HOMÉLIE 29ème Dimanche Ordinaire B. Mc 10,35-45
20.10.2024
Demande des fils de Zébédée
L’Évangile de ce Dimanche est à la fois pittoresque et bien révélateur. Pittoresque car il met en scène deux disciples qui composaient, avec deux autres frères, Pierre et André, le noyau dur des Apôtres de Jésus. Il les a appelés à être témoins de la résurrection de la fille de Jaïre : Mc 5,37 ; de sa Transfiguration : Mc 9,2 ; de ses pleurs sur Jérusalem « qui n’a pas connu le temps où elle a été visité » : Mc 13,3 enfin de son Agonie : Mc 14,33.
« Fils de Zébédée », quelle belle appellation ! Elle vient de l’hébreu « Ze-badyahu » qui signifie « Cadeau de Dieu » ! Ne croyons pas trop vite qu’ils aient été plus ambitieux que les autres apôtres qui s’indignèrent de leur démarche. N’ont-ils pas tout quitté pour suivre Jésus ? Ils avaient pourtant une belle place auprès de leur père Zébédée, patron d’une pêcherie florissante. S’ils demandent à être l’un à droite, l’autre à gauche de Jésus, n’est-ce pas pour rester tout près de Lui ? D’ailleurs, Jésus ne les blâme pas, ni ne se fâche : à aucun instant il ne conteste leur désir d’être auprès de Lui : mais Il les invite à Le suivre sur le chemin difficile et étroit de Sa Passion et de Sa Mort où « Il boira Lui-même la coupe jusqu’à la lie ».
Jésus livre alors son message essentiel, celui qui nous révèle Dieu tel qu’Il est. « Le Fils de l’Homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude ». Le mot « rançon » est souvent mal compris. J’emprunte à Marie-Noëlle THABUT le commentaire suivant : « Aujourd'hui, quand nous entendons le mot rançon, c'est dans le contexte d'une prise d'otage, il s'agit de payer la somme exigée par les ravisseurs, seul moyen d'obtenir la libération du prisonnier. Le mot "rançon" désigne le montant de la somme à verser... Tandis qu'à l'époque du Christ, au contraire, le mot rançon signifiait la libération, c'est-à-dire la seule chose importante en définitive. Le mot grec qui a été traduit par rançon (Lutron) est dérivé du verbe Luo) qui signifie « délier, détacher, délivrer…Dieu est libérateur »
Rester près de Jésus et porter son message comme l’ont fait Jacques et Jean, c’est devenir « serviteur » comme le maître, donné à fond, "jusqu’au bout". (L’Évangile utilise également le mot "esclave"). Seuls ceux qui ont vécu et vivent aujourd’hui cela ont été ou deviennent vraiment "missionnaires".
Exercer un pouvoir dans l’Église, à la suite du Christ, c’est être au clair avec nos motivations et repérer toutes celles centrées sur nos propres désirs et intérêts qui auraient pour conséquences d’écraser les autres. Être à sa place, souvent appelé par une autorité responsable dans l’Église ou par la Communauté, demande d’avoir une vie intérieure humble et qui a de l’espace pour Dieu et les autres.
C’est bien ce à quoi le Christ nous appelle tous et chacun d’entre nous, dans des situations très diverses : parents, éducateurs, enseignants, catéchistes, animateurs d’Aumônerie de Club St Quentin, de mouvements scouts, membres de Communauté Nouvelle, mais aussi engagés et bénévoles dans un service caritatif ou auprès de malades ou personnes âgées : le champ est large et il y a de la place pour tout le monde. Vivons en serviteurs avec ce "cocktail missionnaire" fait de respect, de bienveillance, d’accueil, de patience, de vigilance et courage, priant sans cesse l’Esprit Saint.
Prions-Le les uns pour les autres ; pour les missionnaires au loin ou tout près de nous,
AMEN !
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