jeudi 30 mai 2024

HOMÉLIE de la FETE du SAINT-SACREMENT du CORPS et du SANG du CHRIST. B 2 Juin 2024

 

HOMÉLIE de la FETE du SAINT-SACREMENT du

 CORPS et du SANG du CHRIST. B

 2 Juin 2024

 

 

[Lors du dernier repas, le Christ a dit : « Ceci est mon Corps, ceci est mon Sang » et ses disciples Lui ont fait confiance.

Depuis cette date, l’eucharistie est devenue la source  et le sommet de toute évangélisation, l’acte central de la vie de l’Église.

     Et, lorsqu’à la Réforme, bon nombre de chrétiens se sont mis à douter de la réalité [permanente] de la présence du Christ dans le pain et le vin consacrés, l’Église catholique a réaffirmé la vérité de ce mystère en affirmant avec force que, oui, le Christ était authentiquement présent dans le pain et le vin consacrés. A compter de ce moment-là, le culte de l’adoration du Saint-Sacrement s’est développé de façon générale et les grands saints qui ont suivi l’ont vivement recommandé ainsi que Saint Jean-Paul II dans son encyclique « Ecclesia de Eucharistia »

 

     Paradoxalement, l’accent mis sur cette présence réelle du Christ à l’eucharistie risque parfois d’avoir, ce que j’ose appeler un effet pervers : celui de faire oublier d’autres modes de présence du Christ. Par exemple, lorsqu’Il s’identifie à ses frères humains : « J’avais faim et vous m’avez donné à manger, j’avais soif et vous m’avez donné à boire, j’étais un étranger et vous m’avez accueilli, nu et vous m’avez vêtu, malade et vous m’avez visité, prisonnier et vous êtes venu me voir ». (Mt 25, 35-36)

     Autant ceux qui négligeraient la réalité de la présence du Christ au repas de la messe se priveraient d’une richesse essentielle, autant ceux qui oublieraient cet autre type de présence non moins réelle du même Christ dans « le plus petit de ses frères » passeraient à côté d’un aspect non moins essentiel de l’Évangile.

     On en vient à regretter que ce terme de présence réelle ne soit réservé qu’à l’hostie consacrée. Car la vérité de sa parole est la même quand Il dit : « Ceci est mon Corps » que lorsqu’Il dit : « Ce que vous avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait »…

 

     Il s’ensuit qu’adorer le Christ dans l’Eucharistie sans Le servir dans mon frère est au moins un non-sens, au pire, une hypocrisie.

     On trouve dans les récits des Pères du désert, cette phrase d’un auteur hélas anonyme : « Quand tu te tiens en prière et qu’un frère te demande à boire, quitte ton oraison et donne-lui à boire. Le Dieu que tu sers est plus sûr que celui que tu pries ».

 

     Il y a encore d’autres modes de présences réelles que le Christ nous a apprises. « Quand deux ou trois sont réunis en mon Nom, Je suis là au milieu d’eux » (Mt 18,20) ; « Qui accueille en mon nom un enfant comme celui-là, m’accueille moi-même » Mt 18, 5.]

 

     En cette Fête du Corps et du Sang du Christ, adorons Celui qui se manifeste vivant et réellement présent à nous, dans sa diversité, jusqu’à la fin des temps. Ne négligeons pas ces moments d’adoration, que le Christ soit « exposé » ou simplement présent dans le tabernacle et venons puiser en sa présence la force et la joie d’aimer et servir nos proches auprès duquel Il nous conduit.

 

 

AMEN !

 

 

mercredi 22 mai 2024

HOMÉLIE Dimanche de la TRINITE. B "Allez, faites disciples toutes les nations...Mt 28,16-20 – 26 Mai 2024

 

HOMÉLIE Dimanche de la TRINITÉ. B

Mt 28,16-20 – 26 Mai 2024

 

