HOMELIE 5ème Dimanche CARÊME. B – Jn
12,30-33
22 Mars 2015.
« Amen, Amen, je vous le dis, si le
grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt,
il donne beaucoup de fruit » Jn 12,21
En
une simple image inspirée de la nature, Jésus nous introduit dans le sens
profond de sa vie et de toute la dynamique baptismale : avec Lui, être
plongé dans la mort à tout ce qui nous
défigure et renaître à la vie du souffle de l’Esprit qui nous configure à Lui, notre humanité étant élevée au rang
d’enfant du Père.
C’est
évidemment à contre-sens de nos réflexes naturels et de ce que nous propose le
monde. Mais qu’est-ce que vouloir sauver sa vie si ce n’est servir le
« Moi d’abord ! » ou le « chacun pour soi » ?
Celui qui se comporte ainsi ne risque t-il pas, au bout du compte, de “rester
seul” ? N’est-il pas déjà mort ? Perdre sa vie, ne serait-ce
pas, au contraire, tenir compte des autres en se détachant du superficiel, de
l’accessoire pour accepter de donner de sa vie pour que d’autres vivent ?
N’est-ce pas déjà commencer à vivre en plénitude ? « Nous savons que nous sommes
passés de la mort à la vie parce que nous aimons nos frères » 1 Jn
3,14.
Est-ce parce que c’est si peu naturel, si difficile à faire passer
que Jésus est soudain bouleversé ?
Est-ce parce qu’Il pense qu’Il ne sera pas compris que le découragement le gagne ? Est-ce enfin parce que le chemin
qui se dessine devant Lui est
particulièrement ardu et terrible ?
« Père,
délivre-moi de cette heure ! » Prière de supplication
qu’il nous est bon d’entendre quand l’avenir nous paraît trop lourd à
porter !
« Mais non ! » Se ressaisit-t-Il aussitôt :
« C’est pour cela que je suis
parvenu à cette heure-ci ! Père, glorifie ton Nom ! ». Que
signifie « glorifier» ? Dans
notre langue, cela signifie : Honorer, exalter, quelqu’un en proclamant
ses mérites. Dans la Bible, en hébreu, le mot kâvôd est de la même racine
que kâvêd qui signifie lourd ; autrement dit, la gloire
n’est pas la gloriole mais ce qui fonde
le renom, lui donne du poids, de la
densité, de la consistance.
Et comment ? C’est en manifestant, par Jésus Lui-même, que le Père renonce à Sa Toute puissance, ne
manifeste que celle de l’amour infini, en acceptant l’extrême de la croix de Son Fils,
ce supplice le plus cruel et le plus humiliant qui conduit à la mort. Le Fils peut alors
affirmer : « Et moi, quand
j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes ».
Les grecs voulaient voir Jésus ? Ils pourront le voir sur la
croix et tenter de comprendre jusqu’où
Il nous a aimé pour qu’à notre tour nous renoncions à toute forme de
convoitise, de puissance, de domination ou d’orgueil, aliénant nos vies,
abîmant ou détruisant nos relations sociales, amicales, fraternelles ou même amoureuses.
Entendrons-nous son appel à ne pas nous enfermer peureusement sur nous-mêmes et
nos biens, à laisser prise pour donner vie, à n’exercer un pouvoir que pour que
quelqu’un grandisse, se construise et à son tour puisse donner vie, à ne jouir
même de l’existence que pour nous réjouir avec d’autres, souvent moins dotés et autant que possible, en
n’excluant personne ?
Mais
non ! Vous rêvez ! Cela est impossible pour l’homme !
C’est au tour de Jésus de nous regarder, dans St Marc, après la rencontre avec
l’homme riche, Mc 10, 27 : « Fixant
sur eux son regard, Jésus dit : “Aux hommes, c’est impossible, mais pas à
Dieu, car tout est possible à Dieu ! » Alors, demandons-Lui
la force de croire même s’Il ne fera rien sans nous
Avec
nos catéchumènes, suivons ce Seigneur qui nous fait entrer dans la vraie
vie, celle qui ne déçoit pas, qui a vaincu la mort et nous fait entrer
dès à présent dans la vie éternelle.
AMEN !
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