HOMELIE 3ème Dimanche CARÊME. B - Jn 2,13-25
7 Mars 2021.
« Jésus chasse les vendeurs du Temple »
Une colère de Jésus ! Une sainte colère ! Quel sens donner à cette attitude du Christ ? Déception ? Dépit ? Irascibilité ? Tristesse immense ?
Elle est d’abord un geste prophétique comme le rappelle
l’Évangile de Jean lui-même, par la citation de Jérémie : Jr 7, 11 « A vos yeux, est-ce un repaire de brigands, ce Temple qui porte mon nom ? Moi, en tout cas, je vois clair, oracle de Yahvé! » Et celle de Zacharie, dans la finale de son livre : Za 14, « … et il n'y aura plus de marchand dans la maison de Yahvé Sabaot, en ce jour-là »
Jésus pose des gestes annoncés par les prophètes quelques siècles auparavant, qui étaient consignés dans l’Écriture. Cette réalisation des prophéties va permettre aux disciples de croire à un autre signe, que seule la foi peut reconnaître comme signe, car il n’est pas visible : c’est la résurrection de Jésus. Jésus l’annonce de façon énigmatique : Jn 2, 19 : « Jésus leur répondit: "Détruisez ce sanctuaire et en trois jours je le relèverai."(egerô) » v.21 « Mais lui parlait du sanctuaire de son corps. » Il y a en effet un jeu de mot qui n’apparaît pas dans le texte en français, mais dans l’original grec : v.22 : « Aussi, quand Il ressuscita d'entre les morts,… » Se dit mot à mot : « Aussi, quand il fut relevé d'entre les morts… » . Jésus non seulement accomplit les prophéties qui annonçaient le Messie, mais il donne, de son vivant, une prophétie qu’Il accomplit Lui-même. En cela, Il rend digne de foi l’Écriture et Lui-même se révèle digne de foi.
Cependant, il ne s’agit pas ici d’une démonstration au terme de laquelle nous devrions adhérer sans hésitation : la réalisation des prophéties confirme le sérieux de l’Écriture et la solidité des paroles dites. Mais elles ne constituent pas une preuve, car les prophéties sont toujours sujettes à interprétation pour laisser le champ à la liberté de chacun d’accueillir ou de refuser celui qui professe ces paroles. Il est évident de constater que, malgré toutes les prophéties qui annoncent le Messie, beaucoup de juifs n’ont pas cru.
Or la résurrection de Jésus n’est pas une preuve. Elle n’est pas publique. La croix de Jésus est publique, visible, historique et personne ne la nie. Sa résurrection, elle, n’est donnée qu’à des témoins, certes dignes de foi et dont la plupart donneront leur vie pour en témoigner, mais elle échappe au constat de l’histoire. Seuls les témoins sont bien historiques. Le nouveau sanctuaire dont parle Jésus, son Corps ressuscité, est bien "relevé" pour ceux qui croient en Lui et à l’Écriture, le monde de la foi, monde invisible de Dieu. Car si nous avons à annoncer un “messie crucifié”, qui dit au monde entier à quel point nos conduites par pensées, par paroles, par actions et par omissions peuvent être meurtrières, folles et dérisoires, nous avons aussi à annoncer ce "relèvement" de Jésus, sa résurrection, qui illumine notre condition humaine blessée par la mort pour nous faire entrer dans un monde renouvelé par son amour et le don de Lui-même.
Voilà qui justifie la sainte colère de Jésus contre tous les trafics qui bornent notre horizon aux affaires de ce monde et les médias nous en abreuvent tous les jours : ils occultent l’espérance de la vie nouvelle inaugurée par Jésus Mais il y a aussi, et ils sont nombreux, les engagements, initiatives, services et témoignages fondés dès maintenant sur l’amour, comme ce voyage du pape François en Irak auprès de populations si profondément blessées, désunies et démunies face à leur avenir. Prions le Seigneur pour eux tous et pour qu'Il ouvre nos cœurs et nos intelligences à la foi en ce Dieu d’amour,
AMEN !
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