HOMELIE 5ème Dimanche Carême. A. Résurrection
de Lazare : Jn 11,1-45
6 Avril 2014
«Moi,
je suis la résurrection et la vie…Crois-tu cela ?»Jn 11,25
La mort de Lazare
provoque, comme tout décès de personne connue et aimée, un questionnement et
des réactions bien différentes.
Celle des Apôtres, tout d’abord, apprenant de la
bouche même de Jésus que Lazare s’est endormi (en grec : kèkoïmètaï, kekoimhtai, qui
a donné en français “cimetière”) ; il dort mais du sommeil de la mort. Thomas, à la
tête des Apôtres, malgré le risque, résigné, suit Jésus qui marche au devant de
la mort, la sienne, mais plus encore, celle de Lazare.
Marthe semble être la plus forte. Allant à la rencontre de Jésus, elle
proclame la foi professée par l’élite du peuple juif, la foi en la résurrection
à la fin des temps : « Je sais qu’il ressuscitera au dernier
jour, à la résurrection ». Jésus va l’aider à passer de ce “savoir”, qui la laisse dans une
attente lointaine de la vie future, à un “croire” :
« Moi,
je suis la Résurrection et la Vie…Crois-tu cela ? » « Oui,
Seigneur, tu es le Messie, je le crois… ».
Marie, dominée par la souffrance, reste assise. Ecrasée de douleur, elle
est par terre, aux pieds de Jésus. Celui-ci fait la chose la plus sensée qu’on
puisse faire en pareille circonstance : il se tait et pleure avec Marie.
Il ne l’accable pas d’un discours qu’elle ne peut entendre, comme Il avait pu
le faire avec Marthe. Marie, pour le moment, a uniquement besoin d’une présence
affectueuse. Jésus, alors qu’avec Marthe, Il avait manifesté sa divinité en
affirmant : « JE SUIS (“ego eïmi”, Egw eimi””,,,,
qui est le Nom divin) la Résurrection et la Vie », montre auprès de Marie sa nature
profondément humaine, remplie de compassion jusqu’à pleurer avec elle.
Si cet Evangile peut
nourrir notre espérance, la mort peut encore rester pour nous une énigme sans
réponse satisfaisante. La déchirure du départ, l’absence de celui ou celle qui
n’est plus là à nos côtés, le vide que produit le deuil sont autant d’obstacles
à notre foi au Ressuscité. Marthe elle-même, malgré sa foi naissante, butte
encore sur le mystère de la mort et lorsque Jésus commande que l’on ouvre la
tombe, elle reste dans ses vues toutes humaines. Jésus, en un patient reproche,
l’encourage et lui dit: « Ne te l’ais-je pas dit ? Si tu
crois… » Nous sommes donc une nouvelle fois invités à mettre notre
confiance totale dans le Christ, “Celui qui est venu dans le monde”,
Dieu et homme, nous ayant précédé dans la mort et nous y accompagnant encore
aujourd’hui.
Plus encore, Saint Paul nous y entraîne
magnifiquement dans sa lettre aux Romains que nous avons en deuxième
lecture : « Si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts
habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts donnera aussi la
vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en nous » Rm
8,11.
Lazare, revenu à la
vie par la puissance divine exercée par le Christ (relatée trois fois seulement
dans tous les évangiles), mourra une deuxième fois. Lorsque Jésus demande qu’on
“le
délie, qu’on le laisse aller”, Il montre, comme pour le paralytique,
qu’il y a une mort plus profonde : celle de l’enfermement sur soi qui ne
laisse plus entrer ni la vie de Dieu ni celles des autres et tue toute
compassion, toute miséricorde. Le Carême nous invite à continuer par l’aumône à
maintenir ouvertes nos mains pour les détresses que nous rencontrons ou qui
nous sollicitent : c’est le cas aujourd’hui du CCFD et à combattre ainsi
toute mort dans nos cœurs.
Que l’Esprit du
Seigneur nous éclaire, non seulement sur le mystère de la mort, mais sur celui
de notre mort spirituelle et nous prépare à accueillir la Résurrection lors de
la fête de Pâque qui approche.
AMEN !
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