     L’affirmation de notre foi en la TRINITÉ SAINTE fait partie d’un des trois grands mystères que l’Église nous propose d’accueillir et comme l’écrivait le P. François VARILLON, jésuite : « Un Mystère, c’est ce que nous n’aurons jamais fini de comprendre !» Mais il nous fait avancer progressivement dans la connaissance du vrai Dieu. Plus encore, ce mystère nous fait entrer dans son intimité. Si Dieu est amour, comment peut-Il être seul ?  Pour aimer, il faut être au moins deux de même nature. Mais là encore, se pose la question de la liberté de choix de l’être aimé: à deux, elle n’existe pas et il faut donc être plusieurs. Cependant, comme en Dieu tout est parfait, trois exprime à la fois cette liberté et cette unité. Ainsi la Bible nous fait découvrir un Dieu Père (parfois mère) qui ne cesse de créer ; un Fils qui accomplit à la perfection le vouloir du Père et qui continue de sauver ; l’un et l’autre unis dans l’Esprit Saint qui donne la vie. Et c’est dans cette famille divine unie par un amour infini que nous sommes appelés à entrer : quelle merveille !

    

     Dans l’Évangile d’aujourd’hui, au moment de quitter ses disciples, Il leur dit de “faire disciples toutes les nations” (matheteusatè  maqhteusate : il ne s’agit pas de faire de la quantité, mais de la qualité) et de les baptiser « Au nom du Père et du Fils et du saint Esprit ».

 

Ce qui est le plus merveilleux dans ce Mystère de la Trinité, c’est que Père, Fils, Esprit Saint nous font héritiers de l’amour qui les unit dans un élan commun. Et ils nous poussent à chercher les chemins d’une communion toujours plus vraie au cœur de notre humanité blessée où règne plutôt l’individualisme et le chacun pour soi qui laissent seul.

 

Alors comment exprimer cette mystérieuse réalité divine ?  L’Église a cherché plusieurs années et elle a créé un mot à partir du 3ème siècle : « Tri-unitas », Trinité, Trois en Un. Pour l’illustrer avec une image que je tiens du catéchisme de mon enfance pour approcher ce grand Mystère, on pourrait se représenter « Trois bougies bien distinctes mais tellement unies qu’elles ne donnent qu’une seule flamme, l’amour ».

 

Alors, que nous prions tantôt l’une ou tantôt l’autre personne divine, cela ne doit pas nous empêcher de prier, mais manifeste tout simplement que notre esprit peine à saisir ce mystère d’amour dans sa totalité. Notre prière au Père est davantage filiale ; celle au Fils est plus fraternelle et celle à l’Esprit-Saint est sans doute plus “opérationnelle”, lui demandant d’agir en nous par les sept dons qui le caractérisent et qui nous font aimer en vérité :

·         esprit de sagesse et d’intelligence : pour comprendre le dessein de Dieu et pour discerner comment vivre en fonction de ce dessein

·         esprit de conseil et de force, pour décider comment vivre et pour avoir le courage de le faire

·         esprit de science et de crainte du Seigneur, pour découvrir qui est Dieu et pour respecter son alliance.

·         On y a ajouté la piété pour atteindre le nombre 7

 

Enfin, rappelons-nous ce que nous entendions dimanche dernier à l’occasion de la PENTECÔTE : « Les fruits de l’Esprit sont : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, humilité et maîtrise de soi… » (Ga.22-23).

L’essentiel n’est-il pas de prier et de vivre pour entrer dans cet espace d’amour trinitaire dans lequel nous sommes invités.

 

Bonne Fête de la Sainte Trinité !

 

AMEN !

 

mercredi 15 mai 2024

HOMÉLIE de Pentecôte. Année B “Quand viendra le Défenseur, que je vous enverrai d’auprès du Père...” Jn 15, 26 19 Mai 2024

 

HOMÉLIE de Pentecôte. Année B Jn 15, 26-27 ; 16, 12-15 

19 Mai 2024

 

   “Quand viendra le Défenseur, que je vous enverrai d’auprès du Père...” Jn 15, 26

 

         Qui est ce “Défenseur, l’Esprit de vérité qui procède du Père” ? En grec, il s’appelle “Paraclet” de “para” (para)  [qui signifie “à côté”, comme parabole, un récit que l’on "jette", “ballo”, à côté de notre vie pour en découvrir le sens] et de “clètos” qui signifie “appelé, convoqué” et qui vient du verbe “kaléo(kalew) appeler, convoquer, comme dans “ekklésia”, l’assemblée de ceux appelés par le Christ depuis chez eux "ek", qui font Église]. Le Paraclet est donc celui qui est appelé à côté de nous [en latin, “ad-vocatus”] pour souffler notre défense.

