HOMÉLIE 4ème Dimanche de Pâques Jn 10, 27-30 –
8 Mai 2022.
« Jésus, Agneau et Pasteur »
Avez-vous remarqué dans les textes liturgiques de ce Dimanche, deux images qui présentent Jésus-Christ. L’apocalypse le présente comme l’Agneau qui a donné son sang et l’évangile de Jean révélant Jésus Lui-même se présentant comme le Pasteur qui connait ses brebis. Y aurait-il contradiction entre ces deux images ?
L’Apocalypse nous donne déjà une réponse, puisque le texte que nous venons d’entendre dit explicitement : « … L’Agneau qui se tient au milieu du Trône sera leur Pasteur pour les conduire vers les eaux de la source de vie ».
Les images bibliques, si elles peuvent apparaître déroutantes et même opposées, sont là pour nous aider à approcher la riche réalité des situations ou des personnes. Elles ne fonctionnent pas en : « Ou Jésus est l’Agneau, ou Il est le Pasteur » mais « Jésus est à la fois l’Agneau et le Pasteur ».
Comment ? Le Christ est l’Agneau Pascal qui, selon la foi juive, rachète les hommes au prix de son sang ; Il est aussi le Serviteur de Yahvé, agneau muet qui va au sacrifice, dans le livre d’Isaïe (Is 53). (Agneau d’ailleurs dans la langue du Christ, qui est l’araméen, se dit "Talya" qui signifie également serviteur). Jésus n’a-t-Il pas vécu sa Passion comme ce Serviteur ? N’est-il pas mort au moment où l’on sacrifiait l’Agneau Pascal ?
Mais Il est aussi, en grec, kalos, kaloV poimhn (Jn 10,11) : le Bon/Beau Pasteur, puisque tout son être de Fils ainsi que son union au Père, (« le Père et moi, nous sommes UN ») (Jn 10,30), fait qu’Il guide le troupeau vers ce qui le nourrit, le désaltère. Le Bon, le vrai pasteur n’est pas pasteur pour lui-même, mais pour son troupeau et parce qu’Il est uni à Celui qui est à l’origine de toute vie, le Père, Il donne vie.
Ainsi doit-il en être de ceux que l’Église, au nom du Christ, a appelés comme pasteurs. Ils ont à être tellement unis au Christ qu’ils sont aussi agneaux offerts. Ils donnent leur vie pour leur troupeau ; Ils connaissent les membres de ce troupeau, en prennent soin, le conduisent vers ce qui est vital. Ils restent toujours en union avec le seul Pasteur, Jésus-Christ. C’est cela qui permet de discerner une vocation presbytérale parmi bien d’autres appels non moins nécessaires au peuple de Dieu, mais qui n’est pas la prise en charge du troupeau, comme il est demandé au Pape, à l’évêque ou au prêtre.
Mais comment discerner un appel de Dieu à ce ministère presbytéral?
La première condition me semble la plus nécessaire : faire taire les bruits extérieurs, images, idéologies ou modes qui nous rendent étrangers à nous-mêmes pour trouver un silence habité où rencontrer Dieu. Ce silence nous fait voir l’essentiel, c'est-à-dire le dessein de Celui qui nous a fait venir à la vie parce qu’Il nous aime et qu’Il est fidèle. Alors naît l’envie, non seulement de ne plus Le quitter, mais de le faire connaître à d’autres.
Et puis, bien sûr, il est absolument nécessaire de s’en remettre aux personnes dont la charge est de discerner les capacités à exercer un tel ministère presbytéral.
C’est donc avec une immense humilité et la conscience aigüe de ne rien pouvoir faire sans Lui qu’un homme peut envisager de s’engager à répondre et à vivre son appel.
Prions pour tous ceux qui y ont répondu.
Prions pour ceux qui pensent y répondre.
Prions pour favoriser l’accueil de tels appels dans nos familles et autour de nous.
Remercions le Seigneur d’en avoir jugés dignes malgré leurs limites et leurs faiblesses.
Enfin, aidons-nous à prendre des moments de silence où nous rentrons en nous-mêmes pour entendre sa voix et peut-être aussi un appel à une autre vocation au service du peuple de Dieu.
AMEN !
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