HOMELIE 21ème
Dimanche Ordinaire, 25 Août 2013 - Lc 13,22-30
« Seigneur,
n’y aura-t-il que peu de gens
à être sauvés ? »
Question qui était bien d’actualité à l’époque puisque certains
rabbins affirmaient que tous les
Israélites auront part au monde futur (Mishna, Sanhedrin X, 1) ;
d’autres rabbins, que ceux qui périssent sont plus nombreux que ceux qui seront sauvés
(Quatrième Esdras IX, 15).
Comme d’habitude, Jésus ne répond pas à la question ou plutôt, il
entraîne plus loin. Quelle est en effet la vraie question ? N’est-ce
pas : « Est-ce que moi je
serai sauvé ? Et comment ? Qui peut me le dire ? »
Personne, mais voici les conditions. « Efforce-toi d’entrer par
la porte étroite ». Où se trouve cette porte étroite ? Elle
est dans ma vie de tous les jours. Mais, tout d’abord, une remarque de bon
sens : plus je suis chargé, encombré, plus une porte me paraît
étroite ! Il me faut m’alléger, me détacher de certaines choses non
nécessaires, futiles et sans doute de “l’encombrante
personne qui est moi-même” disait avec humour St Thomas Moore: traduisez,
de mon ego prédominant.
Mais Jésus parle de l’effort qu’il faut faire pour entrer dans le
Royaume de Dieu. Ces efforts se présentent à nous le plus naturellement du
monde. Ainsi, le moindre geste d’attention aux autres, la moindre parole
bienveillante, chaque tentative que je fais pour me dominer, pour ne pas céder
à mon propre plaisir ou à ma mauvaise humeur, mais au contraire pour aller vers
quelqu’un qui a besoin de moi, est toujours un pas qui me fait avancer et même
passer par la porte étroite. Chaque fois que je ne rends pas le coup injuste
que l’on m’a infligé, chaque fois que je dis « oui » à une croix que
j’ai à porter, je fais un bout de chemin par la porte étroite qui mène au Royaume.
Par cette image de la porte
étroite, Jésus nous redit le sérieux et même les difficultés de la condition
humaine et en même temps, la nécessité absolue de se convertir sans cesse aux
valeurs de l’Evangile ; ce qui ne va pas sans certains efforts mais
surtout de dispositions d’accueil et d’humble demande de ces dons de
conversion.
Jésus continue avec l’image de la porte qui cette
fois-ci est fermée. Il y a un véritable risque de rester dehors, à
l’extérieur du Royaume, parce que nous aurions fait le mal et que notre vie serait
incompatible avec celle du Royaume de l’Amour. Mais n’est-ce pas nous qui
aurions fermer la porte à l’Amour de Dieu et du frère ?
Jésus adresse à ceux qui le connaissent, à nous, un appel urgent et
insistant pour s’engager dans une vraie attitude de conversion. D’autres, venant des quatre vents, qui ne l’ont
pas connu ni fréquenté, se verront ouvrir la porte car leur vie sera faite de
tous ces passages de portes étroites que nous avons évoqués et qui les ont fait
connaître du « maître de
maison », parce qu’ils ont vécu selon son Esprit.
Ne nous étonnons pas de voir le Christ annoncer pour le Royaume un
renversement de situations humaines : « Oui, il y a des derniers qui seront
premiers et des premiers qui seront derniers » comme dans le Magnificat.
Encore une fois, toute familiarité superficielle avec le Christ, toute piété
sans conversion ferait trouver la porte fermée. Nous sommes invités avec
insistance par le “maître de
maison”, Jésus Lui-même, à entrer par la porte étroite pour nous
introduire dans la compagnie “d’Abraham,
Isaac et Jacob et de tous les prophètes” et bien sûr, en sa compagnie plus
qu’amicale, divine ! N’hésitons pas ; avançons sans peur avec Lui en
passant par ces portes étroites qui se présentent à nous : ne nous accompagne-t-Il pas ?
AMEN !
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