jeudi 19 mars 2015

HOMELIE 5ème Dimanche CARÊME. B – Jn 12,30-33 22 Mars 2015.



HOMELIE 5ème Dimanche CARÊME. B – Jn 12,30-33
22 Mars  2015.

         « Amen, Amen, je vous le dis, si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit » Jn 12,21

En une simple image inspirée de la nature, Jésus nous introduit dans le sens profond de sa vie et de toute la dynamique baptismale : avec Lui, être plongé dans la mort à tout ce qui nous défigure et renaître à la vie du souffle de l’Esprit qui nous configure à Lui, notre humanité étant élevée au rang d’enfant du Père.
C’est évidemment à contre-sens de nos réflexes naturels et de ce que nous propose le monde. Mais qu’est-ce que vouloir sauver sa vie si ce n’est servir le « Moi d’abord ! » ou le « chacun pour soi » ? Celui qui se comporte ainsi ne risque t-il pas, au bout du compte, de “rester seul” ? N’est-il pas déjà mort ? Perdre sa vie, ne serait-ce pas, au contraire, tenir compte des autres en se détachant du superficiel, de l’accessoire pour accepter de donner de sa vie pour que d’autres vivent ? N’est-ce pas déjà commencer à vivre en plénitude ?  « Nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie parce que nous aimons nos frères » 1 Jn 3,14.

Est-ce parce que c’est si peu naturel, si difficile à faire passer que Jésus est soudain bouleversé ? Est-ce parce qu’Il pense qu’Il ne sera pas compris que le découragement le gagne ? Est-ce enfin parce que le chemin qui se dessine devant  Lui est particulièrement ardu et terrible ?
« Père, délivre-moi de cette heure ! » Prière de supplication qu’il nous est bon d’entendre quand l’avenir nous paraît trop lourd à porter !
 « Mais non ! » Se ressaisit-t-Il aussitôt : « C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! Père, glorifie ton Nom ! ». Que signifie « glorifier» ? Dans notre langue, cela signifie : Honorer, exalter, quelqu’un en proclamant ses mérites. Dans la Bible, en hébreu, le mot kâvôd  est de la même racine que kâvêd  qui signifie lourd ; autrement dit, la gloire n’est pas la gloriole mais ce qui fonde le renom, lui donne du poids, de la densité, de la consistance.
Et comment ? C’est en manifestant, par Jésus Lui-même, que le Père renonce à Sa Toute puissance, ne manifeste que celle de l’amour infini, en acceptant l’extrême de la croix de Son Fils, ce supplice le plus cruel et le plus humiliant qui conduit à la mort. Le Fils peut alors affirmer : « Et moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes ».

Les grecs voulaient voir Jésus ? Ils pourront le voir sur la croix et tenter de comprendre jusqu’où Il nous a aimé pour qu’à notre tour nous renoncions à toute forme de convoitise, de puissance, de domination ou d’orgueil, aliénant nos vies, abîmant ou détruisant nos relations sociales, amicales, fraternelles ou même amoureuses. Entendrons-nous son appel à ne pas nous enfermer peureusement sur nous-mêmes et nos biens, à laisser prise pour donner vie, à n’exercer un pouvoir que pour que quelqu’un grandisse, se construise et à son tour puisse donner vie, à ne jouir même de l’existence que pour nous réjouir avec d’autres, souvent  moins dotés et autant que possible, en n’excluant personne ?
Mais non ! Vous rêvez ! Cela est impossible pour l’homme ! C’est au tour de Jésus de nous regarder, dans St Marc, après la rencontre avec l’homme riche, Mc 10, 27 : « Fixant sur eux son regard, Jésus dit : “Aux hommes, c’est impossible, mais pas à Dieu, car tout est possible à Dieu ! » Alors, demandons-Lui la force de croire même s’Il ne fera rien sans nous
Avec nos catéchumènes, suivons ce Seigneur qui nous fait entrer dans la vraie vie, celle qui ne déçoit pas, qui a vaincu la mort et nous fait entrer dès à présent dans la vie éternelle.


AMEN !



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