HOMELIE 5ème Dimanche CARÊME. B – Jn 12,30-33
21 Mars 2021.
« Amen, Amen, je vous le dis, si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit » Jn 12,21
En une simple image inspirée de la nature, Jésus nous introduit dans le sens profond de sa vie et de toute la dynamique baptismale : être avec Lui, plongé dans la mort à tout ce qui nous défigure et renaître à la vie du souffle de l’Esprit qui nous configure à Lui. Alors, notre humanité est élevée au rang d’enfants du Père.
C’est évidemment à contre-sens de nos réflexes naturels et de ce que nous propose le monde. Mais qu’est-ce que vouloir sauver sa vie si ce n’est servir le « Moi d’abord ! » ou le « chacun pour soi » ? Celui qui se comporte ainsi ne risque t-il pas, au bout du compte, de “rester seul” ? N’est-il pas déjà mort ? Perdre sa vie, ne serait-ce pas, au contraire, tenir compte des autres en se détachant du superficiel, de l’accessoire pour accepter de donner de sa vie pour que d’autres vivent ? N’est-ce pas déjà commencer à vivre en plénitude ? « Nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie parce que nous aimons nos frères » 1 Jn 3,14.
Est-ce parce que c’est si peu naturel, si difficile à accepter que Jésus est soudain bouleversé ? Est-ce parce qu’Il pense qu’Il ne sera pas compris que le découragement le gagne ? Est-ce enfin parce que le chemin qui se dessine devant Lui est particulièrement ardu et terrible ?
« Père, délivre-moi de cette heure ! » Prière de supplication qu’il nous est bon d’entendre quand l’avenir nous paraît trop lourd à porter !
« Mais non ! » Se ressaisit-t-Il aussitôt : « C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! Père, glorifie ton Nom ! ». Que signifie « glorifier» ? Dans notre langue, cela signifie : Honorer, exalter, quelqu’un en proclamant ses mérites. Dans la Bible, en hébreu, le mot kâvôd est de la même racine que kâvêd qui signifie lourd ; autrement dit, la gloire n’est pas la gloriole mais ce qui donne du poids, de la densité, de la consistance et donc qui fonde le renom.
Et comment ? C’est en manifestant, par Son propre Fils, que le Père renonce à Sa Toute puissance : ne manifeste-t-Il pas Son amour infini, Lui qui accepte la mort infâme de Son Fils sur la croix, par le supplice le plus cruel et le plus humiliant qui conduit à la fin ? Le Fils peut alors affirmer : « Et moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes »
Les grecs voulaient voir Jésus. Ils pourront le voir sur la croix et tenter de comprendre jusqu’où Il nous a aimés pour qu’à notre tour nous le fassions aussi. Voici ce qu’écrit le pape François à propos de St Joseph, dans sa lettre apostolique "Patris corde" (avec un cœur de père).
« Le bonheur de Joseph n’est pas dans la logique du sacrifice de soi, mais du don de soi. On ne perçoit jamais en cet homme de la frustration, mais seulement de la confiance. Son silence persistant ne contient pas de plaintes mais toujours des gestes de confiance. Le monde a besoin de pères, il refuse les chefs, il refuse celui qui veut utiliser la possession de l’autre pour remplir son propre vide ; il refuse ceux qui confondent autorité et autoritarisme, service avec servilité, confrontation avec oppression, charité avec assistanat, force avec destruction. Toute vraie vocation naît du don de soi qui est la maturation du simple sacrifice. Ce type de maturité est demandé même dans le sacerdoce et dans la vie consacrée. Là où une vocation matrimoniale, célibataire ou virginale n’arrive pas à maturation du don de soi en s’arrêtant seulement à la logique du sacrifice, alors, au lieu de faire signe de la beauté et de la joie de l’amour elle risque d’exprimer malheur, tristesse et frustration. »
Alors, cela est-il impossible pour l’homme ? C’est au tour de Jésus de nous regarder, dans St Marc, après la rencontre avec l’homme riche, Mc 10, 27 : « Fixant sur eux son regard, Jésus dit : “Aux hommes, c’est impossible, mais pas à Dieu, car tout est possible à Dieu ! » Alors, demandons-Lui la force de Lui faire confiance et de nous donner avec Lui.
Avec nos catéchumènes, suivons ce Seigneur qui nous fait entrer dans la vraie vie, celle qui ne déçoit pas, qui a vaincu la mort et nous fait entrer dès à présent dans la vie éternelle.
AMEN
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire