mercredi 28 août 2024

HOMÉLIE 22°Dimanche ordinaire B. « Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi » Mc 7,1-8.14-15.21-23 - 1/09/2024

 

HOMÉLIE 22°Dimanche ordinaire B.

Mc 7,1-8.14-15.21-23 -  1/09/2024

 

« Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi »

 

Est-ce le but de Jésus d’énumérer les turpitudes qui décrivent nos maladies de cœur ? Bien sûr que non ! N’a-t-il pas voulu, comme l’écrit si bien St Jacques dans la lecture d’aujourd’hui, « nous donner la vie par la parole de vérité » ? Et sur les recommandations du même apôtre, « accueillons-la humblement : parce qu’elle est semée en nous, elle est capable de nous sauver »

         Oui, mais à condition que nous ne nous contentions pas seulement de l’écouter, mais en la mettant en pratique. Et cette mise en pratique, c’est la charité à l’égard de ceux qui en ont besoin.  St Jacques désigne les orphelins et les veuves dans leur malheur, car c’étaient les catégories sociales les plus vulnérables à son époque. Mais il aurait pu nommer toutes les formes de malheur que nous rencontrons aujourd’hui : des personnes gravement malades aux victimes des guerres et des famines, en passant par les personnes âgées abandonnées, les chômeurs longue durée ou les sans-papiers et tant d’autres …et j’ajouterai, en cette période des jeux paralympiques, tous les handicapés, quelque soient leur handicap.

         Reprenons le Psaume 14(15): il présente le « juste » qui se conduit selon les commandements du Seigneur dans la vérité de son cœur. Et c’est bien cela que Jésus veut dire aux scribes et aux pharisiens qui croient rendre un culte à Dieu et acquérir la justice en observant des préceptes qu’ils ont inventés au lieu de suivre le commandement de Dieu. Il est même obligé d’expliquer clairement à la foule, fascinée et empêtrée dans tous ces rites, ce qui est pur et ce qui rend impur, c'est-à-dire ce qui est donné à l’homme et ce que l’homme produit du « dedans », c'est-à-dire au fond de lui-même, du cœur. Le cœur dans le langage biblique est le siège de l’intelligence, de la volonté et de l’affectivité. C’est en lui que s’élaborent les pensées et  que se prennent les décisions qui font passer à l’action. Jésus vient guérir les parties blessées de nous-mêmes qui nous détruisent et détruisent les autres. Il nomme ces maladies qui laissent nos cœurs battre au rythme de nos pulsions, de nos désirs ou de nos frustrations et non au rythme de son amour. C’est vraiment le médecin qui nous éclaire par son diagnostic.

         Ainsi, toute prière que nous adressons à Dieu, toute rencontre que nous cherchons avec Lui doit se faire dans cet espace de vérité sur nous-même, éclairé et encouragé par sa parole purificatrice. Sinon, « nous l’honorerons des lèvres, mais notre cœur sera loin de Lui » et restera malade.

         Dieu, nous écrit St Jacques dans la deuxième lecture de ce jour, « a voulu nous engendrer par sa Parole de vérité » et il recommande « d’accueillir dans la douceur la Parole semée en nous ; c’est elle qui peut sauver nos âmes ».

Où peut-on recevoir cette Parole de Dieu pour la mettre en pratique jour après jour ? Dans un missel quotidien comme « Prions en Église » ou « Magnificat » ; grâce à une Radio Chrétienne comme  Radio-Notre Dame ou RCF, sur laquelle l’évangile de chaque jour est commenté le matin ;  ou encore grâce à une revue chrétienne ou un journal quotidien comme « La Croix » qui offre tous les jours une méditation de la Parole de Dieu et présente des actions concrètes de mise en œuvre de cette Parole. La rencontre avec cette Parole de Dieu portera beaucoup de fruit lorsqu’elle sera accueillie dans la prière.

Que cette Parole, qui purifie et donne vie, atteigne notre cœur, « notre dedans » et nous accompagne chaque jour en nous faisant porter du fruit.

Accueillons de tout notre cœur le « Verbe de Dieu » qui vient maintenant à nous et pour nous dans cette Eucharistie.

AMEN !

vendredi 23 août 2024

HOMÉLIE 21° Dimanche ordinaire B. "« Cette parole est dure : qui peut l’écouter ? "Jn 6, 60-69 - 25 Août 2024

 

HOMÉLIE 21° Dimanche ordinaire B. Jn 6, 60-69

 25 Août 2024

           

« Cette parole est dure : qui peut l’écouter ? ».

 

Au terme de l’enseignement de Jésus sur le Pain de Vie, que nous avons parcouru au long des dimanches de ce mois d’Août, il est facile de comprendre l’étonnement et la difficulté des premiers disciples qui avaient commencé à suivre Jésus. Celui-ci, en effet, leur fait le don de Lui-même : « Qui mange ma chair et boit mon sang… » ! Suivre quelqu’un dont les paroles, jusque-là, redonnaient sens et vie à la Loi que Dieu avait donnée à son peuple, c’était  merveilleux ! De plus, Il ne se contentait pas de parler, ce rabbi, mais Il accomplissait des signes et prodiges qui accréditaient ce qu’Il disait : ne venait-Il pas de nourrir des foules et de marcher sur la mer ?

Cet homme était manifestement accompagné de la puissance de Dieu : ne valait-il pas la peine de se mettre à son école, fut-elle exigeante ?

Mais voilà : à l’image d’un Dieu fort et qui veille sur son peuple, succède celle d’un “Fils de l’Homme” qui dit se donner à manger, “chair et sang” !

Et pourtant, que propose Jésus en vérité ?

De le suivre sur le même chemin que Lui. Ce chemin est fait du don de soi et de l’accueil de l’autre ; d’un amour de service et de partage ; d’un amour de convivialité en ce monde souvent égoïste et intéressé. C’est avant tout l’amour vrai que Jésus nous demande de vivre, de répandre et de protéger, parce que seul l’amour conduit à la vie : « Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie ».

Cela demande de faire un choix.

Choisir, c’est se prononcer pour un acte, un comportement, des valeurs, une personne, qui permet d’avancer ou de stagner, voire régresser.

Dans la première lecture de ce dimanche (livre de Josué ch. 24), Josué (Yehoshua) invite à faire un choix déterminant à toutes les tribus d’Israël rassemblées à Sichem. Choisissez entre, d’un côté, le Seigneur qui nous a sortis de l’esclavage ; qui nous a protégés tout au long du chemin de l’Exode et qui donne la vie ; et de l’autre, les dieux que vos pères servaient au-delà de l’Euphrate et qui ne sont rien.

De même, Jésus (Yehoshua) propose un choix aux disciples, sous la forme d’une question de confiance : « Voulez-vous partir, vous aussi ? ». Question totalement ouverte : Jésus ne les retiens pas, les laisse libres : à eux de choisir.

Pierre comprenait-il mieux que les autres ? Ce n’est pas sûr, mais ne voyait-il pas en Jésus quelqu’un qui l’avait appelé personnellement et qui s’engageait totalement envers lui et les hommes pour donner vie, sa vie. Il saisit toute la personne de Jésus dans son mystère et Lui fait une confiance totale : « A qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle ». Sans cette relation intime et forte avec son maître et Seigneur, Pierre aurait-il pu affirmer cela ?

Voici qu’il nous est demandé à chacun de vivre dans l’intimité avec Dieu et c’est pourquoi ce même Dieu nous offre dans chaque Eucharistie, source et sommet de la vie chrétienne, d’écouter sa Parole et de s’unir personnellement à Lui par le sacrement du don de soi. C’est le choix qu’Il nous demande de faire. Ne craignons pas que cette flamme de vie nous engage dans plus d’amour : elle nous accompagnera et nous protégera.

« On ne protège bien un feu qu’en lui permettant de brûler »

 

AMEN !

vendredi 16 août 2024

HOMÉLIE 20°Dimanche ordinaire B. "Comment cet homme-là peut-il nous donner sa chair à manger ? ".Jn 6, 51-58 - 18.08.2024

 

HOMÉLIE 20°Dimanche ordinaire B. Jn 6, 51-58

18.08.2024

           

« Comment cet homme-là peut-il nous donner sa chair à manger ? ».

 

Par ce mot chair, Jésus désigne sa vie d’homme et non pas sa chair au sens du tissu musculaire car le mot “chair” dans la Bible n’est pas réduit à celui des cellules biologiques : il désigne tout l’être humain dans sa condition fragile. Ainsi, Jean écrit : « Le Verbe s’est fait chair et Il a habité parmi nous » Jn 1,14

Oui, Il a bien donné sa chair et son sang, et la réalité de ce don du Fils de Dieu dépasse toutes nos représentations intellectuelles, mais s’accorde à l’intelligence de notre cœur. En nous donnant sa chair et son sang, Il nous donne la totalité de ce qu’Il est. Lorsque nous aimons quelqu’un, notre corps ne participe-t-il pas à l’expression réelle de cet amour, qui que nous soyons : parents, époux, grands parents, parent/enfants et même frères et sœurs ? De plus, le corps a pris une telle place dans notre société, malheureusement pas toujours dans le sens de la dignité humaine, que l’on peut même dire qu’il est devenu l’expression ultime de l’identité matérielle de l’individu : pensons aux empreintes digitales incontournables dans les enquêtes policières ; mais aussi le nouveau passeport biométrique et évidemment, l’ADN !

Si bien que l’on peut dire que lorsque Jésus, au cours de la Sainte Cène, prononce ses paroles sur le Pain, Il dit à ses disciples : « Prenez et mangez, Ceci est mon Corps » Cela revient à dire : « Prenez et mangez : Ceci, c’est Moi, Dieu ! » - De même, pour le vin : « Prenez et buvez, Ceci est mon sang » Cela revient à dire : « Prenez et buvez : c’est Moi VIVANT !»   

         Autre détail que révèle le texte original. « Qui mange… » Jésus le répète plusieurs fois dans le texte de l’évangile de ce jour. Au début, trois fois, Il utilise le mot : “Fagueïn” que l’on retrouve, en français, dans les mots : “aérophagie”, “œsophage”, “anthropophage”. Il signifie : manger, simplement, nous alimenter. Puis Il utilise quatre fois le mot “trogôn” qui signifie : mastiquer,  comme pour mieux assimiler la nourriture que nous prenons. C’est d’ailleurs ce qui était recommandé aux juifs dans le “Seder”, rituel de la nuit de la Pâque où l’on consommait l’Agneau Pascal, pour bien s’imprégner de la mémoire de la libération de l’esclavage d’Égypte par le Seigneur.

         Autrement dit, Jésus nous invite non plus seulement à venir à Dieu, mais à accepter que Dieu, en sa personne, vienne à nous ; à accueillir le don total de Lui-même ! Ce que nous avons à assimiler, comme on assimile un aliment, c’est la vie de Jésus telle qu’elle nous est rapportée dans les Évangiles. Et donc, faire nôtres ses gestes, ses paroles, ses attitudes, son souci pour tous ceux qu’Il croise, enfin sa relation à son Père, notamment dans Sa prière. Cela entraîne que nous tenions la porte de notre cœur et de nos pensées grande ouverte ; ouverte à Lui et ouverte à tous ceux qu’Il nous envoie. Et tout cela, pour que nous ayons la Vie (Zoé, la vie, principe d’animation, et non Bios, la vie physique) : neuf fois nommée dans le passage d’aujourd’hui !

         Écoutons St Paul : « Ne soyons pas insensés, mais comprenons bien quelle est la volonté du Seigneur… » Évitons la folie du monde et répondons à l’invitation de la Sagesse comme nous y invite la première lecture de ce dimanche : « Qui est simple ? Qu’il passe par ici ! » « A l’homme insensé elle dit : "Venez, mangez de mon pain, buvez le vin que j’ai préparé. Quittez votre folie et vous vivrez, prenez le chemin de l’intelligence » La véritable intelligence n’est-elle pas de manger le pain qui est la vraie nourriture et qui donne la vie éternelle ?

          « Il est le grand Mystère de la foi ! » Oui, il est grand et nous n’avons pas fini de le contempler. Rendons grâce à Dieu.

 

AMEN !

mardi 13 août 2024

HOMÉLIE ASSOMPTION - Lc 1, 39-56 - 15 Août 2024

 

HOMÉLIE  ASSOMPTION   - Lc 1, 39-56

15 Août 2024

A ma connaissance, il n’existe pas de créature humaine qui soit aussi humble et aussi vénérée que la Vierge Marie. Outre le “Magnificat”, merveilleux cantique que nous venons d’entendre et qui est repris à chaque office de vêpres par des milliers de personnes, laïcs, prêtres, religieuses ou religieux, je n’ai relevé que cinq passages Marie s’exprime dans les Évangiles.

         Marie la servante, disponible au dessein de Dieu, qui veut devenir l’un d’entre nous, en tout point semblable, hormis le péché. Elle cherche, comme pour l’aider, à connaître par quel moyen va se réaliser ce projet : « Comment cela va-t-il se faire puisque je ne connais pas d’homme » Lc 1, 34. Une fois éclairée par l’ange, elle donne un oui total : « Voici la servante du Seigneur : que tout se passe pour moi comme tu l’as dit ! » Lc 1, 38.  Marie permet ainsi à Dieu de réaliser ce Mystère de l’Incarnation, où son Fils demeure pleinement Dieu, tout en devenant pleinement homme.

         Marie louant son Seigneur : Le cantique du Magnificat est entièrement centré sur Dieu et ce qu’Il réalise en elle.

         Marie ne s’évadant pas de notre condition humaine. Non seulement elle évolue dans un monde violent qui a ses propres lois (massacre des saints innocents, passion de son Fils), mais elle éprouve en elle questionnements, angoisse : Lorsqu’elle retrouve Jésus au Temple après deux jours de recherche : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois ! Ton père et moi, nous te cherchons, angoissés ! - « Pourquoi me cherchez-vous ? Ne saviez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père ? » » Lc 2, 48-49. Luc nous rapporte qu’ils ne comprirent pas la réponse de Jésus. Cette incompréhension se poursuivra plus tard au sein de sa famille, lorsque Jésus aura commencé sa prédication : « Sa mère et ses frères arrivent et, se tenant dehors, ils le firent appeler. Il y avait une foule assise autour de lui et on lui dit: "Voilà que ta mère et tes frères et tes soeurs sont là dehors qui te cherchent." Il leur répond: "Qui est ma mère? Et mes frères ?"  Et, promenant son regard sur ceux qui étaient assis en rond autour de lui, il dit: "Voici ma mère et mes frères.  Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là m'est un frère et une soeur et une mère." » Mc 3, 31-35

                  Marie, attentive aux besoins des hommes et sûre du pouvoir de son Fils. A Cana, s’adressant à Jésus : « Ils n’ont plus de vin » A la réponse étonnante de Jésus : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore arrivée ». Elle poursuit, assurée : « Tout ce qu’Il vous dira, faites-le » Jn 2, 2-5.

                   Il ne faudrait pas non plus oublier les attitudes profondes de Marie que nous rappellent d’autres passages des Écritures.

                   Marie, présente à son Fils. Quand l’heure de son Fils est venue, elle est là, impuissante au pied de la Croix : « Jésus donc voyant la mère et, se tenant près d'elle, le disciple qu'il aimait, dit à la mère: " Femme, voici ton fils."  27 Puis il dit au disciple: "Voici ta mère." Jn 19, 26-27.

                   Marie présente à l’Église naissante. Elle est assidue à la prière avec les Apôtres, quelques femmes et des frères de Jésus. Elle se trouvera avec eux, tous ensemble, à Pentecôte pour recevoir le don de l’Esprit Saint qu’elle avait déjà accueilli en elle à l’Annonciation. Ac 1, 14 et 2,1.  

                  Oui, Marie, humble servante « bénie entre toutes les femmes… Toutes les générations te diront bienheureuse »

                   Marie, Toi la Femme, n’es-tu pas celle que nous présentait l’Apocalypse, mettant au monde un enfant mâle qui doit mener toutes les nations… ? N’es-tu pas celle qui reçut les deux ailes du grand aigle pour voler au désert ? N’es-tu pas celle que la Tradition nous présente s’endormant au milieu des Apôtres pour être enlevée au ciel comme quelques grands personnages de la Bible : Hénoch, le patriarche, enlevé, car « il suivait les voix de Dieu » Gn 5,23. Élie le prophète, qui monta au ciel dans la tempête sur un char de feu : 2 Roi 2, 11 ; peut-être Moïse, qui mourut face à la Terre Promise et dont on ne retrouva jamais la tombe : Dt 34, 6.

                  Marie, sois aussi notre mère ; sois présente à nos côtés pour nous élever vers ton Fils, maintenant et à l’heure de notre mort,     

AMEN !