HOMÉLIE 32ème Dimanche Ordinaire Année C, Luc 20, 27-38.
6 Novembre 2022
Pour prendre en défaut Jésus sur son enseignement, des Sadducéens, qui prétendent qu’il n’y a pas de résurrection, viennent Lui présenter un scénario pittoresque et sournois, ressemblant à un cas d’école destiné à montrer les aberrations de la croyance en la résurrection.
“Qu’y a-t-il après la mort ?” Ce n’est pas une question anodine puisque tout le monde se la pose depuis les débuts de l’humanité : Que reste-t-il de nos amours, de nos liens d’affections, de ce que chacun a vécu d’unique ? Question qui est revenue en ce temps où nous avons évoqué nos défunts.
De tout temps, on a recherché les mots et les images capables de représenter la vie après la mort. Toutes les civilisations de l’Antiquité l’on fait : égyptiens, babyloniens, grecs, romains, sans compter celles d’Extrême Orient, et aujourd’hui encore, se font jour régulièrement des doctrines sur la réincarnation, bien différentes de celles du Bouddhisme. Aucune n’a évité la tentation d’imaginer une vie après la mort à l’identique de la nôtre. Les Sadducéens n’y échappent pas non plus.
Jésus va présenter sa propre conception de la résurrection. Tout d’abord, Il affirme la différence radicale entre la vie terrestre et la vie nouvelle dont on hérite en ressuscitant. Dans ce monde ci, les humains engendrent et meurent. La sexualité assure la survie de l’espèce. En ressuscitant, on ne connaît plus la mort : plus besoin de procréer : “Ils sont semblables aux anges ”. Cette expression signifie que la résurrection des morts n’est pas un retour à la vie terrestre, mais une nouvelle création. On ne peut l’imaginer puisque nous n’avons pas de modèle, si ce n’est le Christ. Notre résurrection sera donc une transformation radicale de notre être humain qui nous fait naître à la condition céleste, celle des anges et met les êtres humains en présence du Dieu vivant, comme le sont eux-mêmes les anges.
Est-ce à dire que les liens qui nous ont unis dans cette vie terrestre n’existeront plus ? Tout l’Évangile dit le contraire puisque ce que nous faisons, et donc toutes les relations d’amour que nous vivons maintenant, nous accompagne dans le Royaume où triomphe l’amour, comme Jésus nous l’a montré en ressuscitant. Et donc, bien sûr, les relations d’amour conjugal, parental, filial ou amical. Mais elles seront vécues autrement.
Jésus ajoute à cette présentation de la résurrection un recours au texte de la Loi, que ses adversaires ne contestent pas. Si vous dites que Dieu ne s’intéresse qu’aux vivants et qu’il se désintéresse des morts, comment se fait-il que Moïse lui-même, au buisson ardent, dans le Sinaï, appelle le Seigneur le “Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob” ? C’est qu’à ses yeux, ils sont vivants ! Ils sont, bien que morts, appelés à une vie éternelle auprès de Lui. Moïse fait référence à l’Alliance que Dieu a faite avec ces patriarches ainsi qu’aux promesses qu’Il leur a données de veiller sur leur descendance. Dieu est fidèle à sa Parole et rien, pas même la mort, ne peut empêcher cette fidélité. Il en va de sa crédibilité : oui ou non, est-il un Dieu juste qui rend justice ? “Il n’est pas le Dieu des morts mais bien des vivants : tous vivent en effet pour Lui”.
Jésus confirme donc la foi profonde et héroïque des sept frères Martyrs d’Israël qui a été exprimée dans la première lecture de ce jour. Elle n’est pas qu’une idée. Jésus Lui-même en sa personne a vécu la mort et la résurrection. Celle-ci a été constatée par nombre de témoins, des Apôtres jusqu’aux cinq cent frères réunis, comme le rapporte St Paul dans sa 1ère Lettre aux Corinthiens, ch.15.
Ainsi, les hommes qui aiment vraiment et se donnent au service de leurs frères, se conduisent, consciemment ou inconsciemment, selon la loi divine de l’amour fraternel. Ils portent en eux le germe de la vie nouvelle.
Préparons-nous, comme eux, à “ne pas mourir” mais à marcher vers cette joie merveilleuse des vivants : leur gloire est d’avoir, comme Jésus et avec Lui, triomphé de la mort par le don d’eux-mêmes. C’est ce que nous allons célébrer maintenant dans cette Eucharistie, mémorial de Sa mort et de Sa résurrection, qu’Il a inauguré pour tous.
AMEN !
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