HOMELIE 4ème Dimanche Carême. A. « L’aveugle-né »
Jn 9, 1-41
22 Mars 2020
«…Vous êtes devenus lumière » Ep 5,8.
Dans ce récit magnifique, Jean présente toute une palette de
réactions de personnes devant un signe extraordinaire que Jésus a opéré quelque
temps avant sa mort et sa résurrection, la guérison d’un aveugle de naissance.
Nous avons le personnage central, cet aveugle rencontré par Jésus
sur son passage. Lorsqu’on lui demande qui est celui qui l’a guéri, l’aveugle parle
d’abord de “l’homme qu’on appelle Jésus” ;
puis, il le désigne comme un “prophète”
en le qualifiant comme “l’homme qui
vient de Dieu”. Enfin, il le reconnaît comme “le Seigneur”. Au début du récit, d’une ignorance totale de Jésus,
il va jusqu’à professer sa foi en Lui ; d’une situation d’aveugle de
naissance qui vient de guérir, il dit : « Maintenant, je vois »v.25 [voir
avec ses yeux de chair blepô, en grec, mais plus loin, lorsque Jésus
lui demande s’il croit au Fils de l’Homme, il s’entend dire de sa part : « Tu l’as vu »v.36 [voir dans le sens
de comprendre : eôrakas,en grec(de orao->ophtalmo), Il comprend alors que
celui qui est devant lui est Dieu, et il se prosterne devant Lui.
Il y a ensuite les
pharisiens que ce signe miraculeux de la guérison d’un aveugle-né contrarie
parce qu’il a été accompli le jour du
Sabbat. Dans leur conception étriquée de la Torah, ils ne “voient”
pas ; ils oublient que Dieu a donné la Torah à Moïse pour libérer les
hommes de toute forme de servitude. Malgré les dires de l’aveugle-né, malgré
leur enquête auprès des témoins et des parents de l’aveugle, ils refusent
l’évidence et s’enfoncent de plus en plus dans leur aveuglement : leur
péché demeure !
Je ne dis rien de l’entourage de l’aveugle qui s’interroge, mais ne
se mouille pas devant le risque d’être exclu de la Synagogue.
Enfin, il y a les Apôtres.
Jésus va également leur ouvrir les yeux. Le récit commence par leur question,
reflétant la croyance (qui se manifeste encore de nos jours) selon laquelle les
maladies, les accidents, les malheurs seraient les fruits du péché. « Qui
a péché : lui ou ses parents ? » demandent les Apôtres. « Ni
lui, ni ses parents ! » Répond Jésus de façon claire et
nette. A cette fausse conception qui laisse penser que Dieu punit les mauvais
et récompense les bons, et donc que s’il y a punition, il y a eu nécessairement
faute, Jésus va modifier leur image de Dieu. A la place d’un Dieu vengeur et
punisseur, il présente un Dieu qui sauve les hommes : « L’action de Dieu devait se
manifester en lui » v.3. Jésus réalise ce projet, par un geste
symbolique, faisant de la boue avec sa salive (cela ne vous évoque-t-il pas
Dieu façonnant Adam à partir de la terre “adamah” (en hébreu). Il va comme recréer
sa créature blessée, mais plus encore la faire accéder à la foi en son
créateur-sauveur.
« Il
nous faut réaliser l’action de Celui qui m’a envoyé » v.4.
Remarquez que Jésus dit “nous”
s’adressant à ses Apôtres et les associe à sa tâche. Voilà bien la mission que
Jésus nous confie aujourd’hui encore : éclairer de notre foi tous ceux que
Jésus met sur notre “passage”. Préparations aux sacrements, aux obsèques,
catéchèse à tous âges, parcours DECOUVERTE, équipes bibliques et autres équipes
diverses et tant d’initiatives personnelles ne sont-elles pas autant de réponse
à cette vocation que nous avons reçu au Baptême, que les premiers chrétiens
appelaient également “illumination” ?
Dieu
a éclairé le prophète Samuel dans sa patiente recherche d’un nouveau roi
succédant à Saül : « Dieu ne regarde pas comme les hommes,
car les hommes regardent l’apparence, mais le Seigneur regarde le cœur »
(1 S 16, 7).
Aujourd’hui la lumière, nous la recevons du Christ-Jésus, comme le
rappelait St Paul dans la 2ème lecture (Ep 5,8-14).
Combien il nous est nécessaire, “renonçant aux activités des
ténèbres”, (Ep 5,11) de nous tourner vers Jésus : de contempler et
de s’imprégner de son comportement, de ses Paroles ; puis dans un appel
inlassable à l’Esprit-Saint, nous laisser guider, jour après jour, dans nos
projets, nos comportements, nos paroles, afin d’être lumière à notre tour,
particulièrement en cette période de crise et d’attente.
AMEN !
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