foi. Jésus ne se manifeste qu’à ceux qui croient en Lui ou comme Thomas, qui cherchent à croire en Lui. Sans doute une exception à cela : St Paul, sur le chemin de Damas. Mais justement, St Paul était animé d’un zèle jaloux pour Dieu et il croyait de bonne foi que les premiers chrétiens étaient des blasphémateurs. Il reçoit le don de la foi à l’instant même où il entend la voix de Jésus : « Qui es-tu Seigneur ? »  Ac  9,5.
Les apparitions de Jésus sont des manifestations de sa présence – la présence qu’Il avait promise à son Eglise. Ces apparitions, pleine de fraîcheur et de tendresse sont des rencontres pour faire grandir leur foi et les préparer à témoigner du Christ vivant et ressuscité. N’auront-ils pas  à annoncer le message de « la conversion proclamée en son nom pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem » ?

Et pourtant, « dans leur joie, ils n’osaient pas y croire et restaient saisis d’étonnement. » Là encore, pourquoi ce contraste dans la réaction des disciples ?
Les disciples, avant même la mort de leur maître avaient une foi profonde en Lui. Pendant trois ans, Ils l’avaient découvert et l’avaient suivis jusqu’au bout : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as des paroles de vie éternelle. Et nous nous avons cru et nous avons connu que Tu es le Saint de Dieu ». Jn 6,68-69. Cependant, déconcertés par l’attitude passive de Jésus face aux responsables du peuple qui voulaient le faire disparaître, ils l’ont abandonné.

Au soir de Pâques, lorsque Jésus s’est manifesté à eux, leur foi en cette présence nouvelle avait quelque chose de radicalement différent : joie de le voir vivant, d’éprouver que leur foi en Lui n’était pas vaine, mais était-ce bien Lui ? D’où ces “preuves tangibles” que Jésus leur apporte et qu’une fois données, Il va dépasser pour les ouvrir à d’autres “preuves spirituelles” relevant de la foi dans les Ecritures, manifestant le dessein de Dieu : « Alors Il leur ouvrit l’esprit à l’intelligence des Ecritures…”

Aujourd’hui, notre foi en Jésus s’appuie sur la lecture et l’interprétation des Ecritures en Eglise ; sur la mise en pratique des commandements du Christ, comme le rappelait St Jean dans la 2ème lecture et elle est vérifiée par l’amour qui est partagé envers tous. Enfin, elle peut se nourrir et s’exprimer grâce aux sacrements, signes de la présence divine.

Laissons-nous habiter par cette joie simple de la foi en « Celui qui est avec nous jusqu’à la fin des temps » Mt 28,20

AMEN !

vendredi 10 avril 2015

HOMELIE 2ème Dimanche de PÂQUES. B – Jn 20,19-31 12 Avril 2015. - Dimanche de la divine miséricorde.



HOMELIE 2ème Dimanche de PÂQUES. B – Jn 20,19-31
12 Avril 2015. - Dimanche de la divine miséricorde.

“Il répandit sur eux son souffle ” Jn 20, 22

Etonnant ce geste de Jésus que de souffler sur ses Apôtres ! Cela ne vous rappelle-t-il pas quelqu’un qui, dès les origines, souffle sur un homme ? Dieu, bien sûr, lorsqu’Il souffle sur la face d’Adam pour lui donner vie et lui permettre d’entrer en relation avec Lui : Gn 2,7. enefuseshn  enephusèsen].

Dans l’ancien rituel du Baptême, le célébrant soufflait trois fois sur l’enfant pour chasser le démon et demander la venue du souffle de l’Esprit Saint. Le Baptême, en effet, fait entrer le baptisé dans une ère nouvelle. De même, au premier jour de la semaine, Jésus inaugure à son tour une nouvelle ère pour la Création : celle où la créature peut se réconcilier avec son Créateur. Puisqu’elle a été blessée et dégradée par toute forme de mal et de refus du Créateur, Jésus, par son amour et sa fidélité envers Lui, par sa miséricorde envers nous et par sa victoire sur les puissances de mort, communique l’Esprit-Saint à ceux qui veulent bien Le recevoir : grâce au Baptême, Dieu s’y engage en Père miséricordieux.
Ce don est précédé de Sa Paix : Shalom !  La Paix qu’il donne n’est pas tant le calme, la tranquillité provenant d’une absence de conflit, mais un état achevé, une perfection, un bien-être, mais aussi une sûreté, une solidité du corps : la santé ; ou aussi une prospérité, une quiétude, ou encore, la réussite d’un projet bienfaisant ou encore les bonnes relations avec l’entourage. La Paix est l’expression  d’un climat harmonieux entre Dieu et les hommes, une Alliance qui se vit bien et qui rejaillit sur le climat des hommes entre eux.
Cette Paix que Dieu nous offre, nous la perdons lorsque nous nous détournons de Lui, lorsque notre cœur se ferme à l’écoute, à la compréhension bienveillante et à la souffrance de l’autre. Mais Dieu ne se décourage pas de changer nos cœurs de pierre et en cœurs de chair ! (Ez 36,26). En son Fils, Il a montré sa grande miséricorde qui appelle, relève et réconforte le pécheur. Plus encore, par ce Fils, Il délègue ce pouvoir à des hommes pécheurs pour qu’ils continuent de façon visible, tangible, à manifester son infinie miséricorde par le sacrement de Pénitence et Réconciliation.
Miséricorde : quel mot magnifique ! Il vient du latin : “Misericordia” = “être de cœur avec la misère d’un semblable”. En grec, miséricorde se dit “Eléèmôn” elehmwn dérivant du mot “éléèmôsunè”, “elehmwsunh”, l’aumône, don que l’on fait à un nécessiteux ou aide que l’on apporte à quelqu’un d’affligé. Il a donné en français le nom d’ “aumônier”, prêtre au service des malades, des galériens ou des militaires…, puis des jeunes d’établissements scolaires ou de mouvements éducatifs comme le scoutisme.
En hébreu, il se dit : “Hèsed” n’ayant pas tout à fait d’équivalent dans les langues occidentales, car ce mot signifie la bonté avec le sens d’être attaché à une personne, de lui être fidèle, de vivre une alliance bienveillante avec elle, bref, comme dans le mariage ; ce que Dieu a voulu conclure avec son peuple et qu’Il nous propose aujourd’hui encore, s’y engageant dans le Baptême et le restaurant dans le sacrement de Pénitence et Réconciliation. En recevant la grâce de ce sacrement, premier don du Ressuscité, non seulement nous sommes pardonnés, régénérés dans la grâce de notre Baptême,  mais, réconciliés avec Dieu, avec nos frères et avec nous-mêmes ; nous recevons le souffle qui jaillit de son cœur passionnément attaché à ce que nous devenions ses enfants bien-aimés et que nous soyons liés à Lui par une alliance indestructible.
Si telle est sa miséricorde envers nous, ne pouvons-nous pas à notre tour vivre et témoigner de la miséricorde envers nos proches ? Faisons venir à la lumière de notre conscience les situations où notre cœur se montre dur, fermé, se permettant de juger des situations de souffrants sans les avoir accueillis quels qu’ils soient, comme l’aurait fait notre Sauveur. Ainsi nous manifesterons son immense miséricorde. AMEN !