         Mais de qui va-t-il nous défendre ? De trois ennemis.

D’abord, le monde. Dimanche dernier, Jésus disait aux disciples qu’ils n’étaient pas du monde, mais qu’ils étaient dans le monde. Pour définir le monde tel que Jésus le désigne dans ce passage (car il est aussi aimé par Dieu : Jn 3,16), on peut reprendre l’énumération de St Paul dans la lettre aux Galates (Ga 5, 16-25) que nous venons d’entendre (excellent pour un bon examen de conscience…) : ce qui est débauche, impureté, obscénité, idolâtrie, magie, haines, jalousie, divisions, sectarisme, rivalités, beuveries, gloutonnerie et autres choses du même genre (v.19-21): bref tout ce qui déshumanise. Le Paraclet nous en défend et produit en nous des fruits : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, humilité et maîtrise de soi…(v.22-23). L’esprit du monde agresse continuellement bien des aspects de la vie que les chrétiens proposent : la dérision, le mensonge,  l’hostilité, la haine et la violence sont ses armes. Mais les saints, comme Jésus face à ses adversaires, ont souvent désarmés leurs accusateurs par une sagesse inspirée. Ainsi la petite Jeanne d’Arc à qui ses juges ecclésiastiques demandaient si elle était en état de grâce répondit : « Si j’y suis, Dieu m’y garde, si je n’y suis pas, Dieu m’y mette ! » Ou de Ste Bernadette de Lourdes répondant à ceux qui l’interrogeaient sur ses récits d’apparition : « Je ne suis pas chargée de vous le faire croire mais de vous le dire ».

Le deuxième ennemi, c’est nous-même, lorsque nous nous laissons aller à nos pulsions et notre égocentrisme, mais aussi, au mépris ou rejet de nous-mêmes, parce que nous n’acceptons pas nos limites, nos imperfections, parce que nous nous sommes fait une trop haute idée de nous-même, qui ne correspond malheureusement pas à la réalité de ce que nous sommes. Là encore, le Défenseur produit en nous les fruits de douceur, d’humilité et de maîtrise de soi.

Enfin, le dernier ennemi, c’est Dieu ou plutôt, l’image que nous nous en faisons : tantôt juge sévère et exigeant, empêcheur de “vivre sa vie” ;  tantôt “bon-papa gâteau”, fermant les yeux sur nos méchancetés et laissant un peu tout faire. Le Paraclet nous guidera vers la vérité toute entière sur Dieu. Il nous permettra d’entrer dans l’intelligence profonde de la mission de Son Fils qui est sa parfaite image ; du don qu’Il nous a fait à tous, manifestant l’amour du Père qui surpasse tout ce que l’on peut imaginer.

Plus encore : il nous fait comprendre la place que nous avons chacun dans la communauté à laquelle nous appartenons, notamment dans notre paroisse : « Chacun a reçu le don de manifester l’Esprit en vue du bien de tous » (1 Co 12,7).

Il en va ainsi pour les 150 adultes du diocèse, dont cinq de notre paroisse, qui sont confirmés à la cathédrale St Louis en cette Vigile de Pentecôte.

Que l’Esprit Saint nous fassent à tous les dons adaptés à la mission que nous avons  reçue de Lui et ceux nécessaires à une vie de chrétien authentique, qui est dans le monde, mais non pas du monde. Voilà pourquoi il est bon de l’appeler tous les jours et en particulier lorsque nous avons des choix et des décisions importantes à prendre ou des échanges délicats à mener à bien.

Qu’Il nous fasse vivre de manière plus résolue notre état d’homme nouveau reçu à notre Baptême !    

 AMEN !

mercredi 1 mai 2024

HOMÉLIE 6° Dimanche de PÂQUES. B - “Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres” Jn 15, 9-17 5 Mai 2024.

