HOMELIE 3ème Dimanche
Carême. A.
Massa et la
Samaritaine Ex 17,3-7 ; Jn 4, (5-42)
23 Mars 2014
« Dieu est-il au milieu de nous, oui ou non ? »
Récit magnifique de Jésus rencontrant cette femme de Samarie,
illustration du Sauveur qui vient au-devant de son humanité pour lui donner l’eau qui donne la vie.
Ce dessein de Dieu s’était déjà manifesté il y a bien longtemps
vis-à-vis de son peuple esclave. Il le libère d’Egypte, grâce à son serviteur
Moïse, et Il le conduit au désert. Arrivé en un lieu appelé “Réphidim” (qui
signifie “lieu de repos”) survient l’épreuve redoutable de la soif. Et ce même peuple, que
Dieu a sauvé des armées de pharaon, qu’Il a fait traverser la Mer à pieds secs,
qu’Il a nourri des cailles et de la manne, ce peuple vient à douter et
récrimine contre Moïse et contre Dieu. Cependant, Dieu exauce la prière de
Moïse et fait jaillir une source du
rocher que celui-ci a frappé de son bâton miracle.
On donna à ce lieu le nom de “Massa”,
que la liturgie traduit par “défi”,
mais qui signifie également “épreuve”,
“tentation”, [“peirasmon” en grec, dans la traduction des LXX,
c’est le même mot que dans le Notre Père] « parce que les fils d’Israël… avaient
mis au défi le Seigneur en disant : « Le
Seigneur est-il vraiment au milieu de nous, oui ou non ? » v.7
Quel est celui d’entre nous qui n’a jamais été tenté de s’en
prendre à Dieu lorsqu’une grosse épreuve, une souffrance, un gros ennui de
santé, un deuil soudain, survient ? Ou, lorsque dans la prière, l’aridité
se fait déroutante au point où l’on en vient à se dire que Dieu nous oublie ou
qu’Il n’existe pas et qu’il n’est que pure imagination?
Tout cela sont des épreuves réelles, à ne pas prendre à la légère
et que tous les grands saints ont traversées. Pensez à Sainte Bernadette au
couvent de Nevers ; à Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus un an et demi avant
sa mort ; et récemment, comme il nous l’a été révélé, au désert spirituel
de 40 ans de Mère Teresa.
Dieu est pourtant toujours présent et Il tient sa source toute prête : en Lui faisant confiance, Il
la donne avec profusion, mais notre sensibilité ne peut parfois le percevoir,
tant Il agit spirituellement au plus profond de nous-même si nous acceptons de
nous abandonner à Lui dans la foi.
Regardons la
samaritaine. Elle vient comme chaque jour faire sa corvée
d’eau au puit de Jacob, profond de 32
m. Elle en est à son 6ème mari : en hébreu, mari se dit “Baal”, qui désigne également le Maître, le
propriétaire, mais aussi le dieu des cananéens, dieu de l’orage et de la pluie
fertilisant le sol).
Jésus, dit le texte original, est « assis sur la source » (pèguè : phgh),
la « source de Jacob » v.6. Paul, dans la première lettre aux
Corinthiens, faisant allusion à l’Exode du peuple de Dieu, écrit : « Tous
burent au même breuvage spirituel : car ils buvaient à un rocher spirituel
qui les suivait : ce rocher, c’était le Christ » (1 Co 10,4).
Jésus révèle à cette femme ce qu’elle attendait depuis longtemps, sans cesse
déçue par les baals (les faux
dieux : il y en avait eu cinq en effet à Samarie, importés par les
assyriens au temps de leur occupation du pays en 721 avant J-C). Jésus, accueillant
sa soif et se révélant à elle, devenait, si j’ose m’exprimer ainsi, mais à
prendre au sens spirituel “le baal de sa vie, l’homme de sa vie”.
Depuis que sur la Croix, “de son côté ouvert sortirent le sang et
l’eau” (Jn 19,34), Jésus est pour
chacun de nous notre source de vie.
A la messe, nous venons nous désaltérer et faire grandir notre foi en Lui.
Ainsi, nous vivrons avec Dieu qui est présent sans cesse au milieu de nous
quelques soient nos situations et davantage encore si elles sont éprouvantes.
Seigneur, que nous puisions
ne jamais te mettre au défi : n’est-ce pas ce que nous pourrions
demander dans le Notre Père, lorsque nous disons : « Ne nous soumets
pas à la tentation » qui peut se traduire par : « Ne nous conduis pas à te mettre au défi » !
AMEN !
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