HOMÉLIE 5ème Dimanche CARÊME ou 1° Dimanche de la Passion. B – Jn 12,20-33
17 Mars 2024.
« Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle » Jn 12,25
Lorsque St Jean rapporte ces paroles de Jésus, pour désigner « sa vie », il utilise le mot "psukèn" (yuchn), (que l’on traduit aussi par « âme »). Perdre sa vie, c’est évidemment à contre-sens de nos réflexes naturels et de ce que nous propose le monde. Mais qu’est-ce que vouloir "sauver sa vie en ce monde" si ce n’est servir le « Moi d’abord ! » ou le « chacun pour soi » ? Celui qui se comporte ainsi ne risque t-il pas, au bout du compte, de “rester seul” ? Ne s’oriente-t-il pas vers une certaine mort ? Et alors "Perdre sa vie en ce monde", ne serait-ce pas, au contraire, tenir compte des autres en se détachant du superficiel, de l’accessoire pour accepter de donner de sa vie pour que d’autres vivent ? N’est-ce pas déjà commencer à vivre en plénitude ? « Nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie parce que nous aimons nos frères » 1 Jn 3,14.
Jésus nous inviterait ainsi à nous détacher de cette "vie en ce monde", pour que nous la gardions pour la "vie éternelle".
Quelle est-elle, cette vie éternelle ? St Jean n’utilise pas le même mot pour la désigner : ce mot c’est "Zoë" (zwhn) ». Il comporte l’idée d’une force qui se manifeste particulièrement à travers le souffle et le sang. Elle anime nos relations, nos activités, nos initiatives, nos projets et aide à les construire. C’est le même mot que Jésus utilise lorsqu’Il répond à Thomas : « Moi Je suis le Chemin et la Vérité et la Vie » Jn 14,6.
Il est en effet le « Vivant » par excellence, et vivre, c’est se laisser envahir par la foi en ce Vivant ; ne plus vivre pour soi-même mais appartenir pour toujours au Seigneur.
Est-ce parce que c’est si peu naturel, si difficile à accepter que Jésus est soudain bouleversé ? Est-ce parce qu’Il pense qu’Il ne sera pas compris que le découragement le gagne ? Est-ce enfin parce que le chemin qui se dessine devant Lui est particulièrement ardu et terrible ?
« Père, délivre-moi de cette heure ! » Prière de supplication qu’il nous est bon d’entendre quand l’avenir nous paraît trop lourd à porter !
« Mais non ! » Se ressaisit-t-Il aussitôt : « C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! Père, glorifie ton Nom ! ». Que signifie « glorifier» ? Dans notre langue, cela signifie : Honorer, exalter quelqu’un en proclamant ses mérites. Dans la Bible, en hébreu, le mot gloire, kâvôd est de la même racine que kâvêd qui signifie lourd ; autrement dit, la gloire est identifiée à la renommée, à ce qui fonde le renom, lui donne du poids.
Jésus et arrivé à cette heure où Il s’offre à perdre sa vie pour l’accomplissement de l’œuvre qui glorifiera le Père en manifestant son amour infini pour le monde, Lui qui a renoncé à Sa Toute-Puissance en n’intervenant pas pour empêcher la mort infâme de Son Fils.
Le Fils peut alors affirmer : « Et moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes ».
Les grecs voulaient voir Jésus. Ils pourront le voir sur la croix et tenter de comprendre jusqu’où Lui et Son père nous ont aimés pour qu’à notre tour nous le fassions aussi.
Avec nos catéchumènes, suivons ce Seigneur qui nous fait entrer dans la vraie vie, celle qui ne déçoit pas, qui a vaincu la mort et nous fait entrer dès à présent dans la vie éternelle.
AMEN
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