HOMELIE 3ème Dimanche
CARÊME. B - Jn 2,13-25
8 Mars 2015.
« Jésus chasse les
vendeurs du Temple »
Une colère de
Jésus ! Une sainte colère ! Quel sens donner à cette attitude du
Christ ? Déception ? Dépit ? Irascibilité ? Tristesse
immense ?
Elle est d’abord un geste
prophétique comme le rappelle l’Evangile de Jean Lui-même, par la citation
de Jérémie : Jr 7, 11
« A
vos yeux, est-ce un repaire de brigands, ce Temple qui porte mon nom ? Moi, en
tout cas, je vois clair, oracle de Yahvé! » Et
celle de Zacharie, dans la finale de son livre : Za 14,
« …
et il n'y aura plus de marchand dans la maison de Yahvé Sabaot, en ce
jour-là. »
Jésus pose des gestes annoncés par les prophètes quelques siècles
auparavant, qui étaient consignés dans l’Ecriture. Cette réalisation des
prophéties va permettre aux disciples de croire à un autre signe, que seule la
foi peut reconnaître comme signe, car il n’est pas visible : c’est la résurrection de Jésus.
Jésus
l’annonce de façon énigmatique : Jn
2, 19 : « Jésus leur
répondit: "Détruisez ce sanctuaire
et en trois jours je le relèverai."( egerw) » v.21 « Mais lui parlait du sanctuaire de son corps. »
Il y a en effet un jeu de mot qui n’apparaît pas dans le texte en français,
mais dans l’original grec : v.22 : « Aussi,
quand il ressuscita d'entre les
morts,… » Se dit mot à mot : « Aussi, quand il fut relevé d'entre les morts… » .
Jésus non
seulement accomplit les prophéties qui annonçaient le Messie, mais il donne de
son vivant une prophétie qu’Il accomplit Lui-même. En cela, Il rend digne de foi l’Ecriture et Lui-même se révèle digne de foi.
Cependant,
il ne s’agit pas ici d’une démonstration au terme de laquelle nous devrions
adhérer sans hésitation : la réalisation des prophéties confirme le
sérieux de l’Ecriture et la solidité des paroles dites. Mais elles ne constituent pas une preuve, car les
prophéties sont toujours sujettes à interprétation pour laisser le champ à la
liberté de chacun d’accueillir ou de refuser celui qui professe ces paroles. Il
est évident de constater que, malgré toutes les prophéties qui annoncent le
Messie, beaucoup de juifs n’ont pas cru.
Or la
résurrection de Jésus n’est pas une preuve. Elle n’est pas publique. La croix de Jésus est publique, visible, historique et
personne ne la nie. Sa
résurrection, elle, n’est donnée qu’à des témoins, certes dignes de foi et dont
la plupart donneront leur vie pour en témoigner, mais elle échappe au
constat de l’histoire. Seuls les témoins sont bien historiques. Le nouveau
sanctuaire dont parle Jésus est relevé
dans le monde de la foi, monde invisible de Dieu. Nous pouvons et nous avons à
annoncer un “messie crucifié”, qui dit au monde entier à quel point nos
conduites par pensées, par paroles, par actions et par omissions sont
meurtrières, folles et dérisoires. Mais pour ceux qui ouvrent leur cœur et leur
intelligence à la foi à ce Dieu d’amour, ce relèvement de Jésus, sa
résurrection, illumine notre condition humaine blessée par la mort pour nous
faire entrer dans un monde renouvelé par son amour et le don de Lui-même.
Voilà qui
justifie la sainte colère de Jésus
contre tous les trafics qui bornent notre horizon aux affaires de ce monde et occultent
l’espérance de la vie nouvelle inaugurée par Jésus et fondée dès maintenant sur
tout geste d’amour fait en pensée, en parole, en action et en omission !
AMEN !
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