HOMELIE 30ème
Dimanche du Temps Ordinaire B.
28 Octobre 2012. Mc 10, 46-52
Bartimée, l’aveugle de Jéricho.
Josué
[Jésus et Josué se disent dans la Bible grecque des LXX de la même façon :
Yeoshua, « Dieu sauve »] sort de Jéricho : il a traversé la
ville et il ne s’est rien passé ! Et
pourtant, Jéricho représente le moment fort de l’entrée en Terre Promise, la
première ville conquise par les hébreux arrivant d’Egypte après 40 ans de
désert. Regardons de plus près.
Tandis que les disciples et une foule
nombreuse accompagnent « Jésus de Nazareth », assis au bord du
chemin, se tient un homme qui a perdu la vue, Bartimée. Dans l’Evangile de
Jean, Jésus rencontre un autre aveugle de naissance et la question de ses
disciples est tout de suite de demander : « Rabbi, qui a péché pour
qu’il soit né aveugle : lui ou ses parents ? » (Jean 9,
3). Dans la mentalité de ce temps, toute infirmité était considérée comme une
punition due à une infidélité à Dieu. Jésus répond de façon radicale : « Ni
lui, ni ses parents ! » ouvrant un regard tout autre sur
Dieu.
Toujours est-il que Bartimée est exclu
de la vie ordinaire, laissé sur la touche. Cependant, s’il ne voit pas, il écoute, en vrai fils
d’Israël : « Ecoute
Israël… » « Shema Israël… » Deutéronome 6, 4, profession de
foi de base de tout israélite, répétée trois fois par jour. Dans sa nuit,
n’éprouve-t-il pas un manque profond de communication ? Il est de ceux que
désigne la béatitude : « Heureux
ceux qui pleurent, ils seront consolés » (Matthieu 5, 5) que l’on peut
traduire mot à mot : « En marche (levez-vous !)
ceux
qui sont en deuil (et qui donc vivent un manque profond) : ils
auront la Consolation, (c'est-à-dire, le Messie Lui-même) », comme
le vieillard Siméon qui attendait la “Consolation d’Israël” : Luc 2, 25.
Un cri jaillit alors de sa
poitrine : « Jésus, Fils de David, aie pitié de moi ! »
N’est-ce pas là une vraie profession de foi messianique? La foule ne voit en Jésus que le rabbi
guérisseur de Nazareth à qui elle fait honneur. Elle est gênée par les cris de
détresse et d’espoir de cet aveugle. Mais lui, de plus en plus fort, clame sa
profession de foi et son espoir : « Fils de David, aie pitié de
moi ! ». Malgré le brouhaha, Jésus s’arrête : lui aussi
sait écouter. Alors la foule change d’attitude : « Bon ! Courage !
Lève-toi, Il t’appelle ! » Et lui rejetant son manteau, se libérant
du peu qu’il avait, bondit vers Jésus.
« Que veux-tu que je fasse pour
toi ? ». Quelle drôle de
question ! Mais ne traduit-elle pas toute la délicatesse de Jésus qui
demande que nous disions clairement ce que nous désirons, même quand la demande
est on ne peut plus naturelle et humaine ?
« Que je recouvre la vue ! » A comprendre au
premier comme au second degré : voir, jouir de sa vue, et voir
le vrai sens des choses telles que Dieu les voit. « Va, ta foi (cette
autre manière de voir à la façon de Dieu) t’a sauvé ». Elle t’a fait
entrer dans toute la lumière, Bartimée, à tel point qu’à présent, tu veux
suivre ton Sauveur. « Il recouvra la vue et le suivait sur le chemin ».
Jésus quitte Jéricho pour monter à
Jérusalem, cœur de la foi. Il
va y être acclamée par la foule aux cris de : « Hosanna au Fils de David ! »
(Marc 11, 8-10) et les gens jetteront leurs manteaux sur son passage.
Le chemin de
libération du Sauveur commence à Jéricho pour s’achever à Jérusalem, avec,
comme pour héraut et premier sauvé, Bartimée. Ce chemin fait appel à la foi qui
fait entrer dans la Vie.
ü
“Voir” au-delà des
apparences, comme Bartimée qui devint son disciple (acolyte dans le texte) et
non comme cette foule « suiveuse » qui accompagnait Jésus.
ü
Eprouver nos manques
pour lui demander de les combler, Lui le Messie, la Consolation d’Israël, le
Fils de David.
ü
Suivre le nouveau Josué,
suivre le libérateur, sur la route alors qu’Il monte à Jérusalem pour passer de
ce monde à son Père, de cette terre à la terre
promise définitive.
Bartimée : le fils de Timée, dit l’Evangile, mais cela ne nous renseigne pas
beaucoup. Et pourtant, Timée, en araméen, désigne l’impur ; celui qui a péché : Bartimée, le “fils de
l’impur” ; mais en grec, cela signifie : “Le fils très précieux” !
Ne nous invite-t-il pas à une magnifique conversion ?
AMEN !
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