 

HOMÉLIE 6° Dimanche de PÂQUES. B- Jn 15, 9-17

5 Mai 2024.

 

“Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres”

Jésus a dit cette parole quelques heures avant sa mort sur la Croix : c’est dire que c’est un peu comme son Testament. Mais n’y a-t-il pas quelque chose d’un peu étonnant dans ce qu’Il demande ? Comment peut-on “commander” “d’aimer” ? N’est-ce pas un peu contradictoire ? Aimer ne suppose-t-il pas un élan, fait de désir, qui entraîne et engage une personne dans sa liberté ? Peut-on aimer sur commande ? Que veut donc dire Jésus ?

         Et tout d’abord, qu’est-ce qu’aimer ? La plupart du temps, nous n’utilisons en français qu’un mot pour exprimer plusieurs réalités que d’autres langues ont su mieux exprimer. Pour ne rester qu’en Europe: en anglais, “I like, I enjoy, I care for et I love” ; en allemand, “Ich habe Gern, Ich habe Gefallen ou Ich liebe” ; en espagnol : “ Te quiero, me gustas ou te amo” – 7 mots en hébreux, 28 en arabe, parait-il !

         Aimer est un sujet si important qu’il ne faut pas s’étonner que notre Pape Benoît XVI en ait fait le thème de sa première Encyclique donnée le 25 Décembre 2005 en la fête de Noël : « Deus caritas est » qui est traduit par : « Dieu est amour »

    Il présente les trois mots qui désignent les trois réalités de l’amour dans la Bible : éros, eroV"” (désir : en français, ce mot a pris une connotation sexuelle : mais il exprime le plaisir, la joie et même le plaisir de la vraie rencontre) ;  philia filia(amitié, relation gratuite, plurielle…) et agapè agaph(don de soi et accueil de l’autre, ou l’on cherche son bien, sa réussite, son épanouissement, son bonheur partagé). Benoît XVI réconcilie ces trois réalités en les présentant comme bonnes puisque voulues par le Créateur et en même temps invite à les purifier pour que nous ne tombions pas dans les contrefaçons de l’amour qui ne serait qu’égoïsme, narcissisme, enfermement sur soi et destructeur de nous-mêmes et des autres ; un amour pour lequel mes semblables ne  compteraient que dans la mesure où ils sont comme moi ou ont un intérêt pour moi

Quand Jésus parle d’aimer, Il parle de donner sa vie ou, plus simplement et quotidiennement, donner de sa vie : « Pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis».

Alors, il y a ce mot : Commander ! Cela n’a-t-il pas un côté un peu obligatoire, autoritaire, contraignant et un rien « volontariste » ?

Le texte grec dans lequel sont écrit les Évangiles, autorise pour le mot commander la traduction : « recommander, prescrire » « en-tolè » "entolh", comme un médecin  « prescrit une ordonnance ». Il y a bien la notion « d’ordre », de forte recommandation qui s’apparente à un commandement,  mais celui-ci est laissé au bon vouloir du malade pour lequel il ne dépend qu’à lui de suivre l’ordonnance s’il veut guérir.

Dans le fond, Jésus est comme un médecin qui veut nous garder en bonne santé et « que sa joie soit en nous et que nous soyons comblés de joie ». Il nous prescrit, nous recommande de tout son cœur : "Allez à la rencontre les uns des autres et créez entre vous des relations amicales, serviables, festives, créatrices, dans lesquelles vous donnez de vos efforts, de votre talent, de votre vie pour que tous vivent mieux et soient plus heureux : et vous le serez vous aussi ! En particulier, soyez attentifs et à l’écoute de ceux qui portent des handicaps de tout genre : physiques, psychiques, affectifs, métaphysiques et même spirituels. Toute personne doit compter pour vous et votre vie sera dense pleine de sens. Et si cela peut vous paraître bien difficile dans certains cas, Je vous ai promis mon aide."

L’occasion de mettre en application cette « ordonnance de Jésus : aimez-vous les uns les autres » n’est pas réservée qu’aux couples dans leur mariage: elle est adressée à tous et nous fait tous entrer dans l’amitié avec Jésus notre Dieu. N’ayons pas peur de suivre Celui qui nous « prescrit » de nous aimer : Il nous en a montré le chemin : il conduit au vrai bonheur.

Humblement mais avec confiance, « demandons-le au Père en son Nom : Il nous l’accordera »                                   

AMEN !